Le Medef a lancé depuis quelques jours une nouvelle offensive contre le coût du travail, en prétextant l'écart de compétitivité de la France face à l'Allemagne. Immédiatement relayée par le gouvernement, cette attaque vise le financement de la protection sociale en suggérant une baisse du coût du travail de 10 à 15 milliards d'euros, qui serait compensée par des hausses de CSG et de TVA. La droite fait ainsi une nouvelle tentative pour imposer la TVA sociale dont nous avions décrypté la menace dans un précédent petit courrier.
Les milliards perdus de la baisse du coût du travail
Dans ce débat, le patronat passe sous silence que les entreprises bénéficient déjà de plus de 30 milliards d'euros par an d'exonérations de cotisations sociales. L'efficacité pour l'emploi de ces exonérations a été mise en doute par de nombreux rapports, notamment de la Cour des comptes. D'autant qu'elles bénéficient principalement (pour prés de 70 % de leur coût) au secteur des services, qui est beaucoup moins exposé aux écarts de compétitivité que l'industrie.
Le patronat se tait aussi sur les 172 milliards de niches fiscales dont bénéficient les entreprises selon la Cour des comptes, dont 65 milliards rien qu'en réductions d'impôt sur les sociétés.
Des écarts de coût du travail à relativiser
Le patronat brandit le coût horaire de la main d'œuvre plus important en France qu'en Allemagne. En réalité, cette moyenne cache des disparités selon les secteurs :
L'Allemagne n'est pas un modèle économique et social à imiter
Le creusement de l'écart de compétitivité entre la France et l'Allemagne est surtout lié à des évolutions allemandes plus qu'à une dégradation de la situation française :
La politique allemande de réduction du coût du travail a comprimé sa demande intérieure. Etendue à l'ensemble de l'Union européenne, cette politique de compression des coûts (avatar de la désinflation compétitive qui avait fait la force du Mark) serait un désastre pour l'activité économique et plongerait le marché intérieur en récession.