13mar 11

Japon, Maghreb, parlement européen, corbeau socialiste

Tremblements et stupeurs

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L es tremblements de terre dévastateurs comme celui du Japon sont davantage que des évènements catastrophiques d’un jour particulier. Ce sont des dates dans l’histoire humaine d’ensemble et dans celle des prises de conscience collectives. Le moment de notre histoire sollicite notre intelligence alors même que les marchands de sottises font tant de tapage. Dans cette note il est question de la catastrophe au Japon, des révolutions du Maghreb, de divers votes intéressants au parlement européen. Et du rôle dégoutant de certains socialistes dans le colportage de rumeurs calomnieuses. Des tremblements aux stupeurs. In cauda vénénum, en quelque sorte. En cas de difficultés à comprendre le latin, vous savez qui consulter, pas vrai ?

Le tremblement de terre de Lisbonne au dix huitième siècle relança d’une façon incroyable la controverse sur la validité des "Lumières". La ville avait été entièrement détruite. Toutes les explications obscurantistes au phénomène firent alors florès. On colporta que c’était la malédiction de la comète, la punition de Dieu. Tant de sottises mirent en scène, parmi les élites, la puissance du raisonnement des philosophes qui tenaient à distance ces interprétations abrutissantes. D’un mal affreux vint, en ce sens, un bien. Une prise de conscience de ce qu’un mode d’explication du monde venait de mourir du fait même de son absurdité. Va-t-il en être de même aujourd’hui. En tous cas, il faut y travailler.  

L'unité du genre humain est prouvée par la catastrophe au Japon. Et aussi la domination des forces physiques de la nature quand elles se déploient. Si l’histoire humaine est celle de son effort pour maitriser ces forces, alors ce que nous venons de vivre signale une impasse. Notre modèle de développement fixe au mauvais endroit ses priorités. Au lieu de s’organiser face à l’inéluctable pour le préparer et le maitriser, il se donne des finalités de court terme qui ignorent le futur. Les tremblements de terre sont inéluctables. Les raz de marée qui vont avec le sont tout autant. On ne sait ni quand ils vont intervenir, ni quelle ampleur ils auront. Mais on est certains qu’ils auront lieu. Reconnaissons que les japonais ont anticipé les évènements.  Et nous ? Est-ce que nous faisons de même ?

Nous nous sentons tous solidaires des victimes de cette catastrophe. L’instinct humain parle juste. La maison du pauvre est engloutie comme celle du riche. L’un et l’autre, même s’ils en réchappent, soit l’un soit l’autre, perdent famille, voisins et amis en même temps. A cette heure, l’idée que les êtres humains sont semblables est la plus forte. Et ce sentiment balaie tous les miasmes du racisme et de la morgue sociale. L’intérêt général humain explose à la conscience de l’esprit le plus buté. Ce sentiment est plein de politique. Il nous enseigne qu’il n’y a qu’un écosystème humain. Il nous dit qu’il existe bien un intérêt général humain. Il nous rappelle que les humains sont semblables et égaux en droits face aux malheurs qui les frappent. Et puis chacun voit bien que ce n’est pas le marché qui va permettre de faire face au désastre, mais la solidarité et l’Etat. Devant le défi le plus profond lancé à la condition humaine, la bonne réponse s’appuie sur le raisonnement de gauche. 

Nous devons aussi en tirer des leçons pour notre propre pays. D’abord constatons qu’une population collectivement éduquée aux risques y fait face mieux que dans l’imprévoyance et l’impréparation. Les japonais ont été incroyablement disciplinés et pleins de sang froid. Ce n’est pas une disposition génétique ! C’est une qualité acquise par l’éducation et la préparation collective. L’implication populaire dans ce domaine comme dans tous les autres est la clef de tout. A quoi sommes nous préparés ici en France ? Ensuite, ferons-nous cette fois-ci le constat qu’une politique conséquente face aux catastrophes naturelles doit être planifiée de longue date ? La planification écologique ne fait-elle pas la preuve de son absolue nécessité dans cette circonstance ? En premier lieu la démonstration est faite que la sortie du nucléaire est une option du débat concret et non pas seulement une simple doctrine alternative.  

N’importe où une telle catastrophe aura lieu, elle sera doublée d’un désastre nucléaire qui impliquera toute la planète, tous les êtres humains. Dans notre écosystème perturbé par le productivisme nous serons tous des japonais un jour où l’autre. Chez nous en France il y a cinquante huit centrales nucléaires contre cinquante quatre au japon. Alors que nous sommes deux fois moins nombreux. Nous sommes le seul pays au monde qui a installé un réacteur nucléaire en amont de la capitale et sur le bord du fleuve dont elle tire son eau d’usage. Je vous informe qu’en cas de problème la solution prévue est d’ouvrir le barrage de l’Aube comme une chasse d’eau pour envoyer toute la pollution dans la Manche et de capter l’eau de la capitale dans la marne ! Chez nous l’industrie nucléaire est concentrée dans la vallée du Rhône où se trouve également l’essentiel de l’industrie chimique du pays. Dois-je évoquer le risque que fait peser la privatisation progressive d’EDF et ses obsessions financières devenues prioritaires ? Ou celui de la privatisation de la sous-traitance notamment dans l’entretien des centrales ? Mon propos n’est pas d’effrayer. Juste de dire que le moment est venu de se rendre compte de la réalité. Juste d’y faire face, les yeux ouverts. La sortie du nucléaire ne se fera pas en un jour. Raison de plus pour s’y mettre dès maintenant sans plus tarder. Peut-être verra-t-on d’une manière moins amusée dans nos milieux le petit film présenté dans la vidéothèque de ce blog à propos de notre visite à la centrale géothermique de Soultz sous forêt.  

Je ne sais pas si ceux qui me lisent suivent avec attention chacun des évènements qui se déroulent en Tunisie et en Egypte. C’est pourtant une occasion tout à fait exceptionnelle dans une vie de s’instruire sur un phénomène qui n’est pas si courant sous nos latitudes : la révolution. Car sous nos yeux se déroule le processus d’une révolution telle qu’elle a lieu à l’ère moderne. C’est évidemment d’abord une bonne occasion de se débarrasser des images d’Epinal colportée par la droite et les gauchistes sur le thème du « grand soir », ou du « coup d’état révolutionnaire ». Une révolution populaire, celle qui fait du peuple, et non d’un parti ou d’une brigade, le sujet de l’histoire suit des parcours qu’il faut connaitre pour pouvoir les anticiper. La notre suivra le plan du livre « Qu’ils s’en aillent tous ». Non parce que je serais un voyant extra lucide ! Mais parce que, si brute que soit la force d’une révolution, elle suit des logiques de situations. Je prends, par provocation destinée à faire débat, cette introduction pour mettre la lumière sur le déroulé actuellement visible des évènements.

Tunisiens et Egyptiens ont commencé par le titre : « Qu’ils s’en aillent tous ». Traduction : « dégage ». Ils ont fait tomber de cette façon le tyran local en quelques semaines. Je n’y reviens pas. Puis les voici rendus à la deuxième étape, deuxième chapitre du livre : « la Constituante ». Dans les deux pays la convocation d’une telle assemblée est à l’ordre du jour. J’ai noté comment l’idée s’est ancrée comme une revendication. Pas à pas. De façon pragmatique. A mesure que les gens qui restaient en place où qui y arrivaient étaient identifiés comme des gens de l’ancien régime ou susceptible de ne pas faire la rupture attendue. L’épisode de la mise à sac des partis au pouvoir et des sièges de la police politique sont devenus des classiques sous toutes les latitudes. Attention, cet aspect est sans doute le plus redoutable pour l’ancien ordre et même le nouveau. Car les gens en mouvement se mettent ensuite à procéder eux-mêmes à l’interpellation des agents d’information et policiers secrets d’hier. Il faut se réfèrer au modèle de base, pour cette phase de la révolution, qu’a été celle de 1974, au Portugal. Là, ce mouvement simple et libre de toute idéologie aboutit à décapiter presque toutes les directions d’entreprise et d’administration. On remplaça comme on pu, parfois même en votant pour élire les remplaçant.  

A cette phase « démocratique », et parfois en même temps, succède une phase sociale. Pour information, le troisième chapitre de mon livre s’intitule : « partage des richesses. »  Cette séquence est également commencée sur place. Occupations d’usine et manifestations pour les salaires ont lieu tous les jours. C’est normal. C’était le point de départ. La question de la démocratie n’a pas été posée dans le vide. Pas d’une manière idéologique. Mais d’une façon concrète. Pour résumer l’idée, on vire le tyran parce qu’il est incapable de régler les problèmes de base que l’on rencontre dans la vie quotidienne. En quelque sorte, c’est davantage son incapacité que sa tyrannie qui est en cause et qui donne le moteur de cette histoire. On veut de la démocratie pour pouvoir discuter librement des problèmes et les régler. Pas pour avoir aussi chez soi accès au cirque « démocratique » occidental. Car de toute façon, sur place ce cirque et sa vanité sont également bien connus grâce aux antennes satellites, et plus encore grâce aux binationaux. Un Tunisien ou un Egyptien n’est pas mort d’envie d’avoir le droit de mettre en place un Berlusconi ou un Sarkozy au pouvoir chez lui. Ce n’est tout simplement pas son problème.

Il se dit: "rien ne marche et s’il en est ainsi c’est parce qu’on ne peut parler de rien ni même protester, du fait que le tyran et sa famille profitent de cette pagaille et de notre misère. Virons le tyran pour pouvoir parler des problèmes!" Et pour les régler. Evidemment à chaque étape, la contre révolution est là. Plus ou moins forte. Et sa base sociale change à chaque étape. Ce sont d’abord les agents du premier cercle du pouvoir. Puis les sortants du système, au sens large, qui rusent ou font tirer attendant peureusement que « ça se calme ». Puis ce sont les puissants de l’économie et des diverses nomenclatures. Leur refrain : « maintenant, il faut reconstruire et pour cela il faut revenir au calme ». Chaque couche de contre révolutionnaires jette du lest croyant stabiliser la situation. Qu’elle y parvienne ou pas est l’enjeu du processus révolutionnaire. Autre observation. Chaque phase de la révolution se signale par des temps particuliers et des symboles. D’abord le nom du village de Sidi Bouzid, d’où part l’effet papillon en Tunisie. Puis il y a la phase « place Tahrir » comme en Egypte, et ainsi de suite, selon des rythmes et des modes de propagation différents à chaque étape et à chaque pays. Mais la matrice reste la même. A la façon avec laquelle, la percolation de l’eau dans la roche ou la propagation  d’un incendie dans une forêt, phénomènes qui paraissent relever de l’aléatoire le plus imprévisible suivent aussi des constantes.  

