Principes
La République compte 2,6 millions d'habitants outre-mer. La notion d'outre-mer recouvrant une très grande diversité de situations géographiques et culturelles, il convient plutôt de parler des "outre-mers". Grâce à ces territoires, la France est désormais le seul Etat au monde à être présent sur 4 continents et dans tous les océans du globe, ce qui lui confère le 2ème domaine maritime mondial, avec 11 millions de kilomètres carrés, et le 1er domaine maritime au monde pour sa biodiversité. Cette présence donne à la République une responsabilité particulière tant pour le progrès humain des populations d'outre-mer que pour la préservation d'espaces naturels vitaux pour l'humanité toute entière. La révolution citoyenne devra enfin donner aux outre-mers les moyens de leur progrès réel, pour que ceux-ci deviennent aussi des leviers des alternatives internationales que nous défendons notamment en matière commerciale et écologique.
Constat
En dépit des promesses d'égalité, liées notamment à la départementalisation là où elle a été acquise, les outre-mer subissent un véritable apartheid social et sont victimes d'un mal développement structurel. Celui-ci est notamment le résultat de l'accaparement des moyens de production par quelques familles rentières et de la dépendance économique vis à vis de la métropole. Les outre-mers sont victimes de la transposition d’un modèle de développement de type continental et du manque d’échanges régionaux coopératifs. Ce mal-développement s'accompagne aussi d'une dégradation dangereuse d'un potentiel naturel remarquable et d'un engorgement routier dramatique de plusieurs territoires, faute de transports collectifs adaptés.
La plupart des outre-mers sont marqués par la précarité, la pauvreté et des inégalités encore plus béantes qu'en métropole : entre 25 % et 30 % de la population au chômage, taux de pauvreté au-delà de 50 % si l'on se réfère au seuil de pauvreté national, près d'un habitant sur deux relevant de la Couverture Maladie Universelle, un illettrisme récurrent … La dépendance vis à vis de la métropole se traduit par des « importations » considérables et la fragilité des productions locales, des transferts financiers publics importants mais inégalement répartis entre la population, une forte dépendance énergétique notamment par rapport aux énergies fossiles importées.
Le désengagement de l'Etat impulsé par la droite dans tous les domaines aggrave encore cette situation sociale dramatique outre-mer. L'abandon des populations d'outre-mer a conduit celles-ci à des révoltes sociales historiques sous la forme de grèves générales et de mise en place de collectifs unitaires relayant les aspirations du grand nombre, en particulier aux Antilles et à la Réunion.
Propositions du Parti de Gauche
1° Faire reculer les inégalités et éradiquer la pauvreté outre-mer :
- Réorienter les transferts financiers publics de métropole vers l’ensemble de la population des outre-mers : les dispositifs de défiscalisation immobilière devront être entièrement revus pour ne viser que l’objectif « un ménage un toit » et la création de petites structures hôtelières typées et ne plus constituer une rente sans effet utile pour la population; les sur-rémunérations des fonctionnaires devront être mieux articulées avec la réalité du surcoût de la vie; les marges de manœuvre permettront de redistribuer les transferts au profit du plus grand nombre, notamment en augmentant les minima sociaux
- Plan pluriannuel d'investissement et de développement des services publics axé sur les transports et l'éducation :
- Libérer les économies d’outre mer des monopoles privés : casser les monopoles privés qui étouffent la population et l’économie des outre-mers, développer des circuits de distribution publique alternatifs et la production en coopératives pour briser ces monopoles privés.
- Taxer les ultra-riches outre-mer : supprimer leurs exemptions fiscales qui existent outre-mer (notamment d'ISF) et y appliquer le revenu maximum
2° Pour le développement endogène et le progrès humain des outre-mers :
- atteindre l'autosuffisance alimentaire : en soutenant le développement d'une agriculture paysanne locale et le développement d'une véritable filière agro-alimentaire locale de transformation en privilégiant les structures d'économie sociale et solidaire et d'économie mixte
- assurer l'autonomie énergétique : investir pour économiser l’énergie et utiliser l'immense potentiel d'énergies renouvelables pour aller vers la suppression de l'usage du charbon et du pétrole pour la production d'électricité outre-mer
- garantir la continuité territoriale (desserte par compagnie publique à tarifs réglementés), l’interconnexion régionale et le désenclavement intra-territorial (Guyane notamment)
- élargir inconditionnellement le statut européen de Région Ultra-périphérique à l’ensemble des territoires ultra-marins français à l’instar des territoires portugais et espagnol.
- protéger les économies locales par un bouclier douanier : Préserver l’octroi de mer et renforcer la protection commerciale des productions locales (taxe kilométrique pour promouvoir les productions locales, privilégier les importations à faible emprunte écologique, préférence commerciale pour les produits d'outre-mer en métropole et en Europe, partenariats commerciaux avec les voisins régionaux : Venezuela et Cuba pour les Antilles, Inde et Afrique du Sud pour la Réunion, Saint-Pierre et Miquelon avec le Québec)
3° L'égalité, le métissage et le droit du sol contre le racisme et l'ethnicisme :
- étendre la laïcité dans les outre-mer, en appliquant la loi de 1905 là où elle ne l'est pas et en garantissant l'existence d'un espace public garantissant la mixité et la liberté de conscience
- renforcer la lutte contre toutes les formes de discrimination
- soutenir l'enseignement des langues et cultures d'outre-mer pour ceux qui en font la demande
- mettre en valeur avec les populations la diversité des patrimoines culturels et linguistiques qu'apportent les outre-mers et renforcer leur place dans les programmes et les manuels scolaires en métropole comme outre mer
4° Faire des outre-mer des leviers d'alternative à l'échelle mondiale
- Faire des outre-mer des pôles régionaux de co-développement : transfert de technologie auprès des pays voisins, aide logistique et scientifique, investir dans des établissements de formation de haut niveau (santé) bénéficiant à la fois aux étudiants ultra-marins et à ceux des pays en voie de développement de la zone (Madagascar, Seychelles, Comores, Mozambique, …) ; faire des outre-mer des moteurs de modèles alternatifs d’intégration régionale (partenariat entre les Antilles et l’ALBA)
- Planification écologique pour sauver les trésors de biodiversité des outre-mer (renforcer les moyens d’études et de protection) et faire des outre-mer des laboratoires des énergies renouvelables et innovantes
- Faire des outre-mer des points d'appui des combats écologiques d'intérêt universel : appui à la préservation des forêts (Guyane pour l'Amazonie); appui aux populations du Pacifique et de l’Océan indien menacées par la montée des eaux; défense des fonds marins contre la prédation pétrolière et minière des groupes privés et la pêche industrielle; d'où la nécessité de renforcer les moyens pour connaître, étendre et sécuriser le plateau continental français en impliquant les populations d'outre mer dans sa gestion et en mutualisant les ressources tirées de son exploitation
Retrouvez l'ensemble des propositions du PG sur http://programme.lepartidegauche.fr/