Après Vierzon hier soir, Limoges sera le deuxième grand meeting de la semaine pour le Front de Gauche avant de conclure par la prise du Capitole à Toulouse demain. Malheureusement cet enchainement ne se passe pas forcément dans les meilleures conditions puisque nous avons appris hier que la mairie de Toulouse refusait l'installation d'écrans géants sur les rues adjacentes de place du Capitole. Oui, la mairie a décidé de priver de meeting les milliers de personnes qui ne pourront malheureusement pas accéder à la place. Espérons que d'ici demain le maire de Toulouse retrouvera ses esprits et fera le nécessaire pour que vive le débat démocratique dans notre pays.
Limoges – Zénith – 16h
En attendant, les derniers préparatifs ont lieu à Limoges. L'organisation repose bien évidemment sur des équipes techniques professionnelles mais également sur les forces, l'imagination, l'organisation et les petits bras de plusieurs dizaines de militants. Bien évidemment, le Front de Gauche n'a pas les moyens financiers de l'UMP ou du PS et ne peut se permettre de dépenser des centaines de milliers d'euros pour un meeting. Mais reposer sur une organisation militante, c'est surtout un choix politique. La Révolution citoyenne n'est possible que lorsque des milliers de personnes choisissent de s'engager collectivement et sont prêtes à donner le temps qu'elles peuvent pour mener la bataille.
Limoges – Zénith – 17h30
Alors que l'ouverture des portes du Zénith n'est prévue qu'à 18 heures, plusieurs centaines de personnes font la queue dès 16 heures afin d'être bien placées pendant le meeting. Et oui, contrairement à ce que disent les grands média, les meetings de Front de Gauche ne sont pas des «show Mélenchon» mais de véritables moments d'éducation populaire où chacun écoute attentivement, apprend et repart armé d'arguments pour continuer le combat. Aussi, de nombreuses personnes tiennent à être aux premières loges pour pouvoir écouter attentivement les différents orateurs.
Limoges – Zénith – 18h00
La salle se remplit très rapidement. Les drapeaux du Front de Gauche se mélangent aux drapeaux des syndicalistes qui, comme toujours, sont venus nombreux. Les jeunes ne sont pas en reste. Au fil de la discussion, certains m'expriment le bonheur qu'ils ont de voter pour la première fois mais surtout de voter pour un candidat «réellement honnête». Pour eux, Jean-Luc Mélenchon «ne cache pas ses idées contrairement aux autres candidats». Refusant d'écouter ceux qui leurs répondent que le programme du Front de Gauche est irréaliste, ils ont choisi de s'engager dans ce qui est pour eux la «seule vraie campagne».
Dans le hall, la bonne humeur se lit sur tous les visages. Bien sûr tous le monde est conscient de la réalité actuelle et chacun voit au quotidien les effets directs de la crise. Mais néanmoins, avec le Front de Gauche, beaucoup semblent avoir retrouvé l'espoir, l'envie d'y croire, la désir de prendre son destin en main, bref de prendre enfin le pouvoir. Tandis que Daniel Cohn-Bendit s'ennuie dans la campagne, nous vivons nous un vrai moment de bonheur collectif !
Limoges – Zénith – 19h00
19 heures le meeting débute. La salle du Zénith a déjà atteint sa capacité maximum, soit 6 000 personnes ; 1500 personnes n’ont pas pu rentrer et devront suivre le meeting sur les écrans géants installés à l’extérieur ; Plus de 4 000 connections sont déjà comptabilisées sur la diffusion en direct sur internet.
Christian Audouin, président du groupe Limousin Terre de Gauche au Conseil régional est le premier à prendre la parole : “ ce rassemblement est le vôtre. Vous êtes le nombre qui fait l’histoire ! ”. Christian Audouin rappelle l’histoire du rassemblement Limousin Terre de Gauche qui regroupe le Parti Communiste Français, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire mais également le Nouveau Parti Anticapitaliste. Le score obtenu par cette liste aux élections régionales de 2010 a résonné comme un véritable coup de tonnerre : “ il devenait possible de remettre la gauche à l’endroit ”. Christian Audouin salut ensuite les nombreux salariés en lutte de la région car nous sommes ici sur une terre de gauche, une terre de combat où des milliers d’hommes et de femmes savent ce qu’est une lutte et ne se laissent pas faire. Pour Christian Audouin, “ le Limousin, comme toutes les régions, a besoin de changements politiques, un changement conditionné par le score que fera Jean-Luc Mélenchon dans quelques jours.
Au moment où Marie-France Beaufils, sénatrice et maire de Saint-Pierre-des-Corps, prend la parole, plus de 10 000 personnes regardent le meeting en direct sur internet. Marie-France Beaufils peut alors constater que “ le Front de Gauche est toujours là, encore plus déterminé, encore plus fort, contrairement à ce que certains espéraient ”. Et Marie-France Beaufils a confiance dans l’avenir : “ nombreux sont ceux qui vont venir nous rejoindre pour prendre part à la Révolution citoyenne ”. Marie-France Beaufils revient également sur le Mécanisme européen de stabilité que les parlementaires du Front de Gauche ont refusé de voter, contrairement aux socialistes qui ont permis son adoption en choisissant de s’abstenir. Elle rappelle que “ le seul objectif du MES est d’entériner la mise sous tutelle des peuples européens ”. Le MES conduira a généraliser les politiques d’austérité qui font souffrir les peuples grecs, portugais, espagnol, irlandais. Pendant ce temps, les banques peuvent, elles, s’engraisser puisqu’elles ont reçu ces derniers mois près de 1 000 000 000 000 (oui, 1 000 milliards !) d’euros de la BCE pendant que des centaines de PME n’arrivent pas a obtenir le moindre crédit.