Mais on connait aussi les mécanismes qui sont capables de stopper la contagion. Il faut que la continuité du milieu en feu soit rompue. Diviser le mouvement est la règle de base de la contre révolution. Comment ? En activant des moyens de coupe feu situés en sous sol du terrain social visible. Dans la vie sociale, ce sont les différences antérieures à la vie civique et politique. « La race », la caste, la religion, l’ethnie. Ainsi voit-on Kadhafi activer les divergences tribales. Invisibles frontières entre les êtres. En Algérie c’est la vieille haine contre les kabyles qui est sollicitée. Ainsi voit-on dans une manifestation le docteur Saïd Saadi, président du RCD être menacé de mort, et quasi lynché par une équipe de gros bras sous contrat, au cri de « sale kabyle ». D’une certaine manière c’est la même chose que fait une Marine Le Pen en voulant opposer le très grand nombre des immigrés et de leurs enfants et petits enfants français à la masse d’un mythique peuple français « de souche ».  Révolution et contre révolution vont ensemble sur la même route, côte à côte. Le caractère "socialiste" d'une révolution n'en est qu'un des aspects possibles en cours de route, comme une transcroissance de son exigence démocratique. 

La Lybie est venue en débat pendant cette cession au parlement européen. En effet nous avions à nous prononcer sur une motion commune à tous les groupes en tant que tels. Sauf le groupe GUE, celui où je siège. En effet il n’est pas parvenu à un accord interne sur la ligne à suivre. Mais notre président de groupe, Lothar Byski, de "Die Linke", l’a signé. Cette résolution commune comportait un paragraphe, numéro 10 qui fit débat. Il propose en effet de se « tenir prêts » à l’application d’une « mesure d’exclusion de l’espace aérien libyen ». Ce point 10 faisait largement problème entre nous au groupe. Mais aussi dans les rangs de nos partis respectifs compte tenu de la gravité du sujet. Comme souvent dans ce genre de débat, les arguments respectifs sont très pointus et souvent contradictoirement convaincants. Il faut donc une solide boussole de principe pour répondre à la question posée. Pour ma part j’ai bien compris qu’il ne pouvait être question de décider tout seul.

J’ai donc beaucoup consulté, par téléphone. Au dernier moment. Car rien n’avait été prévu ni organisé en amont. J’ai fixé mon vote en accord avec la direction du PCF, celle de la Gauche Unitaire, et naturellement celle du Parti de gauche, notamment du bureau de sa Commission des relations internationales. Autant dire qu’il y a eu une intense activité de sms et de coups de téléphone. Pour faire comprendre notre position, je donne d’abord le texte exact du paragraphe concerné par cette affaire d’espace d’exclusion. Mieux vaut en effet débattre à partir de textes précis plutôt que par ouïe dire. Le voici dans la version officielle en langue française. 

Le parlement européen " invite la haute représentante et les États membres à se tenir prêts pour une décision du Conseil de sécurité concernant d'autres mesures, y compris la possibilité d'instaurer une zone d'exclusion aérienne pour empêcher le régime de prendre pour cible la population civile ; souligne que toute mesure émanant de l'Union et de ses États membres devrait être conforme à un mandat des Nations unies et se fonder sur une coordination avec la Ligue arabe et l'Union africaine, en encourageant ces deux organisations à guider les efforts internationaux". 

Il résulte de ceci que la décision d’exclusion de l’espace aérien ne sera pas prise par l’Union Européenne. Mais qu’elle s’y tient prête. A plus forte raison ne peut-elle l’être à l’initiative d’un de ses membres comme le propose monsieur Sarkozy. Si elle doit l’être ce sera par l’ONU en lien avec la Ligue Arabe et l’Organisation de l’Unité Africaine. C'est-à-dire par les organes institutionnels de la seule « communauté internationale » légitime. Avant de trancher sur ce point j’ai été vérifier auprès d’anglophones que l’utilisation du mot « should » était bien impérative comme je le comprenais et donc nullement conditionnel comme le serait « would ». Détail ? Non puisque c’est de là qu’est traduit dans la version française que les décisions « devrait » être conforme à un mandat de l’ONU. Dans ces conditions j’ai voté pour la résolution et le passage concerné, avec l’explication de vote que voici.

« J'ai voté pour le texte et les mesures proposées concernant l'espace aérien dans le but d'aider le peuple en action contre le tyran qui le bombarde. Mon vote s'entend dans le strict cadre suivant : tout acte de guerre comme la création d'une zone d'exclusion aérienne ne peut être décidée que par l'ONU et exclusivement par elle. Cette action doit être placée sous l'autorité du commandement militaire de l'ONU et lui seulement. Toute décision doit être prise en concertation avec l'organisation de l'Union Africaine et de la Ligue arabe. Je m'oppose formellement à l'idée états-unienne de bombardement préventif et à l'intervention de l'OTAN. Tout autre développement nécessiterait un autre texte et d'autres dispositions. » Mes deux dernières phrases sont des réserves que je voulais marquer contre une exploitation de ce vote pour justifier des actes d’escalade militaire dont je connais parfaitement le risque.

Mon vote a ses objectifs. Le premier est d’aider concrètement la révolution libyenne. Pour cela il faut aussi compter sur l’effet de pression pour un départ qui s’exerce sur Kadhafi et ses sbires à mesure que son isolement international s’accroit et que cet isolement prend la forme d’une menace. Deuxièmement, et c’est tout aussi important, parce que ce texte fait de l’ONU et des organisations internationales légitimes les protagonistes directs de l’action. Tous mes votes précédents, dans le passé, contre les guerres avaient le même motif. Ils furent émis par opposition à ce fait que rien ne fut jamais décidé par l’ONU mais par l’OTAN. L’ONU est représentative de toutes les nations du monde. L’OTAN est une alliance politico militaire autour des Etats Unis d’Amérique qui la dirige d’après leurs intérêts d’empire. J’ai toujours dit que, dans ce cas, quand la décision était prise par l’OTAN, le remède serait pire que le mal. Cela ne s’est démenti nulle part. Que ce soit en Irak, dans le Kosovo serbe ou en Afghanistan. Voyez le bilan.

L’ordre international établi dans ces conditions est d’abord l’ordre des américains. Tel fut le cas de la première guerre du Golfe dont le secrétaire général de l’ONU à l’époque déclara qu’elle n’était pas « légale ». Tel fut le cas de l’intervention en Serbie. Absolument contraire au droit international puisque faite sans mandat de l’ONU dans un pays membre de l’assemblée et pour le scissionner. Quand à l’invasion de l’Afghanistan elle fut faite à l’initiative de l’OTAN, de nouveau. Certes, l’ONU reconnu aux USA un « droit de légitime défense ». Mais rien ne prouva jamais que ce fut à bon escient. En effet les USA n’ont jamais donné, ni chercher à donner la preuve, que c’était bien d’Afghanistan qu’était parti l’organisation de l’attentat du onze septembre. Il est vrai que sur dix neuf personnes arrêtées, onze étaient saoudiennes !  

Les autres débats de la session furent tous lourdement déprimants. Il y a eu maints bavardages dans un hémicycle vide sur la « journée de la femme ». Et aussi  diverses distributions de fleurs à l’entrée et à la sortie de l’hémicycle, dont le sens politique m’échappe. Puis on finit par voter un texte plein de bonnes intentions. Cette « résolution » sur les femmes, est une nouvelle illustration de la méthode détestable typique de l'Union Européenne. Elle consiste à pourrir des barils de miel de bonnes intentions avec une incontournable cuillère de goudron antisocial qui gâche le tout. Qui veut l’un devrait avaler l’autre. Ici, côté miel, le rapport "invite la Commission, le Conseil et les États membres à préférer, dans le domaine de l'égalité hommes-femmes, les propositions contraignantes aux stratégies et déclarations politiques non contraignantes". Ou encore  il " insiste sur le fait que les femmes doivent avoir le contrôle de leurs droits sexuels et reproductifs, notamment grâce à un accès aisé à la contraception et à l'avortement". Bel et bon. Mais au détour d’une phrase il faut avaler mine de rien qu’il « est urgent d'activer le potentiel des femmes et d'accroître leur taux d'activité afin d'assurer l'emploi à 75 % de la population de 20 à 64 ans comme le prévoit la stratégie Europe -2020".  C’est le côté goudron. Il s'agit d'avaler l'abandon de la retraite à 60 ans. Et plus loin le potage se corse avec l’affirmation de l'idée que "la famille est le fondement de la société" là où les progressistes disent que c'est le citoyen et la loi qui en est la base. J’ai donc voté contre. Mais je suis lassé de ces ruses grossières pour me pousser à me dédire de mes convictions. 

“La bonne gouvernance fiscale”, le rapport de madame Joly relève de la même méthode de la cuillère de goudron dans le baril de miel. Ce rapport déposé au nom des Verts et des libéraux est certes un document sans valeur législative. Donc sans application. C’est une proclamation, en quelque sorte. Mais quand même ! Ce n’est pas une raison pour mélanger aussi bizarrement le meilleur et le pire. Voyez plutôt. Le côté positif n’est pas négligeable. On y trouve un bon réquisitoire contre les paradis fiscaux et le peu de moyens mis dans la lutte contre leur existence. Le rapport a aussi le mérite de dénoncer la TVA dénoncée comme « système régressif de la fiscalité. » On peut aussi féliciter l’expression de nobles intentions comme la demande expresse que " les multinationales paient leur juste part des impôts". Du coup j’aurais pu l’avaler en dépit de son insigne faiblesse dans la critique des accords de partenariat économique (APE) qui sont la plaie des pays du sud, des pousse à l’émigration de première importance. La rapporteure se contente de reprocher à la libéralisation des échanges en général des pertes de recettes douanières difficiles  à gérer pour les pays  pauvres et l'absence de propositions concrètes de la Commission en la matière. C’est maigre, très maigre.

Mais je ne veux pas vous donner l’impression de jeter sournoisement des pierres. Je salue le fait que ce rapport s'inquiète à trois reprises de la préservation des services publics. Et qu’il se préoccupe aussi de la spéculation sur "la dette des pays en développement" par les hedges funds dits "vautours" et demande que leurs "structures soient rendues publiques à l'échelle internationale pour permettre de les identifier et d'interdire leurs activité". Et encore qu’il réclame le respect du "droit souverain des pays en développement d'imposer les revenus du capital comme moyen d'étendre l'assiette de l'impôt" et indique que " les pays à bas revenus doivent avoir les moyens de négocier efficacement avec les multinationales afin d'obtenir une part équitable de leurs bénéfices", ce qui ne mange pas de pain. Bravo au fait d’annoncer que : " les entreprises multinationales doivent déclarer leurs revenus et les taxes payées pays par pays" et demande "la mise en place d'obligations d’information financière pays par pays pour les sociétés transnationales, portant également sur les bénéfices, avant et après impôts". Et bravo enfin à la demande "de sanctions, contre l'évasion fiscale et la fuite illicite des capitaux". Ce n’est pas tout. Il y avait aussi mieux, beaucoup mieux.  

