L'argument de la semaine

Pas de vacances pour les politiques libérales du FMI

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Personne n'en parle et pourtant, le FMI s'est bel et bien installé en Europe. Les chefs d'Etat européens, incapables de s'entendre pour aider la Grèce, lui ont d'abord ouvert la porte. Il force aujourd'hui tout le monde à avaler sa cuisine néolibérale. Mandaté par l'Union Européenne, sans aucune légitimité démocratique, il impose la casse sociale comme condition du versement des sommes promises et se proclame juge des politiques menées par les gouvernements élus. Voyez plutôt…

Le FMI dicte la politique des gouvernements à qui il prête de l'argent

On se souvient des capitulations de Papandréou, le premier ministre grec, face aux exigences du FMI : hausse de la TVA de deux points, augmentation de l'âge de retraite des femmes de 5 ans, gel des salaires et des retraites dans la fonction publique. Ces mesures destinées à réduire le déficit et la dette publique étaient des conditions au versement du prêt accordé par le FMI, avec l'Union Européenne, en juin dernier. Afin de s'assurer que ce plan d'austérité est bien mené, le FMI a depuis le début de l'été installé un bureau à Athènes. Ses "experts" évaluent la politique du gouvernement grec : le versement du prêt est suspendu à leur validation. Cet été, il a demandé aux grecs de privatiser l'entreprise publique d'électricité (DEI), détenue à 51% par l'Etat et de renforcer le contrôle des dépenses "des autorités locales et des hôpitaux". Il s'agit de ramener le déficit public à moins de 3 % du PIB pour "rassurer les marchés". Le FMI procède de manière comptable sans aucune considération de long terme et surtout sans aucune prise en compte de la situation sociale du pays. Le sort de la population grecque est donc mise entre les mains d'une poignée de gens au mépris de la démocratie et de la souveraineté populaire. En attendant, le chômage est de 15 % en Grèce, la récession est de 4 % en 2010 et estimée à 2,5 % pour 2011 !
Le Grèce est un exemple emblématique mais la logique est la même un peu partout en Europe. En Roumanie par exemple le FMI exige que le gouvernement augmente de 10 % les tarifs dans les transports publics et réduise le nombre d'enseignants. Ces mesures s'ajoutent à la suppression de 30 000 postes dans la fonction publique ainsi qu'à la réduction des salaires de 25 %. La TVA avait également été augmentée de 19 % à 24 %.

Le FMI pratique le chantage à la rigueur, au mépris du contexte social

En mai 2009 un prêt de 2,9 milliards d'euros avait été accordé à la Serbie à condition que Belgrade réduise son administration publique de 10 % et gèle les salaires dans le secteur public et les pensions jusqu'en avril 2011. Le pays a été plongé dans une récession sévère suite à l'application de ces mesures. Le gouvernement serbe souhaitait donc augmenter les retraites et les salaires et reporter à plus long terme la réduction du déficit public. Le FMI s'y est opposé : le prêt accordé ne sera versé que si l'objectif de réduction des déficits publics est atteint à la date convenue au départ.
De même en Bosnie, le FMI a reporté le versement de la quatrième tranche du prêt (accordé en 2009) soit 38 millions d'euros. Il exige que le gouvernement adopte une loi sur les salaires dans les institutions du pouvoir, prépare une réforme des retraites pour réduire les dépenses sociales et révise les allocations versées aux vétérans de la guerre des années 1990.
Autant de mesures très précises qui ne laissent aucun choix aux gouvernements dans les méthodes qu'ils utilisent. Accepter un prêt du FMI signifie donc perte pure et simple de souveraineté pour les gouvernements. L'aide aux pays en difficulté n'est pas neutre, elle permet au FMI d'imposer, en soumettant les prêts à conditions, les politiques néolibérales. A chaque fois, les mesures touchent la population la plus fragile et préservent les rentes de marchés des plus riches.

Les politiques de rigueur sont applaudies et encouragées par le FMI

Selon le FMI, "les autorités espagnoles ont pris les mesures correctives nécessaires", sous entendu nécessaires à la réduction du déficit public et non à la poursuite de l'intérêt général. Les réformes du système bancaire ou du droit du travail (moins d'indemnité de licenciement, plus de flexibilité) sont notamment applaudies. Mais "des mesures additionnelles devraient être préparées". Le gouvernement devrait "aller plus loin" encore après la réforme du marché du travail, estime le FMI, pour toujours plus de "flexibilité". En mai, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, avait jugé le marché du travail espagnol trop "rigide" et appelé à des réformes "urgentes" pour y remédier.
Concernant la France, un rapport du FMI félicite "l'ambitieux programme de réforme", notamment celle des retraites, et salue toutes les mesures visant à réduire les dépenses de l'Etat déjà annoncées pour 2011. Il applaudit l'augmentation de l'âge de la retraite mais demande à la France de faire des "efforts supplémentaires" d'économies. Les inspecteurs experts du FMI encouragent une "limitation plus forte des dépenses de sécurité sociale et de santé" et un encadrement "strict" des dépenses des collectivités locales. La France a pourtant résisté à la crise mieux que ses voisins européens du fait de son système de protection sociale. Les collectivités territoriales assurent quant à elles 71 % des dépenses d'investissement publiques. L'application des mesures préconisées par le FMI plongerait donc la France en récession et aurait des conséquences sociales catastrophiques.

Le FMI critique la taxation et la réglementation des marchés financiers

Les députés allemands ont voté en juillet l'interdiction des ventes à découvert d'actions sur les marchés financiers. Ces opérations consistent à revendre un actif que l'on ne détient pas encore, mais que l'on compte acheter ultérieurement en spéculant à la baisse sur les marchés pour empocher une plus-value. Le FMI a critiqué cette mesure : "il y a peu de preuves de l'efficacité de l'interdiction des ventes à découvert". Au contraire selon lui, "l'efficacité et la qualité des marchés se sont en fait détériorées considérablement à la suite de l'introduction des diverses interdictions". En substance, pour les économistes du FMI, il faut laisser faire le marché, la réglementation réduit l'efficacité et la qualité des marchés, sous-entendu elle est responsable de la crise.
Le parlement hongrois a lui voté l'introduction d'une taxe exceptionnelle sur les banques et les assurances qui doit permettre de lever près de 700 millions d'euros. Le FMI a condamné le niveau de la taxe qui risquerait de ralentir la croissance et de mettre les banques en difficulté. Il suspend les négociations ainsi que le versement de la prochaine tranche du prêt de 20 milliards d'euros accordé en octobre 2008. Cette décision est une fois encore la preuve de la croisade idéologique menée par le FMI. En effet partout ailleurs en Europe ce sont les mesures conseillées par le FMI comme l'augmentation de la TVA ou la réduction des dépenses publiques qui réduisent la croissance et menacent de plonger les pays -si cela n'est pas déjà fait- dans la récession.
L'été n'a donc pas été synonyme de vacances pour le FMI, au contraire. Il continue d'imposer la mise en place d'une politique qui fait payer les plus pauvres et protège les plus riches. Par-dessus tout, il bafoue la souveraineté populaire. La France n'a rien à faire dans une telle organisation. C'est une des propositions programmatiques du Parti de gauche : sortir du FMI.



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