25mai 09
Comment jugez-vous la première partie de la campagne électorale ?
Je suis assez stupéfait d'entendre les généralités égrainées tant par l'UMP que par le PS. Ils font, l'un et l'autre, des promesses incompatibles avec le Traité de Lisbonne qu'ils veulent voir ratifier. Par exemple, l'UMP, je cite, veut « combler le fossé qui existe entre les Etats en matière de norme sociale commune ». Sauf que l'harmonisation sociale est interdite par le Traité de Lisbonne ! Quant au PS, il dit qu'il faut changer de majorité pour chasser les libéraux. Pourtant, il vote presque tout le temps avec eux au Parlement européen. Il l'a fait, par exemple, pour la directive sur la dérégulation du marché de l'énergie. Et le MoDem ! Lui, il prétend limiter la libre circulation des capitaux et instaurer une taxe de type Tobin… C'est intéressant… surtout si l'on se souvient que les députés du Modem ont voté contre la taxe Tobin et que le Traité de Lisbonne interdit toute restriction aux mouvements de capitaux. Tout cela, c'est un l'enfumage généralisé! Cela interdit un débat sérieux entre des gens responsables. Je comprends que l'on puisse être libéral, mais je ne comprends pas qu'on ne l'assume pas. De la même façon, je comprends que l'on soit favorable au Traité de Lisbonne, mais je n'admet pas qu'on le dissimule.
Mais vous, que proposez-vous ?
Tout d'abord, nous voulons que soit respecté le vote des Français qui ont rejeté en 2005 le Traité constitutionnel. Nous les appelons donc à voter contre les partis qui, eux, le soutiennent. Ensuite, comme homme de gauche, face à la crise, j'estime essentiel de mettre en place un bouclier social. Nous devons harmoniser les différentes législations sociales des pays de l'Union afin de rendre impossible le dumping social. Cette proposition seuls peuvent la faire sans se moquer du monde ceux qui s'opposent au traité de Lisbonne. Le troisième point essentiel est la volonté d'indépendance de l'Europe à l'égard des Etats-Unis. Enfin, il est fondamental que l'Europe soit indépendante vis a vis des Etats Unis! Stop a l'intégration militaire avec eux. Et dans le domaine économique, aussi, nous sommes contre la création du « grand marché unique transatlantique » dérégulé qu'a décidé le Parlement européen. Si les libéraux du PPE et les socialistes du PSE, qui ont voté ce texte, l'assumaient aujourd'hui, nous pourrions avoir un vrai débat sur l'avenir de l'Europe.
Le PS et l'UMP c'est donc bonnet blanc et blanc bonnet ?
Non, bien sûr. Mais en ce qui concerne l'Europe l'un et l'autre interprètent ici une comédie. Ils ont des postures d'opposition, et, dès qu'ils sont au Parlement européen, ils s'entendent comme d'habitude: ils cogèrent le Parlement mais également la Commission européenne.
Vous ne critiquez pas le NPA d'Olivier Besancenot. C'est un oubli ou c'est volontaire ?
J'évite! Je constate que l'autre gauche dépasse dans les intentions de vote les 15%. C'est beaucoup. Cela montre que nous pourrions être devant le PS, si nous étions unis. Hélas, nous ne le sommes pas, en dépit de tous les efforts effectués par le Front de Gauche. J'espère que les électeurs vont nominé la gauche unitaire plutôt que la gauche solitaire. C'est l'enjeux pour l'avenir de la gauche.
Le PS appelle au vote utile. Que lui répondez-vous ?
C'est la première fois que le PS a une attitude aussi sectaire. Vincent Peillon a même dit que ce serait une aide pour Nicolas Sarkozy!… Leur calcul électoral est faux. Par exemple, en Île-de-France, si l'on tient compte des intentions de vote actuelles et que l'on effectue une projection, on se rend compte qu'il y a un siège qui reviendra soit à l'UMP soit au Front de Gauche. Le vote utile dans ce cas de figure est le vote en faveur du Front de Gauche. De toutes façons, nous aurons de nombreuses voix d'électeurs du PS car, nous, nous sommes en cohérence avec leur rejet du Traité constitutionnel. Et puis, les gens veulent sanctionner les querelles d'ego de la rue de Solferino. Enfin, en votant pour nous, les électeurs de gauche ont une garantie contre les tentations d'alliance au centre.
Propos recueillis par Renaud CZARNES