Le clou du rapport Joly c’était la demande la mise en place d'une taxe sur les transactions financières "dont le produit devrait améliorer le fonctionnement des marchés en faisant reculer la spéculation et contribuer à financer les biens publics mondiaux tels que le développement et la lutte contre le changement climatique, et réduire les déficits publics". Immédiatement s’est répandue la rumeur savamment orchestrée que le parlement européen avait à voter sur la taxe Tobin à l’initiative du groupe Vert. Beau comme de l’antique. Les observateurs vigilants notèrent mon vote contre et une seconde rumeur s’orchestra tout aussitôt colportée par de vrais et faux naïfs qui ont aussitôt poussé leurs cris de deuil : « tellement déçuuuuu ! ». Avant que j’aie réalisé une fois de plus la grosse quatremérisation en cours, la rumeur avait fait son office. Tout juste puis je demander à mes propres amis de garder leur sang froid et de cesser de croire que le parlement européen d’une part et les médias de l’autre sont une cours de récréation avec des petits chenapans tellement mignons.  C’est l’arène partout avec des gens qui se tiennent par la barbichette. Lobbyistes, journalistes relégués mais inamovibles, parlementaires, tous se tiennent par d’amples zones d’intimités, ou dogmatiques ou les deux à la fois. 

Si j’agissais avec la même grossièreté que mes agents de rumeur je dénoncerai ce que les votants du texte ont voté en même temps que la demande d’une taxe sur les transactions volontaires.  Quoi ? Une paille pour un progressiste. Le rapport prône « la renonciation aux nationalisations et renationalisations ». Imaginons que j’ai voté ça sous prétexte de taxe Tobin ! Quel cortège de gémissants aurait aussitôt embouché ses trompettes : « tellement déçuuuuuuu ! ». Sans oublier tous les gardiens du temple : « Mélenchon tombe le masque de la social trahison ». Et ainsi de suite. Non vraiment je ne pouvais pas voter ça ! Je me suis contenté de voter en faveur du passage du texte sur la taxe. Mes colporteurs de rumeurs oublient de le dire, cela va de soi. Mais j’ai voté contre le texte dans son ensemble.

Je l’ai fait avec plaisir, en plus. Oui je l’avoue, je n’ai pas voulu renier mon adhésion à l’idée de nationalisation et de renationalisation. Et j’ai détesté le ton condescendant envers les "pays en développement" tout au long du texte du rapport. Et notamment lorsqu’il s’agit de "les aider à exploiter plus efficacement les échanges d'informations et à mieux lutter contre la fraude fiscale au moyen de leur propre législation nationale ". J’ai adoré voter contre un texte qui fait l’apologie des « partenariats public-privé » que je combats dans mon pays.  J’ai été très satisfait de ne pas soutenir un texte qui se prévaut du G20 tout au long du texte et va jusqu'à le citer comme autorité avant même l'ONU. J’ai été très content de ne pas me compter parmi ceux qui ont mis en avant l'OCDE en déclarant qu’elle devrait poursuivre son étude de faisabilité sur l'élaboration des informations financières par pays, et en rendre compte en 2011 au G20 et aux Nations unies".  Et enfin je suis fier de ne pas avoir voté que les Accords de Partenariat Economiques (APE) "auront des effets positifs" même si ceux-ci "ne se feront sentir qu'à moyen et long terme" ! Incroyable ! Et comme je suis, moi, un bon camarade, je ne dénigre pas les autres parce qu’ils ne m’ont pas suivi dans mon vote. Je me permets juste de leur dire que c’est cher payé que de renoncer à tout cela en échange d’une vague demande de taxe sans aucune portée contraignante. 

Comme j’en suis aux rumeurs malveillantes, je signale que continue à circuler un mail qui prétend détailler mes prétendus revenus. Je suis crédité de 20 000 euros mensuels doublés de mes revenus de sénateurs et de diverses retraites et autres « avantages ». Bien sûr, rien de tout cela ne tient debout. Le cumul du mandat de député et de sénateur est impossible. Je ne touche aucune retraite ni de sénateur ni au titre des emplois que j’ai occupés avant mon élection. L’expéditeur du message se nomme « marine2012 ». Bref cela sent clairement le gros facho ou bien l’UMP filou. C’est ce que je croyais. Jusqu’à ce qu’un camarade des Yvelines reçoive le dit mail par l’intermédiaire d’une liste de diffusion à l’initiative d’une dirigeante départementale du PS. 

Aussitôt mes amis sur place, dans les Yvelines, ont réagi sur leur propre liste de diffusion. Voici le texte du message à nos adhérents et aux sympathisants socialistes connus de nous. C’est Pierre Dejean le Co-secrétaire du comité du parti de Gauche dans les Yvelines qui en a pris l’initiative. « Bonjour, c'est le cœur plein de tristesse que je vous envoie ce message. Je viens de recevoir, par rebonds successifs, un courriel qui aurait été émis par Dominique Francesconi et dont le sujet est libellé "Sacré Meluche". A ce courriel, est joint un document qui circule depuis quelques jours, de boite postale électronique en boite postale électronique. Ce document, typique de l'extrême-droite, est une attaque du plus bas étage qui soit (quoique l'on puisse toujours faire pire) et bien entendu mensongère. La cible en est Jean-Luc Mélenchon en particulier. Il y fait référence sur son blog dans son billet du 02 mars, mais aussi l'ensemble des parlementaires de la République. Une simple lecture attentive de ce document suffit à le discréditer. Les mandats de député européen et de sénateur sont incompatibles. Comment Jean-Luc Mélenchon ferait-il pour les cumuler ? Je laisse à chacun le soin d'étudier le reste de ce qui est écrit. C'est bien connu, les parlementaires se la coulent douce. Ils ne savent pas ce que c'est le travail. Certes il n'y a pas de pointeuse ni à l'Assemblée ni au Sénat. Mais qui s'est intéressé peu ou prou à la fonction de parlementaire sait bien tout le travail quotidien de ces élus, souvent week-end compris. Cela n'oblige pas à approuver leur politique, mais c'est justement là qu'il y a place pour le débat. Avant d'être parlementaire, il faut aussi subsister et nombre d'entre eux connaissent aussi ce qu'est le travail salarié. Au cas particulier de Jean-Luc Mélenchon, il a été élu sénateur à 35 ans, âge minimum légal pour cette élection. Il fût, cette année là, le plus jeune sénateur de France. Avant, il avait été quelques années directeur de cabinet du maire de Massy. Encore avant il était journaliste pigiste : travailleur précaire pour ceux qui n'ont pas compris."

"Oui, j'ai le cœur triste. Que l'extrême-droite diffuse de tels textes, après tout c'est l'extrême-droite. Que ces textes soient repris et diffusés par une adhérente du Parti Socialiste, qui plus est candidate remplaçante dans le canton de Guerville, secrétaire de section et secrétaire fédérale, est quelque chose qui blesse la gauche toute entière. Après la déclaration de Jean-Paul Huchon disant que Mélenchon est pire que Le Pen on peut se demander jusqu'où ira la dérive. Une lettre de protestation va être envoyée à la fédération du Parti Socialiste. Cordialement. Pierre Déjean Co-secrétaire du Parti de Gauche dans les Yvelines."

Aussitôt une lettre a été envoyée à la fédération socialiste des Yvelines  c’est à dire à Estelle Rhodes, première secrétaire fédérale. Voici le texte de mes amis. « Chère camarade, j'ai récemment été informé de la diffusion, à un nombre de personnes que j'espère restreint, d'un document calomniateur à l'égard de Jean-Luc Mélenchon, co-président national du Parti de Gauche. Ce document d'origine d'extrême-droite n'aurait pas justifié que je t'interpelle, s'il n'avait été repris par une militante socialiste, en l'occurrence Dominique Francesconi. Qui plus est, à ma connaissance, cette adhérente est secrétaire de section et secrétaire fédérale, donc une des cadres du Parti Socialiste. Au nom du Parti de Gauche et des principes qui nous animent, je tiens à élever la plus vive protestation contre la diffusion de ce document. Je te remercie de dénoncer de tels agissements et de me communiquer les mesures que tu vas prendre pour éviter à l'avenir la diffusion de documents d'extrême-droite par des adhérents du Parti Socialiste. Amitiés de gauche." Pierre Dejean

Et maintenant voici la réponse de celle qui diffusait la calomnie, Dominique Francesconi. En résumé : « c’était pour votre bien ». Lisez vous-même « Bonjour, Je pense qu'il y a eu une confusion sur l'envoi de ce message. Ce message était adressé aux militants sur le terrain, accompagné d'un commentaire appelant à la vigilance contre toutes les attaques de l'extrême droite à l'encontre de toute la gauche. Ce n'est pas plus M. MELANCHON qui est visé par ce type de message qui circule sur le net, que Mme AUBRY ou M. BLEVIN. Dans ma démarche c'est une alerte à la diffamation, on savait que la campagne serait dure face à une extrême droite arrogante. » Dominique Francesconi.  

Au moment de voter, au premier et au deuxième tour, notamment dans le canton de Guerville, chacun se souviendra j’espère de tout cela. Rappelons aussi que la fédération PS des Yvelines c’est celle de Jean Paul Huchon. Celui qui prétend que je suis pire que Le Pen. Sur cette base peut-on être surpris de voir des secrétaires départementaux de cette fédération diffuser des calomnies d’extrême droite. Et avoir l’arrogance de nous prendre ensuite pour des imbéciles en disant que c’était pour notre bien ? Drôle de gauche que celle-là ! On ne peut pas lui faire confiance. 

Comme je l’avais fait la première fois en vous signalant la diffusion de ce mail, je vous enjoins, mes  amis, de savoir vous-même ne rien laisser passer. Cet incident me fait penser qu’en réalité ce n’est peut-être pas l’extrême droite qui a lancé ce mail mais des membres du PS. En effet la réponse pleine de mauvaise foi de cette responsable socialiste a un étrange parfum de coup tordu. Une nouvelle fois je vous propose une citation sur le sujet qui vous permet de constater que le danger de la calomnie et ses formes sont connus de longue date. A présent ce sera à Beaumarchais que sera donnée la parole.

« La calomnie ! Monsieur, vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés ; croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y prenant bien…. D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage…. telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. »


284 commentaires à “Tremblements et stupeurs”
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  1. Jonathan L. dit :

    Sympathique référence (peut-être involontaire) à un de mes auteur préféré: A. Nothomb. Espérons malgré tout qu'un tel présage ne s'éternise pas même s'il me semble éclairé.

    Je n'ai rien à ajouter à votre article si ce n'est que j'admire de plus en plus votre courage et votre détermination qui fait résonner la mienne...il est tentant de devenir manichéen lorsqu'en plus de ne pas voir le bien commun, quand bien même ce serait involontaire et inconscient, certains s'y opposent.

    Persévérez

  2. Meligh dit :

    J'attendais une réaction nécessaire face à ce qui se passe au Japon. Et je pense que les conclusions sont les bonnes.
    Ne soyons pas seulement désolé pour ces pauvres Japonais tout en étant étonné par leur grand sang froid et leur organisation. Bien sur il faut l'être mais il faut aller au delà de ça, en tirer des conclusions, en faire un argument, et c'est ce qui est dit. Bravo.
    Le reste sur l'Europe est un éclaircissement qui, en son absence, nous ferait passer l'Europe pour un paradis humaniste. Mais le miel mélangé au goudron devient du fiel.

