13h00 – le Grand palais de Lille
Sous un ciel bleu et un soleil d'été, le grand Palais de Lille se dresse dans un quartier moderne à deux pas de la gare historique de Lille Flandres. Aux abords, l'Hôtel du département et le tout nouveau Hôtel de Région, siège du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais côtoient le beffroi de l'Hôtel de ville.
Le Grand Palais est un immense bâtiment moderne de style industriel : béton ciré au sol, poutrelles métalliques pour supporter un plafond de bois et de métal.
En haut des marches du hall, l'installation du village militant est déjà bien commencée. A côté des stands des organisations du Front de Gauche, on trouve de nombreuses tables de librairies couvertes de livres divers et variés. Toute l'histoire de la Gauche y est représentée. Des textes fondateurs de Marx aux plus récentes mais excellentes publication de la collection "Politique à Gauche" des éditions Bruno Leprince. Entre les deux, les biographies de Guevara côtoient les livres de Frantz Fanon et de nombreux ouvrages sur la décolonisation, ou encore ceux traitant d'écologie politique. Les ouvrages sur l'histoire du mouvement ouvrier bordent les analyses de géopolitique les plus récentes. Ces librairies militantes sont la marque que le Front de gauche est un mouvement qui rassemble en son sein toutes les histoires et facettes de la gauche française.
Derrière le village militant, la salle, immense hall d'exposition. Les dimensions sont impressionnantes, un carré de plusieurs dizaines de mètres de côtés.
La scène au fond est entourée de deux écrans géants. Eux-mêmes relayés par trois écrans supplémentaires situés au milieu de la salle.
Les ingénieurs sons font les derniers réglages. Difficile de sonoriser un tel espace. Il faut lutter contre l'écho dû à la très grande hauteur sous plafond. Il faut que tout soit parfait. Aucun bourdonnement, aucun sifflement ne seront acceptés. C'est un travail de haute précision qui ne laisse pas la place au moindre amateurisme.
15h00 – Le village militant
Retour dans le village militant, les derniers stands se remplissent. Un espace a été réservé pour les organisations syndicales. On y voit un stand de la CGT, de la FSU ou encore de Solidaires.
Karine et Agnès tiennent le stand de la FSU. Elles nous expliquent que la position de leur syndicat est d'interpeler les partis et les syndicats. C'est un bon moyen de faire connaître et populariser leurs revendications. Partout où ils peuvent être en contact avec les forces politiques, ils doivent y être. Bien évidemment c'est avec un sourire entendu qu'elles précisent que leurs interpellations sont réservées aux partis républicains. La lutte contre le FN et l'extrême-droite passe aussi par les syndicats.
Elles remarquent que de nombreux partis politiques ne les invitent pas. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les invitations sont rares, trop rares. C'est donc avec grand plaisir qu'elles ont répondu présentes à la proposition du Front de Gauche que leur syndicat soit représenté dans le village militant.
Emilien, responsable régional et national de la fédération CGT des organismes sociaux explique qu'il est présent ici au double titre de militant du Front de gauche et de militant syndical. Il entend saisir l'occasion de ce meeting et du dynamisme de la campagne du Front de Gauche pour annoncer la journée nationale de mobilisation du 29 mars autour des organismes sociaux. Ceux-ci voient leurs effectifs baisser, les conditions de travail se dégrader ainsi que les services aux usagers se détériorer. Il conclut en réaffirmant que la CGT n'est pas neutre dans cette élection et qu'elle vient de publier un bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy et que, oui, la CGT appelle à ne pas voter pour Sarkozy.
Ces présences sont importantes pour le Front de Gauche. Rien dans ce pays ne serait possible sans les syndicats. Il est du devoir des forces politiques de gauche de soutenir leur action et de leur offrir une tribune quand elles le peuvent.
17h00
Trois jeunes filles sont devant les grilles de la salle. Elles attendent depuis 15H30. Elles expliquent qu'elles ont quitté leur lycée en courant pour être sûres de trouver une place.
Elles vont voter pour la première fois et ne veulent pas se tromper. Elles ont assisté au meeting de Sarkozy et entendent aller à celui de Hollande. Elles veulent comparer les programmes des candidats avant de faire leur choix définitif.
Mais pour le moment Mélenchon a leur préférence pour son charisme, sa manière de s'imposer sur les plateaux télé. Selon elles, il semble dire la vérité, il connaît ses dossiers et ne se laisse pas démonter. Il ose dire les choses telles qu'elles sont. De plus, sa hausse dans les sondages lui confère une plus grande crédibilité. Et l'une d'entre elles d'ajouter : « Mélenchon président ». A la remarque que le slogan c'est plutôt « Mélenchon présidons », une autre de noter, « en plus ça rime, c'est trop la classe ».
18h00 – Ouverture des portes
18H00
Un rassemblement se constitue devant les portes à l’ouverture des grilles. Les gens se pressent. De nombreuses bannières syndicales flottent dans la rue. On repère des entreprises en lutte, les "Camaïeu", les "3 Suisses"… On en oublie c’est sûr. Les sans-papiers sont là également. Dans le hall du Grand Palais résonne « nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Oui, le Front de Gauche est pour la régularisation des sans-papiers, oui le Front de Gauche est internationaliste.
Dans le même temps, Jean-Luc Mélenchon tient une conférence de presse. Plus de 100 journalistes ont été accrédités. C’est la cohue dans la salle de presse. Les journalistes montent sur les chaises pour voir et écouter le candidat réaffirmer qu’il fait campagne pour être en tête de la gauche. Il s’étonne même de la présence d’un journaliste de la télévision suédoise.
19h00
La salle se remplit à flot continu et pourtant le nombre de personnes devant les portes ne diminue pas. Pourrons-nous faire rentrer tout le monde ? Heureusement nous avons prévu un écran géant sur l’esplanade. L’Internationale retentit pour la troisième fois. Ce n’est pas un début de meeting, c’est la continuité du 18 mars. Le mouvement qui s’est levé à la Bastille, loin de retomber, continue et se renforce. C’est tout un peuple qui se dresse au cri de résistance.
Très vite, la route devant le Grand Palais est occupée par les militants. La circulation doit être coupée. Le nombre de personnes présentes dépasse les espérances les plus folles et elles continuent d’arriver en nombre.
20H00
Jean-Luc Mélenchon va saluer les milliers de personnes qui n’ont pu trouver place dans la salle. La foule est tellement dense que l’entrée de Jean-Luc Mélenchon dans la salle n’est possible qu’avec l’aide des 400 syndicalistes belges qui ont fait le déplacement en car. En route pour un Front de Gauche belge ?
Martine Billard et Pierre Laurent prennent la parole dans une atmosphère surchauffée.
Charlotte Girard reprend le micro. Il est enfin possible d’avoir une estimation du nombre de participants. Ce sont 23 000 personnes qui ont fait le déplacement. Il y a autant de monde dehors que dedans.
Quand Jean-Luc Mélenchon prend la parole, la salle, à l’unisson de la rue, résonne du fameux : « Résistance, Résistance ! ».
Dans la continuité de la Bastille, avec le meeting de Lille, le Front de Gauche fait la démonstration qu’il est en train de devenir le Front du Peuple.
Le récit est de Bastien Lachaud, les photographies de Stéphane Burlot.