Alors que se termine une nouvelle année scolaire, les perspectives de l'école publique n'ont jamais été aussi sombres.
Chatel accélère les coupes sombres pour 2011-2013
Avec l’objectif fixé de supprimer 34 000 postes de fonctionnaires par an de 2011 à 2013, les suppressions dans l’éducation nationale devraient atteindre 16 000 à 17 000 postes en 2011.
Pour cela, le ministère a envoyé fin mai aux recteurs une note de service leur demandant de dégager des économies de postes dites « schémas d’emplois 2011-2013 », grâce à 12 pistes de travail. Le document invite les recteurs à couper « sans dégrader les performances globales du système ». Cela implique déjà un renoncement à les augmenter. Et l’appellation de performances globales, sous entend que l’on peut dégrader les performances particulières de certains secteurs, certaines filières ou certaines aires géographiques. Parmi les 12 pistes du ministère pour supprimer des postes, certaines sont particulièrement brutales :
Déjà 50 000 postes supprimés dans l’éducation depuis 2007
Rien que depuis l’élection de Sarkozy en 2007, ce sont 50 000 postes qui ont été supprimés (- 8 700 en 2007, – 11 000 en 2008, – 13 500 en 2009, – 16 000 en 2010). Ajoutés aux 20 000 autres postes supprimés entre 2002 et 2007, on arrive à une saignée de 70 000 postes depuis l’arrivée de la droite au pouvoir.
Ces suppressions ont conduit à une restriction de l’offre d’enseignement (suppressions d’options et raccourcissement des durées de formations via le bac pro en 3 ans et des fermetures de lycées professionnels) et à la suppression des dispositifs d’aides aux élèves en difficulté (fin des RASED, suppression de dédoublements …).
Depuis 2002, la droite a fermé 71 lycées professionnels (d’après les derniers chiffres publiés du nombre d’établissements pour l’année 2008-2009), dont 31 rien que depuis l’élection de Sarkozy en 2007. Ces fermetures profitent à l’enseignement privé : 119 classes de lycée pro fermées dans le public en 2008-2009 contre 88 classes ouvertes dans le privé la même année.
L’argument démographique tombe
Pour justifier les suppressions de postes, le gouvernement a prétendu depuis plusieurs années qu’elles étaient la conséquence mécanique du recul du nombre d’élèves. Une logique pourtant très disproportionnée : en 2008 on a supprimé 1 poste pour 2 élèves en moins en lycée, alors que l’on en créait qu’un seul pour 54 élèves en plus en primaire.
En lycée professionnel, l’argument n’a jamais été valide puisque le nombre d’élèves a augmenté depuis 2002.
L’argument s’est définitivement écroulé depuis la rentrée 2009 où le nombre d’élèves augmente à la fois dans le primaire et dans le secondaire alors que les suppressions s’accélèrent.
L’école maternelle en sursis
L’existence d’un véritable service public national de l’école maternelle est une exception française en Europe. Elle a notamment conduit à généraliser la possibilité de scolarisation à 3 ans, puis à développer la scolarisation à 2 ans qui a atteint 32 % en 2002 à la fin du gouvernement Jospin. Celle-ci était prioritairement destinée aux zones en difficultés, la scolarisation précoce étant un facteur décisif pour compenser les inégalités sociales devant l’apprentissage de la langue. Cette politique a été un succès pédagogique tangible : les enfants scolarisés dès 2 ans redoublent deux fois moins leur CP ou leur CE1 que les enfants scolarisés à 4 ans.
Depuis 2002, les restrictions budgétaires appliquées par la droite, combinées au boom démographique ont fait reculer la scolarisation à 2 ans (baisse de 68 000 places, avec un taux qui a chuté de 32 % à 18 %) et fragilisent désormais l’école maternelle dans son ensemble. Le taux global de scolarisation en maternelle (2-5 ans) est passé de 85 % (sommet atteint en 2001 sous Jospin) à 78 % aujourd’hui.
La liquidation de l’accueil à 2 ans est désastreuse pour les zones en grande difficulté sociale comme les banlieues.
L’insuffisance de postes conduit aussi à surcharger toutes les classes de maternelle jusqu’à 30 élèves voire au-delà, ce qui compromet la nature scolaire de ces classes et les transforme en garderie.
C’est d’ailleurs l’évolution soutenue par le gouvernement qui se désengage du service public de l’école maternelle pour promouvoir d’autres modes (notamment privés) d’accueil, comme les jardins d’éveil (8 000 places créées pour les 2/3 ans à la rentrée 2009, dans le cadre d’appels d’offres incluant y compris des structures privées).
Cette politique s’appuie sur la commande de rapports officiels aux conclusions très discutables, voire aux relents carrément réactionnaires contre le travail des mères :
Le gouvernement est ainsi en train d’organiser la disparition d’un maillon essentiel du service public d’éducation à la française.
Les marges de manœuvre pour une autre politique pour l’école