  3. Encore une fois merci et bravo tant pour l'analyse des évènements dramatiques au Japon, et ce n'est hélàs pas fini que pour le compte-rendu de ce qui se passe sous l'égide de l'Europe. Et bien-sûr pour le soutien aux peuples du Maghreb, qui eux, ont pris leurs destins en mains. Quant à la rumeur, il n'existe rien de plus pernicieux, de plus bas. Elle enfle avec la méchanceté et la bétise humaine.
    Courage Jean-Luc, continuez nous sommes à vos cotés.

  4. BECQ dit :

    "Calomniez, calomniez. Il en restera toujours quelque chose..." De calomnie en calomnie on finira peut-être par contempler cela de loin, calmement, surfant sur la vague. Peut-être. En tous cas, au fil des décennies j'ai fini par observer que tel ou telle qui m'était parfois fort mal dépeint(e) valait mieux dans une connaissance directe et personnelle. A qui profitait à chaque fois "le crime" de dénigrement? Cela m'a appris à "faire gaffe" et à chercher le plus possible à me forger mes propres opinions.
    Cela pour en arriver à ceci: j'aime lire une pensée politique ancrée dans le réel quotidien en action. Ce blog devient mon rendez-vous imposé, non comme si j'allais "à la messe" ou remplir ma besace argumentaire, mais comme viatique de réflexion et d'interrogation pour lire au jour le jour d'un regard multiple les faits d'actualité qui se présentent.
    Révolution du concret. Oui, c'est bel et bien de ce mécanisme que je sens le besoin. Changer les acteurs, changer les cadres, changer le cadre. Après, une Constituante? Oui, évidemment mais sous quelle forme et quelle méthodologie? Il ne s'agit pas de rédiger un brouet indigeste et lourd, inefficace et inapplicable. C'est le résultat que les crânes d'oeuf avaient obtenu avec leur prétendu "Traité Européen" qui n'était rien d'autre qu'un contrat de commerce étendu. Ce qui explique qu'un avocat d'affaires aux affaires l'ait fait repasser par une trahison.
    Le séisme au Japon est un séisme sur la planète Terre, pas réservé, hélas, à quelques centaines de milliers d'individus éloignés de nous autres. La catastrophe humanitaire et aussi nucléaire annoncée nous concerne toutes et tous inévitablement. J'aime lire votre raisonnement qui fait de notre humanité si diverse une unité de destinée. Cela devra compter au cours de la campagne présidentielle et aussi après.
    Enfin, mais pas conclusif: le temps que des décisions soient prises et mises en oeuvre, je crains que Kadafi n'ait repris la donne,...

  5. amel dit :

    Et les plumes ?
    Monsieur Mélenchon, faudrait y penser, de temps en temps, aux plumes...
    C'est élégant, sur le goudron, et ça vaut toutes les tartes à la crème du monde.
    Merci pour ce billet (attendu) qui répond bien à toutes mes préoccupations actuelles.
    La route va être longue, les peaux de banane vont fleurir un peu partout, mais je sais que vous tiendrez bon.
    Bon courage.

  6. pablito PG31 dit :

    Pour ceux qui se posent la question, la GUE a voté contre l'augmentation des frais pour les députés européens.

    Sinon bravo Jean-Luc, ton courage continue de m'impressionner et ta pédagogie de m'inspirer lorsque moi même, à mon petit niveau de militant de base, je dois me battre contre les idées reçues et les calomnies envers nous ou nos idées, qui viennent parfois des plus proches...

    A mercredi pour le meeting de Toulouse.

    Pablo

  7. William W. dit :

    Intéressant ! Mais je n'arrive pas à m'expliquer les raisons qui ont conduit finalement le GUE à ne pas voter pour la résolution du Parlement européen à propos de la Libye...Ce texte n'allait pas bien loin et n'engageait pas grand chose. Dans la mesure où il a été adopté, il apporte, et c'est bien la seule chose qu'il puisse faire, un soutien "moral" au peuple libyen. Dans ce cas, pourquoi hésiter ?

  8. Christian dit :

    Comment arriver à faire comprendre à nos concitoyens qu'il ne suffit pas d'être pour la sortie du nucléaire et pour l'alimentation bio pour être authentiquement écologiste ? Si on maintient comme la plupart des dirigeants d'Europe écologie la ligne libérale qui en est la cause, tout en voulant lutter contre ses effets, on est comme celui qui propose à son ami alcoolique de boire un coup avant de se faire opérer d'une cirrhose.

    Et aussi, comment faire comprendre à nos concitoyens que tant que nous resterons un pays riche, il y aura toujours de l'immigration, quelles que soient les mesures "social-nationalistes" prises pour leur supprimer toutes ces aides qu'on est censés leur distribuer au détriment des bons français et ce d'autant plus que le monde se précarise par la désolidarisation générale qu'implique l'idéologie libérale ? Prétendre résoudre les problèmes d'emploi et de sécurité en tapant sur les plus faibles du libéralisme mondialisé, sans rien faire pour soutenir les mouvements démocratiques des pays sortant de la dictature, est comme vouloir soigner une main blessée par des outils dangereux sans rien chercher à revoir concernant ces outils et en la coupant.

    C'est difficile à comprendre pour nos concitoyens qui croient majoritairement que les questions écologiques ne sont pas politiques ou encore qu'il y a trop d'immigrés en France.

  9. Bonsoir Jean-Luc,

    Je réagis en premier sur la calomnie, car j'ai été et je suis encore certainement calomnié régulièrement... Effectivement cela fait mal, et c'est un très bon réflexe de répondre très fermement à ceux qui utilisent la nuisance comme arme fourbe pour discréditer ceux qui ne cherchent qu'à bien faire à leur façon. Il faut une bonne dose d'abnégation et de capacité à canaliser sa colère pour que ceux qui utilisent la calomnie périssent par l'épée (politiquement bien sûr). Je suis content de voir que toi aussi tu as l'énergie et la patience nécessaires à mettre en lumière des pratiques odieuses qui abîment autant ceux qui les écoutent que ceux qui en sont l'objet. Mais cette mise en lumière est difficile et lente, et on ne se rend compte que tard de ce que sont capables de faire des gens qui se disent proches. Reçois ma solidarité d'expérience autant que d'amitié.

    Tenir à ses principes coûte souvent cher en apparence, je pense cette fois aussi au vote au Parlement. Les têtes de bois ont-elles raison de s'arcbouter contre l'évidence du vainqueur ? Ne sommes nous condamnés qu'à être des Cassandre sans pouvoir sur l'avenir ? Ce serait vrai si des dieux vengeurs avaient scellé notre destin, mais voilà, nous savons ouvrir des portes d'une épaule solide dans l'Histoire, et c'est la raison pour laquelle nous sommes des combattants fiers. Notre force est aussi dans ce que nous nous reconnaissons entre nous et que nous nous donnons le courage de tenir et d'avancer à nos postes respectifs. Seule la peur pourrait nous aveugler (et peut-être aussi des calomniateurs)

    A très bientôt,
    Blaise.

  10. Fred dit :

    Merci !

  11. bastille dit :

    « L'unité du genre humain est prouvée par la catastrophe au Japon. Et aussi la domination des forces physiques de la nature quand elles se déploient. »
    Approbation chaleureuse pour votre première phrase. Attention à ne pas glisser –involontairement- vers la Pachamama pour la seconde. Comme vous l’écrivez sur le tremblement de terre de Lisbonne, l’analyse, dans l’esprit des Lumières, doit être menée rationnellement sans craindre la conclusion.

    « Marine Le Pen en voulant opposer le très grand nombre aux immigrés et à leurs enfants et petits enfants français à la masse d’un mythique peuple français « de souche ».
    Je crains que cela ne soit plus compliqué et que nous ne gagnerons rien à enfourcher ce mauvais cheval introduit par la gauche devenue « morale » faute d’être sociale (SOS racisme par ex…).

    « Avant de trancher sur ce point j’ai été vérifier auprès d’anglophones que l’utilisation du mot « should » était bien impérative comme je le comprenais et donc nullement conditionnel comme le serait « would ». Détail ? Non »
    Difficile alors de comprendre vos propos relatifs à l’ergotage sur une virgule pour votre dernier congrès.

    « L’ordre international établi dans ces conditions est d’abord l’ordre des américains. Tel fut le cas de la première guerre du Golfe dont le secrétaire général de l’ONU à l’époque déclara qu’elle n’était pas « légale ».
    Sauf erreur de ma part, la première guerre du Golfe de 1990 a été déclenchée sous l’égide de l’ONU.

    La nécessaire discussion critique ne doit pas nous faire oublier d’une part les points d’accord et de l’autre l’honnêteté qui doit nous conduire à un devoir de soutien actif et complet sur vos pseudos revenus.

  12. Je trouve la situation en Lybie très inquiétante ; Kadhafi " progresse " partout grâce à ses armes lourdes. Même si l'ONU c'est mieux que rien, personnellement je ne crois pas à ses capacités à prendre en compte efficacement les intérêts supérieurs de l'Humanité, ni à celles de la " Communauté inter-nationale ".

    Il existe dans le monde toutes les forces disponibles pour aider le peuple libyen à faire face et à renverser un dictateur criminel. Quand l'ONU commencera à lever le peit doigt, le peuple libyen sera mort... Le système d'organisation du monde doit être repensé.

  13. Thalasrum dit :

    Le Japon, pays développé, modèle en matière de prévention contre les risques naturels vient à point nommé pour montrer la dangerosité du nucléaire et la nécessité d'une réflexion pour en sortir au plus vite.
    Non seulement, il n'existe pas d'indépendance énergétique, mais il est dangereux pour l'Humanité !

  14. Hugo Chavez dit :

    Libye : Le piège de l'ingérence humanitaire.

    Parmi tout les dictateurs d'Afrique, pourquoi choisit on Kadhafi ?

    Il bombarde la population (à vérifier), comme Israël bombardait le peuple de Gaza.

    Il s'enrichit sur le dos de son peuple (à vérifier), mais son pays a le plus haut Indice de Développement Humain de toute l'Afrique.

    Son peuple entre en révolution pour le destituer (à vérifier), curieusement les insurgés sont armés de batteries antiaériennes et sont d'avantage préoccupés par le bon fonctionnement des ports pétroliers que par la chute du régime.

    La véritable raison n'est elle pas que la Libye regorge de pétrole, et que son dirigeant n'est pas assez docile ?

    C'est à ce demander si Chavez et Castro n'ont pas vu juste...

  15. LAURET GILBERT dit :

    La planification écologique passera par la planification numérique car un peuple éduqué est mieux préparé à affronter l'avenir. Alors mettons nous au travail car la tâche est immense car celui qui détient le savoir à plus grande chance de détenir une parcelle de pouvoir. Voilà ma contribution à ce projet. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/paix-numetiques-90424#forum2848933

  16. @Hugo Chavez
    " Il bombarde la population (à vérifier)" - " Il s'enrichit sur le dos de son peuple (à vérifier)"

    Comment peut on à ce point ne tenir aucun compte des faits ? Renseignez vous, et si vous n'avez pas confiance dans les Etats, ce qui peut se comprendre, solllicitez les ONG : elles détiennent toutes les preuves des crimes contre son peuple d'un dictateur sanguinaire, qui pendant plus de 40 ans a règné par le terreur, la torture et l'humiliation.