C’est ensuite au tour d’Eric Coquerel de prendre la parole : “ notre plaisir est inversement proportionnel à l’inquiétude de certains ! ”. En effet, depuis quelques jours on observe un véritable “ défoulement de haine de classe ”. Eric Coquerel interpelle la salle : “ n’est-ce pas un hommage d’être comparé aux révolutionnaires de 1793 ? ” La salle du Zénith approuve sans aucune hésitation. Eric Coquerel compare l’élan du Front de Gauche à la puissance d’un fleuve déferlant vers l’océan. “ Ce fleuve c’est celui d’un pays qui n’a jamais accepté le capitalisme globalisé ”. Ce fleuve a montré sa force à plusieurs reprises : en 1986 lors du mouvement Devaquet, en 1995 avec les grandes grèves de novembre et décembre, en 2006 lors du combat contre le Contrat première embauche et bien évidemment en 2005 avec la victoire du non au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Eric Coquerel en profite également pour répondre à Daniel Cohn-Bendit qui affirme que nous sommes nostalgiques : “ oui, nous sommes nostalgiques. Nous sommes nostalgiques d’un temps où les services publics étaient présents sur tous le territoire, où les trains arrivaient à l’heure ”.
Jean-Luc est le dernier à prendre la parole : “ je me réjouis de voir que nos adversaires ne comprennent rien. C’est important que l’adversaire soit pris par surprise ”. Après ce trait d’humour, le discours redevient plus sérieux. Jean-Luc explique en quoi l’attitude des puissants d’aujourd’hui est caractéristique des mondes qui finissent. Alors même qu’elles voient bien que les politiques d’austérité menées dans l’Europe entière nous mènent droit dans le mur, les élites sont incapables de penser autrement, d’imaginer qu’une autre politique est possible. A chaque fois que le Front de Gauche avance ses propositions, on nous répond “ comment payez-vous ”? Mais Jean-Luc refuse de se laisser embarquer dans cette logique : “ on est toujours en train d’évaluer le coût du bonheur mais jamais on ne pose la question du coût du malheur ”. Jean-Luc revient ensuite sur une annonce qu’il a déjà faite à plusieurs reprises et ironise sur l’absence d’intérêt de la part du monde médiatique. La proposition consiste pourtant a lancer un très grand programme de recherche et d’exploration du monde maritime qui représente 70% de notre planète mais qui reste peu connu. La France est à la hauteur d’un tel défis puisqu’elle possède le 2e territoire maritime du monde. Il est important de faire avancer la recherche et l’exploration maritime pour mieux comprendre le fonctionnement de notre planète et de la mer et la “ protéger du destin d’égout auquel le capitalisme l’y condamne ”. Encore une fois Jean-Luc consacre une partie de son meeting à Marine Le Pen. Oui, il est important de mener la bataille jusqu’au bout et de ne pas s’arrêter en chemin. Le Front de Gauche continuera à faire son travail. “ Ne vous reposez pas. Tant que c’est pas fait, c’est pas fait ”. Et Jean-Luc d’exhorter l’ensemble des forces de gauche : “ au lieu de nous attaquer, donnez nous un coup de main pour faire passer Marine Le Pen derrière nous ”.
Enfin Jean-Luc consacre une partie importante de son discours à la question de l’enfance. Comment notre société se comporte-t-elle vis-à-vis de ses enfants ? Voilà une question à mettre au cœur du débat public. Aujourd’hui le bilan de la droite est catastrophique. Il n’y a plus qu’un seul médecin scolaire pour 9500 élèves, plus qu’une seule infirmière pour 1600 élèves. Dans le même temps, la droite au pouvoir a fait voter 8 lois sur la répression des mineurs. 356 enfants sans-papiers sont aujourd’hui enfermés dans des Centres de rétention dont 210 enfants de moins de 6 ans ! En 1958, l’ordonnance sur l’assistance éducative mise en place par le Général De Gaulle expliquait que “ la meilleure prévention de la délinquance, c’est la protection de l’enfance ”. En 2006, Nicolas Sarkozy expliquait que “ la meilleure prévention de la délinquance, c’est la sanction ”. Il nous faut rompre avec cette triste vision de l’enfance. Jean-Luc réaffirme qu’avec le Front de Gauche, la scolarisation sera obligatoire de 3 à 18 ans pour tous. Bien évidemment il faudra complètement réorganiser le système éducatif mais nous en avons les moyens. Enfin, Jean-Luc conclut sur la question de l’enseignement professionnels et balaie les idées reçues : “ il n’y a aucune tâche purement manuel. Aujourd’hui il n’est pas possible d’avoir une main sans la tête. Et la tête doit être bien faite ”.
Comme à chaque fois le meeting se termine en chanson. L’Internationale puis la Marseillaise sont reprises en cœur. Mais ce soir, nous chantons également le Chiffon rouge :
“ Compagnon de colère, compagnon de combat,
Toi que l’on faisait taire, toi qui ne comptais pas,
Tu vas pouvoir enfin le porter,
Le chiffon rouge de la liberté
Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d’amour, de justice et de joie ”
Le récit est de Souleymane Ba, les photos de Stéphane Burlot.