22août 07

Interview de Jean-Luc Mélenchon par Eric Hacquemand parue dans Le Parisien du 22 août 2007

Sénateur socialiste de l’Essonne et figure de l’aile gauche du parti, Jean-Luc Mélenchon, qui publie aux Éditions Balland « En quête de gauche », a décidé de ne pas se rendre aux universités d’été du PS, prévues à La Rochelle (Charente-Maritime) du 31 août au 2 septembre.

Pourquoi n’irez-vous pas cette année à La Rochelle ?

Il faudrait être masochiste pour s’y rendre : ce n’est plus du tout un moment de retrouvailles entre socialistes, mais une cérémonie mondaine à usage personnel du premier secrétaire. La rentrée collective du PS est désormais éclatée entre les fêtes concurrentes des uns et des autres. C’est une belle illustration de notre situation : depuis notre lourde défaite à la présidentielle, nous sommes réduits à une compétition d’ego et à une bouillie intellectuelle sur le thème de la rénovation. Marre de tout cela !

Pourtant, le débat s’intensifie sur l’avenir du PS !

C’est de la pure agitation. Ni l’orientation politique impulsée par François Hollande ni la campagne de Ségolène Royal ne sont réellement mises en cause. L’un comme l’autre esquivent la question centrale : jamais le pays n’a été aussi riche, mais jamais autant de gens n’ont été dans la gêne. De quoi parle le PS pendant ce temps-là ? D’attrape-nigauds, comme la rénovation par l’âge du capitaine… ou le choix entre les éléphants et les lionceaux.

Ségolène annonce qu’elle prépare son autocritique…

Elle est la bienvenue si c’est un document qui permet une vraie discussion sur l’orientation de sa campagne. Mais je n’y crois pas. Si l’autocritique se résume à des règlements de comptes avec le parti et à faire passer ses dirigeants pour des traîtres, ce serait même une farce.

La riposte du PS à la politique de Nicolas Sarkozy vous semble-t-elle à la hauteur ?

Elle est très superficielle. La bataille parlementaire a été menée, mais le parti, lui, est resté aux abonnés absents. Chaque fois qu’il faut mettre en cause la politique de classe de Sarkozy, le PS semble embarrassé. On en fait plus sur les infirmières bulgares que sur le « paquet fiscal ». Sarkozy y va sans hésitation, mais François Hollande en reste aux pleurnicheries bon chic bon genre.



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