    Ne mêlez pas Hugo Chavez à vos raisonnements. Il vit dans un contexte qui explique, sans l'excuser, sa prise de position sur la Lybie. Il est tout à fait estimable, mais il serait bien dangereux de réhabiliter le bon vieux culte de la personnalité qui a fait tant de mal à bien des causes justes. C'est un être humain et il peut se tromper. En tant que simple membre de base de l'Humanité et citoyen du monde, je considère qu'en l'occurrence, c'est le cas.

  17. toto dit :

    Les évènements se bousculent et nous bousculent au plan international et on en finirait presque par oublier ce qui ne doit pas cesser de nous préoccuper au plan intérieur.
    Ainsi nos amis naturels de la FASE nous interrogent et attendent depuis des mois une réponse pour faire évoluer le Front de Gauche. Il y a là une urgence alors que le paysage politique bousculé par le FN appelle un front uni sur des valeurs authentiquement de gauche. Réponse dans le prochain "papier" de Jean-Luc Mélenchon ?
    Texte à consulter: http://lafederation.org/images/stories/documents/executif/lettre_au_fdg_11mars2011.pdf

  18. Pulchérie D dit :

    Merci à Jean-Luc de sortir des débats franco-français et de nous permettre de considérer l’actualité internationale, qui est d’une rare gravité.
    Je me limite ici aux problèmes japonais et à leur retentissements sur la politique énergétique de nos pays européens occidentaux.
    Est-ce rationnel, ou bien tout simplement tristement opportuniste, de s’emparer des accidents nucléaires japonais pour assurer que de telles possibilités menacent les installations nucléaires de tous les pays ?
    Ce qui se passe sur le territoire nippon est-il transposable à la France ?
    Il faudrait qu’un géologue vienne confirmer ce que toute personne un peu cultivée croit connaître de la tectonique des plaques.
    Près du Japon, deux plaques continentales s’affrontent : à l’Ouest, la plaque Pacifique, à l’Est, la plaque eurasienne. Celle de l’Est se déplace en se glissant sous la plaque eurasienne ; le phénomène est inéluctable et des séismes catastrophiques, accompagnés de tsunamis doivent obligatoirement se produire. Les Japonais n’ont-ils pas été d’une grande imprudence en construisant autant de centrales atomiques alors que des secousses pouvant atteindret le niveau 9 devaient se produire ?
    Je demanderai au géologue occasionnel bienveillant de nous dire si, en Europe occidentale, nous sommes à la merci de tels affrontement de plaques.
    Une carte des tremblements de terre enregistrés en France figure sur le site :
    http://www.alertes-meteo.com/tremblement_de_terre/CarteBCSF_France8098.gif
    et montre qu'une seule région a enregistré un séisme dépassant 5, à l’est de Lyon.
    Je rappelle que l'échelle de Richter suit une courbe logarithmique.
    Voilà, je pense, comment il faut tenir compte de l’exemple japonais.

  19. plume de cib dit :

    bonjour,
    ça fait beaucoup trop de sujets à débattre pour un seul texte Monsieur Mélenchon. Je ne peux retenir que le thème du nucléaire. Vous vous prononcez pour sortir du Nucléaire. Merci à vous ! J'aimerais souligner à tous ceux qui vont traiter les écolos de méchants lobbyistes qu'ils se trompent de têtes de turc ! On ne dit rien contre les lobbies du nucléaire, du pharmaceutique, du chimique, mais on ridiculise ceux qui essaient d'ouvrir les yeux des gens sur leur avenir dans un univers totalement dégradé.
    C'est un mensonge de dire qu'on ne peut pas sortir du nucléaire. On le peut et même rapidement. Il y a les énergies vertes et alternatives, il y a le mode d'isolation thermique des habitations, il y a des pôles de recherches et d'innovation à créer, des études universitaires à lancer. Il y a surtout à prendre en compte toutes les innovations existantes qui sont délibérément empêchées de sortir des tiroirs.
    Quelqu'un sur ce site a rappelé d'ailleurs que le moteur à hydrogène existe et fonctionne très bien mais que Renault l'empereur Renault a décidé de l'empêcher d'exister. C'est tout ça qu'il faut balayer Monsieur Mélenchon. Le ménage n'est pas juste à faire au niveau du gouvernement. Nous voulons changer notre vie ! Dire que nous ne voulons pas modifier notre petit train de vie est un insupportable mensonge ! Chez moi, il fait déjà 14 ° en hiver ! Voilà, il y aurait trop de chose à dire comme je l'ai écrit, beaucoup à développer. Ces futures élections sont plus que capitales, non pas pour combattre le FN mais pour nous rendre notre dignité d'êtres humains. On ne veut pas faire des gosses qui soient traités comme du bétail industriel. Merci

  20. Christophe Thill dit :

    Oui, que faire quand les troupes khadafistes marchent vers Benghazi ? D'accord pour que l'OTAN ne mette pas ses pattes (pas très propres) là-dedans. Mais si rien n'est fait, nous aurons très bientôt une nouvelle Semaine sanglante doublée d'un exode massif de survivants.

  21. Louis st O dit :

    18 @Pulchérie D
    « Est-ce rationnel, ou bien tout simplement tristement opportuniste, de s’emparer des accidents nucléaires japonais pour assurer que de telles possibilités menacent les installations nucléaires de tous les pays ? »

    Vous avez très bien compris que Jean-Luc Mélenchon en montrant les accidents nucléaires japonais ne faisait pas le rapprochement entre le type d’accident mais entre l’accident lui-même qui peut arriver en France pour beaucoup d’autres raisons.
    Pour Tchernobyl, des personnes bien intentionnées nous ont aussi expliquées que ce n’était pas les mêmes types de réacteurs, qu’en France on ne risquait rien.
    Demain, lorsqu’il y aura un accident en France, dans un pays étranger, il y aura aussi quelqu’un pour dire « les centrales de notre pays ne sont pas de la même fabrication que les centrales françaises, nous, nous ne risquons rien !».
    Faut il ou pas sortir du Nucléaire ?

  22. franck dit :

    Bonjour Jean-Luc,

    Merci à toi pour ce nouveau billet. Pour ma part, je suis horrifié par la tournure des évènements en Lybie. Le peuple en arme est en train de se faire massacrer par l'armée de métier du dictateur.
    Je n'ose imaginer ce qui se passe dans les villes et les villages après que ceux-ci soient repris par les troupes de Khadaffi.
    Tu as mon soutien le plus total pour ton vote sur ce point au parlement européen.

  23. rosa Luxemburg dit :

    @plume de cib.
    Il n'y a pas actuellement d'alternative à notre mode de vie sans l'énergie nucléaire. Le photovoltaïque (c'est à ce jour une escroquerie), l'éolien est bien trop compliqué à mettre en place (il suffit de compter les"écologistes" qui s'y opposent). La seule alternative reste le gaz et le pétrole (mais alors nous dépendons encore plus des Saoudiens ou des Russes). L'importation d'Uranium est moins problématique (puisque nous avons cumulé plusieurs années de conso (et nous dépendons du Mali et du Canada).
    La seule alternative raisonnable est l'économie d'énergie mais alors il faut parler d'une alternative économique.
    Il faudra renoncer au "tout voiture", au "tout camion", au "Week-end au Maroc", au "courses du samedi à l'hypermarché", à la "viande bovine tous les repas".
    Peut-être que dans ce blog, beaucoup sont favorables à ces changements (comme moi) mais nous sommes, à priori, minoritaire dans notre pays (du point de vue électorale).

    P.S : le moteur à hydrogène, cela fonctionne depuis bien longtemps (mais le problème c'est l'hydrogène, actuellement son coût de production est rédhibitoire).

  24. turmel jm dit :

    Parfois je me sens un peu seul dans mes analyses et je doute. Puis, malheureusement la réalité vient quelque fois conforter mon raisonnement, mais de quelle manière. Mélenchon écrit au sujet de ce pauvre Japon : "que nous aussi nous devrions en titrer les leçons"
    De nombreux camarades sont en désaccord, lorsque je prétend qu'il faut s'orienter en France vers la sortie du nucléaire. Ils m'opposent comme garantie sécuritaire à se genre d'énergie, l'obligation de nationaliser, excluant toute participation du privé. Je dis ok, mais cela empêcherait-il tout risque de catastrophe dû à des phénomènes naturels ? Et que faisons nous des déchets avant que la science ne trouve une solution ? Mes camarades me semblent en retard, pire, dépassés dans leur réflexion strictement productiviste. En même temps, quelle énergie de remplacement ? A moins d'accepter une consommation différente venant transformer notre quotidien ? Un débat national s'impose sur ce sujet avec par la suite un référendum !

    Libye: J Luc nous dit : " il faut une solide boussole de principe pour répondre à la question"
    Oui mais attention. Sur ce principe un de mes amis réagit comme h chavez @ 14. Il remet en cause les documentaires des médiats. Il sait une seule chose c'est que, me dit il, Kadhafi est le seul dans la région à avoir résisté aux Américains, eu égard à leur politique et aux puits de pétrole ! C'est sa boussole de principe à lui.
    Là encore ok. Mais le peuple dans tout cela en profite il ? Et le combat anti impérialiste de Kadhafi justifie-t-il la mort de centaines, voir des milliers de personnes innocentes, qu'elles soient Libyennes ou occidentales ?
    Oui bien seul parfois au sein de mes camarades et amis qui, pour quelques uns sont les mêmes, je ne prétend pas avoir raison, mais en ce moment je trouve que je doute beaucoup c'est tout.

  25. jorie dit :

    Enfin quelques mots sur la pauvre Libye, j'en aurais pleuré de votre silence...un peu soulagée, mais attention, au nom du "grand satan américain", il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. En ce moment Khadafi reprend la main, ce qui veut dire une répression sanglante abominable contre le peuple. L'ONU, bloquée par les droits de véto des russes et des chinois, ne prendra jamais aucune résolution. Donc, exit le peuple Libyen... alors oui, j'ose le dire ici, pour une fois, je suis pour une intervention, ONU ou pas, non sur le sol, mais par l'exclusion des vols aériens et pour fournir des armes au peuple libyen. On n'a pas le droit de sacrifier cette population sous peine de faire comprendre aux autres que la contre-révolution est possible sans qu'on bouge... Drôle de clin d'oeil à tous les dictateurs du coin, vous savez bien, ils sont foutus si on ne les aide pas.
    Pour le nucléaire, je partage la vision de M.Mélenchon. On peut en sortir progressivement à condition d'investir à fond dans les centrales solaires et la géothermie (voir la centrale de Seville/Espagne). Jean-Luc, essayez d'avoir une ouverture dans les média de masse pour qu'on vous entende. Sur tous les blogs, tous les sites internet, j'essaie de dénoncer l'ostracisme politique dont vous, et nous tous, êtes victimes au profit du FN qui n'a jamais eu le bonheur d'une telle promotion politique et médiatique. Notre monde est complètement à la ramasse et le supplice du peuple japonais, avec tous les vautours spéculatifs, est loin d'être terminé. J'ai adhéré au pg pour le sens de la vérité, de l'ouverture, j'espère que vous ne nous trahirez jamais au nom d'une stratégie quelconque. Bien à vous.

