Le 27 juillet 2013, Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire (ESS) a présenté en Conseil des ministres le projet de loi-cadre sur l'ESS. Le projet de loi doit être discuté au Parlement début octobre.
Loin d'une avancée pour l'ESS, ce projet de loi est un concentré d'occasions manquées et recèle des dangers cachés. Les petits progrès ici où là font pâle figure. D'autant que le projet de loi ne crée absolument pas de droit de préemption pour les salariés souhaitant reprendre leur entreprise sous forme de coopérative. Ce serait pourtant indispensable.
L'ESS, une chance pour la France
L’économie sociale et solidaire regroupe les structures comme les : coopératives, mutuelles, associations, syndicats et fondations qui ont une gestion du capital démocratique (principe un adhérent, une voix) et organisent un partage équitable des bénéfices.
Hollande ne fait rien depuis 18 mois
Les salariés de l'usine FRALIB luttent depuis trois ans.
Contrairement aux promesses de Hollande, ils n’ont eu aucun soutien du gouvernement pour créer leur SCOP et reprendre leur usine de Gémenos.
Pourtant, grâce à leur courage et à leur savoir-faire, ils ont réussi à produire des infusions mises en vente lors de la fête de l'Humanité !
Hollande et Hamon contre le droit de préemption des salariés
Le chapitre 2 du projet de loi cadre crée un «Droit d’information préalable»des salariés. Ils seront mis au courant, en amont, d’éventuels projets de cession. (2 mois avant la cession pour les entreprises de moins de 50 salariés, obligation d’information pour les entreprises de 50 à 250 salariés).
Ce dispositif est censé leur donner le temps de préparer une reprise de l'entreprise.
Mais le chef d’entreprise « reste libre de vendre au prix qu’il souhaite et à qui il veut » !
Une loi dangereuse pour l'ESS
Le chapitre 1 de la future loi-cadre définira de manière « inclusive » le périmètre de l’ESS : « non lucrativité ou lucrativité limitée, gestion désintéressée, le fait de ne pas faire de la recherche des bénéfices l’objet principal et unique d’une entreprise », d’après Benoît Hamon…
Mais le projet s’ouvre à « toutes les entreprises qui s’en approprient les principes ». Cette définition floue risque de diluer les valeurs de l'ESS.
La FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) dénonce cette ouverture de l’ESS à des sociétés de capitaux « Ces acteurs, par l’existence d’un but lucratif, peuvent en effet attirer des capitaux plus facilement que les acteurs de l’ESS. Il nous semble par conséquent préférable d’orienter des capitaux publics uniquement vers ces derniers, vers les acteurs qui garantissent, par leurs règles de fonctionnement, la recherche de l’intérêt général, dans l’association démocratique des énergies. La FNARS propose ainsi de ne reconnaître comme structure de l’ESS que les entreprises qui respectent les principes de gouvernance démocratique (1 personne = 1 voix) et de non lucrativité individuelle (impossibilité de verser des dividendes). »
Une politique de gribouille : les mutuelles "assimilées à une affaire marchande et concurrentielle"
Le projet Hamon manque de cohérence avec les autres lois prises par le gouvernement (ANI, loi bancaire…)
L'habillage en guise de politique
Un « agrément solidaire d’utilité sociale » serait délivré par les Directions régionales.
Un projet sans élan
Benoît Hamon a annoncé qu’environ 200 000 entreprises seraient concernées et que la loi permettrait la création de 100 000 emplois nets :
Mais la confédération générale des Scop « reste prudente sur cet objectif » qui parait inatteignable au regard des mesures prévues dans le projet.
Les propositions du Front de gauche pour l'ESS
Au-delà du droit de préemption pour les salariés souhaitant reprendre leurs entreprises en coopérative, l'Humain d'abord proposait plusieurs mesures pour renforcer et développer l'économie sociale et solidaire.
Il inscrivait ce développement dans une perspective d'émancipation des travailleurs et d'extension de la propriété sociale pour réduire l'emprise de la finance sur les entreprises et développer l'emploi.
"Notre programme prévoit l’extension de la propriété publique par le développement des services publics. Il promeut de nouvelles appropriations sociales par la nationalisation de grands leviers de l’action économique, industrielle et financière. Il propose des formes décentralisées de la propriété sociale. Il veut aussi systématiser le recours à l’économie sociale et solidaire (ESS).
Le soutien public à l’économie sociale et solidaire, et notamment aux coopératives, sera fortement augmenté.
Une aide financière sera accordée aux salariés qui reprennent ou créent leurs entreprises sous forme de coopérative.
Nous favoriserons la création de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) permettant d’associer salariés, usagers et collectivités territoriales dans des projets de développement local.
Les commandes de l’État, des collectivités et des services publics s’adresseront prioritairement à ces coopératives grâce à la modification de l’article 53 du Code des marchés publics.
Un soutien sera apporté aux initiatives d’habitat autogéré et coopératif, dans le cadre des programmes de création de logements sociaux, en neuf et en réhabilitation.
Enfin, l’ESS sera intégrée au programme des sciences économiques et sociales au lycée.
C’est en ce sens qu’une loi-cadre de l’ESS sera nécessaire afin de définir précisément les critères d’attribution des moyens de l’État et des collectivités publiques : les finalités sociales et environnementales des entreprises et des associations bénéficiaires ne pourront être dissociées d’un fonctionnement réellement démocratique."