  26. Descartes dit :

    @JLM

    Et aussi la domination des forces physiques de la nature quand elles se déploient. Si l’histoire humaine est celle de son effort pour maitriser ces forces, alors ce que nous venons de vivre signale une impasse.

    Vraiment ? Grâce aux "efforts pour maîtriser ces forces", on peut observer tout de même qu'un tremblement de terre de force 9 suivi d'un Tsunami historique se traduit en fin de comptes par une dizaine de milliers de morts et disparus. C'est bien de rappeler le débat sur le tremblement de terre de Lisbonne, mais il ne faudrait pas oublier qu'il avait fait plus de 50.000 morts... alors que la population totale était une fraction de celle affectée au Japon. Loin de voir une "impasse" de notre civilisation, l'homme de raison devrait voir dans les évènements du Japon la confirmation d'un immense succès.

    N’importe où une telle catastrophe aura lieu, elle sera doublée d’un désastre nucléaire qui impliquera toute la planète, tous les êtres humains.

    Faudrait tout de même raison garder. Le Tsunami japonais a détruit des centaines d'installations industrielles, dont un grand nombre contenant des produits toxiques, corrosifs, cancérigènes. Tous ces produits se retrouvent dans la nature... et cela ne semble préoccuper personne. Non, tout le monde a les yeux rivés sur trois réacteurs nucléaires. C'est curieux quand même de voir qu'un danger chimique massif est ignoré, alors qu'un risque somme toute très modéré (du moins jusqu'à maintenant) devient un "désastre impliquant toute la planète"...

    En premier lieu la démonstration est faite que la sortie du nucléaire est une option du débat concret et non pas seulement une simple doctrine alternative.

    Il est presque indécent d'utiliser un événement sur lequel on n'a finalement que peu d'informations pour tirer un crédit politique.

  27. Bruce dit :

    Le nucléaire fut une découverte immense et très enrichissante d'un point de vue scientifique. En effet, pour les passionnés et initiés à la physique, on comprend la dimension de telles recherches, qui ont mené à la découverte de la fission de l'atome et la réaction en chaîne. Le problème est que les grands cerveaux n'ont pas eu le temps de mesurer l'ampleur de leurs travaux et maîtriser leur effets, que d'autres, moins scrupuleux, ont rapidement vu d'autres intérêts, et ce au détriment de la sécurité. Je suis encore stupéfait de ces chercheurs qui ont su découvrir et développer une énergie d'une telle puissance. Nénamoins, le grand malheur de cet histoire est qu'il aurait fallu mener beaucoup plus d'études sur la maîtrise d'une telle énergie plutôt que de se focaliser uniquement sur son rendement au long cours. D'un point de vue militaire, certains diront l'énergie nucléaire a permis d'éviter bien des guerres...c'est aussi probable qu'improbable.
    A mon avis, il faut donc pour que l'on stoppe son utilisation tant que l'on ne sera inhibter la radioactivité dont la nocivité peut décimer toutes formes de vies pendant des siècles sur des territories gigantesques. On ne peut pas se permettre de prendre autant de risques en continuant à exploiter des centrales nucléaires dont on mesure peu à peu les faiblesses. Il faudrait également que les gens soient plus responsables pour limiter les besoins et consommations intuiles en électricité.

  28. Pulchérie D dit :

    @J-LM
    La Gauche internationale déconcertée

    La conduite à tenir face aux événements libyens semble devenir un casse-tête pour la gauche.

    Jean Bricmont, dont les positions ont toujours été claires devant les attaques de la Serbie, de l'Afghanistan, de l'Irak, devant l'impérialisme américain, devant le traité de Lisbonne, écrit notamment : "Contrairement à la gauche d’Amérique Latine la version pathétique gauche européenne a complètement perdu le sens de ce que cela veut dire de faire de la politique. Elle n’essaie pas de proposer des solutions concrètes aux problèmes et est seulement capable d’adopter des positions morales dénonçant en particulier de façon grandiloquente les dictateurs et les violations des droits de l’homme.".
    http://www.comite-valmy.org/spip.php?article1256

    Néanmoins, je n'ose imaginer ce qui se passerait si Khadafi reconquerrait toute la Libye.

  29. Lyendith dit :

    « Mais rien ne prouva jamais que ce fut à bon escient. En effet les USA n’ont jamais donné, ni chercher à donner la preuve, que c’était bien d’Afghanistan qu’était parti l’organisation de l’attentat du onze septembre. Il est vrai que sur dix neuf personnes arrêtées, onze étaient saoudiennes ! »

    Arrêtées non, vu qu'elles sont mortes, et identifiées on ne sait pas trop comment d'ailleurs (ah ces fameux passeports)... on peut aussi ajouter qu'à l'époque Ben Laden niait toute implication et que les Talibans avaient accepté de le livrer sous réserve de preuves.
    Mais merci de revenir là-dessus en tout cas, c'est toujours utile de rappeler que la guerre en Afghanistan n'a pas plus de fondement que celle en Irak.

    Concernant le Japon, ça me gène un peu de "récupérer" ce genre de tragédie comme un argument politique, mais en même temps on ne peut ignorer en effet le signal que cela nous envoie. Et comme le dit Mélenchon lui-même, on ne peut pas tout miser sur une lointaine et hypothétique maîtrise de la fusion nucléaire et faire comme si de rien n'était en attendant.

  30. Antoine dit :

    @Descartes

    Loin de voir une "impasse" de notre civilisation, l'homme de raison devrait voir dans les évènements du Japon la confirmation d'un immense succès.

    et plus loin...

    Le Tsunami japonais a détruit des centaines d'installations industrielles, dont un grand nombre contenant des produits toxiques, corrosifs, cancérigènes. [...] C'est curieux quand même de voir qu'un danger chimique massif est ignoré

    C'est donc ça, l'"immense succès" qui devrait être célébré par l'"homme de raison" ? Enlève un petit peu les oeillères...

  31. Née un 19-Août dit :

    @ Descartes (#26) :

    Comment peut-on parler "d'indécence à utiliser un événement pour tirer un crédit politique" ? JL Mélenchon ne fait que réfléchir et entraîner notre réflexion sur un sujet éminemment politique, à savoir le nucléaire, avec les choix de société qu'ils signifient : choix énergétiques, choix écologiques, choix économiques, etc.

    Je vis dans une région (le Sud-Est) où le risque sismique est avéré. Mais allez y parler de ce risque ! L'éducation et la préparation des populations sont des sujets tabous - faut pas faire fuir les touristes, vous comprenez, ma brav'dame ! (Comme si les touristes désertaient le Japon et la Californie, la Grèce et la Turquie, etc). Je ne parle pas du risque d'inondation et d'incendie de forêt que nous avons ici aussi, à force de construire n'importe où et n'importe comment. Je n'évoque pas Cadarache, construit sur une faille, plus à l'ouest par rapport à chez moi mais bon, pas si loin que ça non plus.

    Ce qui sauve les Japonais, c'est leur sang-froid extraordinaire, obtenu par leur préparation. Je n'ose même pas imaginer s'il ne devait arriver ici que le quart de ce type d'événement, dans une conurbation de plusieurs centaines de miliers d'habitants. Une population paniquée est d'abord un danger pour elle-même. Nous parlons d'éducation, c'est donc aussi un choix politique. Donc une question tout à fait légitime dont doivent s'emparer les citoyens et les politiques - les vrais, dignes de ce nom, comme JL Mélenchon. A moins que vous recommandiez de faire comme nos politicards sudistes ici, mettre la tête dans le sable, face à des événements susceptibles d'arriver ? Désolée, mais ce n'est pas ainsi qu'on résoud les problems ni qu'on élève l'intelligence des peuples. JL Mélenchon fait appel à notre intelligence, à notre réflexion - je l'en remercie. C'est bien plus honorable que de faire appel à la peur des uns et à la négligence des autres comme on le voit trop souvent hélas.

  32. kilobug dit :

    Article très intéressant comme toujours, mais je ne suis pas d'accord avec l'exploitation qui est faite de la catastrophe naturelle au Japon pour stigmatiser une fois de plus l'énergie nucléaire.

    Qu'est-ce qu'on voit au Japon ? Qu'après un séisme d'amplitude exceptionnelle (8.9) suivi très peu de temps après par un tsunami (l'un des phénomènes naturels les plus dévastateurs), soit le pire scénario possible, rien de grave n'a eu lieu. Aucune explosion nucléaire à la Tchernobyl. Pas de brèche dans le confinement du cœur. Des problèmes de surchauffes, des explosions dus à la combustion d'hydrogène, oui. Qui provoquent des rejets toxiques, certes. Mais rien de plus grave que ce qui peut se passer dans l'industrie chimique. On ne devrait plus fabriquer de plastique ou de panneaux solaires non plus, parce qu'en cas de catastrophe naturelle, ces usines peuvent polluer dangereusement l'environnement ?

    Surtout que la situation, en France, n'a rien à voir avec celle du Japon. Pas de séisme de 8.9 en France (et certainement pas là où sont les centrales), pas de tsunami possible.

    Le nucléaire a des défauts, mais c'est se tromper de priorité que de se focaliser dessus. L'urgence c'est de sortir de l'ère du pétrole, pas de sortir de l'ère du nucléaire. Une fois qu'on sera sorti de l'ère du pétrole, on pourra voir si on peut faire mieux encore. Et même là, la priorité sera plus sur le contrôle de l'industrie chimique, très fortement polluante, et sur le contrôle/recyclage des déchets, que sur le nucléaire.

  33. Descartes dit :

    @Née un 19 aout (#31)

    Comment peut-on parler "d'indécence à utiliser un événement pour tirer un crédit politique" ? JL Mélenchon ne fait que réfléchir et entraîner notre réflexion sur un sujet éminemment politique, à savoir le nucléaire,

    Je vois mal comment assener des affirmations comme si c'était des évidences peut aider à la "réflexion". Dans cette affaire, on tire d'un accident qui est en cours et sur lequel on n'a finalement que très peu d'informations fiables un prétexte pour réaffirmer ses préjugés. Ce n'est pas sérieux. Je rappelle d'ailleurs que des "fusions de coeur" dans un réacteur, nous en avons eu en France aussi (en 1969 et 1980, à Saint-Laurent des Eaux) et qu'avec plus de quarante ans de recul on peut dire que les effets sur les populations et l'environnement ont été nuls. Alors, quand je vois Jean-Luc Mélenchon participer sur ces sujets aux initiatives de "sortir du nucléaire", je me pose des questions. Il faut lire leur communiqué dans leur site: peut-on travailler avec des gens capables d'écrire que "l'absorption d'une seule particule de plutonium provoque le cancer du poumon" ? S'il s'agit de débattre sérieusement des risques que la société est prête à prendre, d'accord. S'il s'agit de manipuler les peurs des gens, alors ce sera sans moi.

    Ce qui sauve les Japonais, c'est leur sang-froid extraordinaire, obtenu par leur préparation.

    Et bien, je vais te rassurer: sur chaque centrale nucléaire, il y a des exercices de crise interne au moins quatre fois par an, plus un exercice "grandeur nature" (faisant intervenir les acteurs à l'échelon local et national) tous les deux ans et un grand exercice national par an sur l'ensemble du parc. Les gens qui habitent dans les périmètres de sécurité des installations reçoivent de l'information, des pastilles d'iode, et leurs enfants sont sensibilisés à l'école. Si seulement tous les risques étaient pris en compte au même niveau que le risque nucléaire...

  34. petit chouk dit :

    Revenons un petit peu à la personne de la CGT exclue par ses positions prises. J'ai bien lu votre billet et je ne comprends toujours pas votre arbitrage. [...] Mais cette position qui est la votre et celle de la CGT nous oblige à faire le parallèle entre les propos immonde de John Galliano licencié à juste titre de Dior. Le syndicaliste de la CGT aurait-il commis des faits aussi grave pour mériter d'être déchu. C'est en ces termes là que je comprends pas cette décision. J'ignore si je suis seul à penser comme cela mais cela m'a bien déçu. Vous avez bien fait de réagir, cela fait avancer la réflexion des français, mais suréagit peut-être.

    [...] Bien à vous.

  35. BLOCH dit :

    Au sujet du nucléaire, pourquoi se précipiter comme le font les "écolos" pour ajouter la peur aux peurs; peur des étrangers, peur des sorcières, peur des juifs qui mangent les enfants à Pâques,... dire que sortir du nucléaire est une option à mettre en débat oui mais pourquoi pas sortir de pétrole tiré des mers (catastrophe de la Louisiane !) Jusqu'à aujourdh'ui il y-a un risque et seulement un risque mais c'est vrai quel risque !
    Par contre, oui il faut éduquer aux risques, il faut en finir avec le secret du nucléaire comme de tous les sites SEVESO...

  36. jean ai marre dit :

    @ J-L Mélenchon :
    "" Nous nous sentons tous solidaires des victimes de cette catastrophe. L’instinct humain parle juste."

    Nous nous sentons solidaires car l'imagination n'a pas de frontières. N'est il pas indécent de vouloir rebondir, à l'instant, sur ce drame en épiloguant sur nos propres risques ?
    Je pense que notre pensée doit aller en premier vers ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu
    Et la question qui me vient à l'esprit, comment aider ? Comment s'approcher d'une zone contaminée ?

    Le reste est secondaire, important mais pas crucial au point de ne voir que nos hypothétiques risques.
    Commençons par tirer parti de nos malheurs. Commençons par être vigilant et draconien sur les risques que nous connaissons. Pour preuve, je pense habiter dans la même ville que Née un 19-Aoûtet je lui dirai: penses tu que l'on est à l'abri d'un effondrement de l'aéroport ? D'une catastrophe aérienne sur la baie des anges ?
    Quelle a été le civisme niçois lors de la catastrophe de Ferber ? Pourquoi des locaux sont encore bâtis sur le lit du paillon ?
    Tout commence à l'école de la république, le civisme, la sécurité collective et individuelle.

  37. Née un 19-Août dit :

    @ Descartes #33

    Il m'a semblé, mais peut-être ai-je mal lu, mal compris, le programme de JL Mélenchon. Il me semble qu"il prône la sortie du nucléaire depuis pas mal de temps. Il n'a pas attendu les derniers événements du Japon pour faire connaître son point de vue à ce propos. Non ?

    Je ne crois pas non plus que ce soit le style de la maison FdG/PG/Mélenchon d'utiliser la peur pour faire réagir nos concitoyens. JL Mélenchon respecte bien trop son lectorat pour nous prendre pour des moutons stupides et affolés. Je pense que c'est plutôt le genre de la maison ultra-libérale de l'UMP et le PS et du FN. Si je devais me sentir manipulée par la peur sur ce blog, je ne serais même pas là pour y écrire un mot de commentaire.

    C'est bien du rapport risque/bénéfice pour une population dont il s'agit. C'est une question autrement bien trop sérieuse pour la laisser à quelques soit-disant experts sans impliquer la population qui est la première concernée en terme de risque sinon de bénéfice.

    Concernant votre dernier paragraphe : vous ne m'avez pas lu tout à fait, je le crains. Je n'évoquais pas que le risque nucléaire, mais bien les risques de catastrophe (surtout naturelle, dans ma région) et l'état d'impréparation de la population du Sud-Est notamment face au risque sismique. J'y habite, je sais de quoi il en retourne. Je n'ose même pas imaginer comment on ferait ici s'il devait arriver un tremblement de terre important - ce qui est bien le problem. Et encore, j'ai de la chance : je sais ce qu'il faut faire en cas de tremblement de terre vu que j'y ai été sensibilisée quand je travaillais dans les gratte-ciels monégasques chez les Anglo-Saxons.

    En 1986, nous avons été la région de France la plus touchée par le nuage de Tchernobyl mais c'est vrai, le nuage n'avait pas de visa d'entrée et il n'était pas alors entré en France... et nos champignons du Mercantour n'ont jamais été aussi savoureux qu'avec un bon assaisonnement au Césium 137 et autres...

  38. jean ai marre dit :

    @ Descartes,

    Tu n'as pas modifié ton appréciation depuis le temps ou ici on parle de nucléaire.
    Si je peux me permettre je dirais que tu occultes dans ton raisonnement les causes induites.
    Les causes induites par les catastrophes sont souvent déclassées à cause de leur coût.
    Au Japon ce n'est pas le local qui s'effondre, mais c'est le refroidissement qui ne se fait pas.
    Groupes de secours inondés, lignes électriques défaillantes, plus d'approvisionnement en fuel pour faire tourner les groupes, et surtout comment approcher pour réparer ?

  39. Cronos dit :

    Quand on me parle de "nucléaire" et que l'on y joint le mot "Japon", il n'y a qu'une seule image qui me vienne à la mémoire celle d'Hiroshima et de Nagasaki, inutile de parler du nombre des morts pour être horrifié par la connerie humaine, et là le désastre n'avait rien de naturel, voilà la grandeur des hommes, pour moi le nucléaire représente le génie du mal par excellence, et en faire un débat et d'une ineptie totale ; tout ce qui touche de près ou de loin à la fission nucléaire doit être stoppé et interdit sans autre forme de procès dans le monde entier, et par pitié qu'aucun ne vienne me dire mais le médical, et l'électricité … quel médical ? l'électricité, faites fonctionner les centre de recherche ils sont payé pour cela, ils trouveront, c'est leur fonction, et renationaliser vite EDF et mettez Proglio dehors.

    En premier lieu la démonstration est faite que la sortie du nucléaire est une option du débat concret et non pas seulement une simple doctrine alternative.

    Je trouve personnellement qu'il est déplorable d'utiliser une telle catastrophe à des fins d'analyses politiques d'où que vienne le débat, d'abord c'est le "raz de marée" suite au tremblement de terre qui en sont les causes nullement les centrales nucléaires qui ne sont que des conséquences, et l'homme tout aussi prévoyant qu'il soit au travers d'une écologie raisonnée programmée ou de toute autre appellation, ne pourra jamais maîtriser les éléments naturels, sauf à s'y soustraire en s'en éloignant le plus possible.

  40. Née un 19-Août dit :

    Salut jean ai marre !

    Ravie de lire un autre Sudiste ici ! Je ne suis pas très loin de Nice, mais je suis d'accord avec toi concernant l'aéroport, une catastrophe aérienne dans la Baie des Anges, les constructions dans le lit de nos rivières, etc. Je suis tout à fait d'accord avec toi que rien n'a été fait pour améliorer ou même introduire un minimum d'éducation à la sécurité collective, comme tu le dis. En effet, commençons par regarder chez nous. Il est quand même malheureux qu'il faille des événements dramatique ailleurs pour évoquer ces questions ici.

    Nos autorités, tant locales que nationales, préfèrent nous bassiner avec la sécurité individuelle face à la violence (certes c'est important), mais sans parler de la sécurité collective face à des phénomènes dont nous savons qu'ils sont tout à fait possibles et probables chez nous.

    Je suis en train d'écouter l'émission "La Tête Au Carré" sur France Inter, à propos de l'accident nucléaire au Japon. Il a été évoqué ITER, qui avait failli être installé au Japon... Le même ITER va s'installer sur une zone sismique ! Il est évoqué aussi la question de la sûreté nucléaire chez nous, du vieillissement de nos centrales, de leur gestion.

    Là, on touche à un thème éminemment politique : quid de l'investissement sur la sûreté nucléaire quand on privatise EDF ? On connaît la suite : les actionnaires s'en moquent de la sécurité ! Ils préfèrent leurs dividendes.

    Je ne dis pas qu'il faille ne se préoccuper que de nous, je compatis avec les Japonais pour ce qu'il leur arrive. Mais la leçon de sang-froid et de courage qu'ils nous donnent, me font réfléchir sur ce qu'il pourrait arriver ici. C'est ça aussi l'effet d'expérience : réfléchir sur ce qui arrive, sur ce qui nous entoure, pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. C'est le sens de l'unité du genre humain, comme l'écrit JL Mélenchon dans le 3ème paragraphe de son billet. Idée à laquelle je souscris totalement.

  41. kilobug dit :

    @Née un 19-Août

    Tout autant d'habitude en effet, Jean-Luc a une analyse rationnelle et sereine (même si s'y mêle parfois une juste colère) des choses, autant que le nucléaire, il cède à mon avis le pas face à une angoisse compréhensible mais, à mon avis, irrationnelle (et de ce que j'ai pu voir, dans ses livres comme sur ce blog, il n'argumente jamais vraiment sur le fond du sujet, alors qu'il le fait d'habitude si bien sur beaucoup d'autres sujets).

    Je pense que ça provient en partie de son parcours éducatif et professionnel, qui le rend très bon pour analyser la vie en société, l'économie, les grandes questions comme la démocratie,... mais qu'il n'a pas la culture scientifique qui lui permet de saisir tous les enjeux du "nucléaire". Ce n'est pas un reproche, personne ne peut tout connaître sur tout, mais ce qui me gène c'est qu'il s'avance de manière aussi dogmatique sur ce sujet.

    Le nucléaire fait peur, à cause de Tchernobyl et d'Hiroshima. Mais ce sont des choses très différentes, tout comme le nucléaire actuel l'est de Tchernobyl. Et tout comme le nucléaire de demain, par exemple celui se basant sur le thorium, l'est du nucléaire actuel. Envelopper tout ça sous le même mot (certes, ce sont des fissions nucléaires dans tous les cas) et tout rejeter en bloc, ce n'est pas rationnel. Je conseille à tous les antinucléaires de se renseigner sur le cycle du thorium qui pallie à beaucoup de problèmes du nucléaire actuel (dont le problème des déchets).

    Avec cette logique de "sortons du nucléaire", asséné de manière globale et dogmatique, on se ferme des pistes extrêmement prometteuses, comme le thorium sur le moyen terme, pour répondre aux besoins énergétiques sans relâcher de CO2 ou provoquer de pollution chimique comme le font les cellules photovoltaïques.

  42. argeles39 dit :

    Ceux qui étaient déjà viscéralement contre le nucléaire civil sont confortés dans leur position, suite aux accidents nucléaires au Japon, c'est humain.
    Mais la question de fond reste inchangée, si on veut sortir du nucléaire comment on fait ?
    Dans l'état actuel des connaissances, en France la seule alternative au nucléaire ce sont les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), compte tenu des appels de puissance (de l'ordre de 95 GW, l'hiver vers 19h00 quand il n'y a pas de soleil et peu de vent) et du niveau de consommation (de l'ordre de 550 TWh).
    Le solaire, l'éolien et la géothermie doivent faire partie du bouquet énergétique, mais ne peuvent en aucune manière remplacer le nucléaire compte tenu du niveau de puissance et de consommation que nous avons atteint.
    Toutes les sources d'énergie ont des avantages et des inconvénients, les énergies fossiles ce sont in fine des émissions de gaz à effet de serre, personnellement je préfère le nucléaire aux énergies fossiles, tout en étant conscient que cette technologie comporte des risques (comme toute activité humaine).
    Les allemands qui clament depuis 20 ans qu'ils vont sortir du nucléaire, et qui sont à la pointe des énergies renouvelables, ne sortent pas vraiment du nucléaire (environ 30 %, niveau stable) et sont très dépendants du charbon (environ 51 %), et du gaz naturel (environ 10 %) ; je ne suis pas sur que ce soit l’exemple à suivre.

  43. pichenette dit :

    Utiliser le verbe pour que s'exposent les réalités hypothéquant le futur, plutôt qu'imposer un monde déréalisé gobé par des moutons tondus, billet bienvenu.
    Du sentiment viscéral de communion avec les individus si brutalement touchés par les violences "naturelles" ou "humaines", à l'inconsistance des choix politiques en passant par l'emplâtre à la médiocrité lâche, il y a de quoi penser! Ce n'est certes pas un billet doux, mais l'âge des doudous est passé.
    Si la remise en question de l'énergie nucléaire comme choix de conversion en énergie électrique apparaît aujourd'hui au devant de la scène, ce n'est surtout pas pour "récupérer" l'immense tragédie que subissent les Japonnais, mais parce que les Français ont sous les yeux ce que sont des réacteurs nucléaires que personne ne maîtrise, c'est du domaine surnaturel, d'un Démiurge, limite que l'on ne peut dépasser et d'autant que les réacteurs sont nombreux sur un territoire peuplé.Un rapide coup d'oeil sur la France pousse obligatoirement à la comparaison, combien de centrales en fin de vie, vieillards maquillés sous perfusion pour annoncer que l'espérance de vie est telle que l'âge de la retraite peut être repoussé jusqu'à ce que l'immortalité soit possible.
    Imbéciles humains à qui de plus en plus on refuse le fruit défendu de la Connaissance et que l'On transforme en hères abreuvés de mensonges faciles.
    Oui à la solidarité, mais surtout avant que les catastrophes prévisibles ne surviennent. Ainsi la France à la démocratie chancelante sous les coups de pieds d'oligarques avisés est-elle à l'abri d'une dictature?
    Un régime peut-il rester démocratique quand il mise sur le nucléaire civil et militaire, pas de frontière entre les deux, pour asseoir ses pouvoirs? Impossible de parler de transparence quand on connaît le mépris pour les connaissances scientifiques! Education massacrée, précarité pour tous à la clé, avenir confisqué.
    Et ces bateaux de l'espoir à la densité d'étoile à...

  44. Louis st O dit :

    Je rêve, la première chose que j’ai faite quand j’ai découvert ce blog, c’est de lire les propositions du programme partagé, ou il parlait de sortir du Nucléaire, et cela, au plus tard dans les années 2040 c'est-à-dire dans 30 ans.
    Dans ce billet, Jean-Luc Mélenchon prend la catastrophe du Japon comme il aurait pu prendre celle de Tchernobyl pour réaffirmer l’urgence de cette sortie, et là vous criez au scandale que l’on puisse sortir du nucléaire, en prétextant qu’il a pris un mauvais exemple que celui de la catastrophe du Japon, mais dans vos commentaires c’est bien le fait de sortir du nucléaire que vous condamnez. Je crois que vous devriez relire (ou lire pour ceux qui disent à longueur de commentaire qu’il n’existe pas) le programme partagé. C’était prévu avant la catastrophe !
    Donc vous pensez que pendant ces trente prochaines années, il ne faut pas chercher une autre source d’énergie et continuer à construire d’autre centrales… jusqu’à un accident majeur.. Non c’est vrai en France nous sommes les plus forts, il n’y aura jamais d’accidents, enfin il y en a eu mais nous avons su les maîtriser.

  45. jean ai marre dit :

    @ Née un 19-Août,

    Il existe à Nice un livret sur les risques majeurs. Ce cahier est distribué dans les écoles et il fait parti du cours de CM2.
    Je partage l'avis de JL Mélenchon qui à plusieurs reprises s'est expliqué sur les énergies.
    Lors d'un plateau télé il a même dit qu'il " ferait travailler les Ingénieurs et le personnel EdF en les associant à la recherche : comment sortir du nucléaire."
    Lorsque Haroun Tazieff est venu dans le 06 pour faire l'enquête sur les préventions des risques, j'ai pu passer quelques heures avec lui, lorsqu'il a visité les rives du paillon il a mis les mains sur la tête. Depuis ça s'est arrangé.
    Mais l'aéroport reste sujet à risques...

  46. Nicolas B. dit :

    Descartes "l'homme de raison devrait voir dans les évènements du Japon la confirmation d'un immense succès.", je vois plutôt une immense tragédie, et la question du sortir du nucléaire doit être une priorité. Avec nos centrales que l'on rastifole pour les maintenir en route quelques années supplémentaires, le secret défense instauré il y a deux ans, remettant en cause toute liberté d'expertise indépendante et on devrait se sentir en toute sécurité ! On croit rêver, bientôt ce sera un cauchemar, mais rassurons nous il y aura moins de morts qu'à Lisbonne ! Lors de sa visite à la centrale géothermique, Jean Luc Mélenchon affirmait déjà que la sortie du nucléaire devait se décider au plus tôt pour que dans vingt ans cela puisse être une réalité, et c'était avant la tragédie du Japon.
    Pour la Libye je m'inquiète bien sûr de la remontée en puissance de Kadhafi, j'espère que l'ONU sera à la hauteur de la situation, et je partage votre vote et ses explications. Si pour certain la Gauche paraît embêtée, c'est aussi à cause de la faiblesse de l'ONU, et à l'emprise de l'OTAN dans les affaires du monde et du pétrole.

  47. kilobug dit :

    @pichenette

    Le nucléaire n'a rien d'un démiurge. Le fonctionnement des réactions nucléaires est parfaitement compris par la science moderne (la mécanique quantique et le modèle standard), et si nous avons encore des doutes sur le comportement de la matière à très hautes énergies, ce sont des énergies bien au-delà de celles de la fission nucléaire (c'est en effet un problème pour maîtriser la fusion, mais c'est un autre débat).

    On maîtrise bien mieux les réactions nucléaires et les lois qui les régissent qu'on ne maîtrise la biologie, la climatologie, la géologie,... par exemple.

    Une centrale comme Tchernobyl, on sait pourquoi et comment elle a explosé. Parce que son coefficient de vide était positif. Pour simplifier, en cas de surchauffe dans une centrale, des bulles se forment dans le liquide dans lequel trempent les barres de combustible (le liquide bout). Si le coefficient de vide est positif (cas de Tchernobyl), la présence de bulles amplifie la réaction. Donc encore plus de bulles. Donc encore plus de réaction. Et BOUM.

    Si le coefficient de vide est négatif (cas des centrales françaises actuelles), au contraire, la présence de bulles diminue l'intensité de la réaction, et donc la centrale n'explosera pas toute seule. C'est la différence entre un équilibre instable et un équilibre stable. Tout ça est bien connu, compris, maîtrisé, il n'y a absolument rien de mystique là-dedans.

  48. Née un 19-Août dit :

    @ kilobug #43

    Je ne parle pas de la peur du nucléaire. J'évoquais d'une part que contrairement aux Japonais, nous sommes pas du tout préparés face à certains risques et catas naturelles (séisme, par exemple - notamment dans le Sud-Est).
    Il est certain que la sortie du nucléaire n'est pas une question légère mais au moins elle a le mérite d'être posée. Si l'angoisse suscitée est bien compréhensible, ici ou ailleurs, il faut raison garder, personne ne le niera. Elle ne se fera pas non plus sur un coup de baguette magique. Je remarque cependant qu'on mettra plus de temps pour en sortir qu'on en a mis pour y entrer...
    De plus, il se pose quand même un problème rarement évoqué dans les médias : comment la sûreté nucléaire va-t-elle être assurée face à l'avidité des actionnaires, puisque EDF est privatisée ?
    La même question se pose pour toute les entreprises qui nous imposent des technologies qui n'ont manifestement pas été pensées au préalable : OGM, nanotechnologies, entre autres. On voit les dégâts causés par les pesticides, 30/40 ans après. Ne sommes-nous pas en droit de se poser ces questions de sûreté "technologiques" et de préparation des populations face aux risques naturels et industriels ?
    Sans faire de catastrophisme, il convient d'exercer la prudence et la raison, même et surtout sur des questions hautement sensibles et angoissantes.

  49. kilobug dit :

    @Louis st O

    Oui, je sais que c'était prévu dans le programme depuis longtemps. Mais ça ne change pas que 1. je pense que c'est une erreur sur le fond, on devrait plus se poser la question sur la l'amélioration du nucléaire (transition vers le thorium par exemple) que sur la sortie du nucléaire et 2. le drame du Japon n'a rien à voir avec la situation française, et ne fait que rassurer : malgré un séisme extrêmement fort et un tsunami terrible après (en gros, le pire possible), l'enceinte de confinement n'a pas cédé.

  50. Christian B dit :

    Le temps que l’ONU prenne une décision pour permettre l’appliquer de l’exclusion aérienne en Libye, sera peut-être fatal, aux Libyens courageux qui se battent contre une caste criminelle (et pourrie jusqu’a la moelle de notoriété publique), et qui risquent donc de crever comme des chiens, dus aux atermoiements de notre sous humanité mondiale.
    Après, il sera temps de manifester notre plus forte réprobation devant leur ambassade, droit dans nos bottes et peinards, mais il sera trop tard.
    Cet épisode tragique qui se joue en ce moment, me rappelle la politique de non intervention que La France sous la pression des droites et du Royaume-Uni avait mis en place, et qui avait généré le départ des brigadistes d’Espagne, et le non respect de l’Allemagne Nazi et de l’Italie qui eux ne se génèrent pas pour accentuer leur aide en matériel et en hommes aux fascistes.
    On a vu ce que cela a donné.
    Moralité de cet épisode Espagnol. A la violence des puissants, la palabre en paroles n’est pas bonne conseillère, et ne sert qu’à masquer notre petitesse et notre lâcheté, ce qui ne fait que retarder l’échéance, et régler une addition plus salée.
    Churchill avait d’ailleurs très bien résumé lors de l’abandon par La France et le Royaume Uni de la Tchécoslovaquie à Hitler «Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.»
    L’histoire ne cesse de se répéter malheureusement.


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