Gare de l'est – TGV 2209 – 13h40
Direction la Lorraine et Metz ! Ce soir Jean-Luc Mélenchon retrouve son vieil ami Oskar Lafontaine pour un meeting. A mes côtés dans le train, François Delapierre, le directeur de campagne, Sophia Chikirou, du service presse et bien d'autres camarades, plus habitués que moi aux rythmes effrénés des déplacements de campagne. Ce serait mentir que de nier mon excitation. Voilà, le train démarre…
TGV 2209 – 14h10
Metz, ça se prononce avec le "t" ? La discussion est lancée, à mesure que le train prend de la vitesse. C'est pendant l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par les Allemands, qu'on prend l'habitude de dire "messe", explique un camarade historien. Et Bruxelles, et Auxerre, et Montpellier ? Hein camarade, on dit comment ?
TGV 2209 – 14h40
Je bois beaucoup de café. Comme les cigarettes, j'en abuse peut-être un peu trop. Est-ce que ça me détend ou au contraire, ça m'excite davantage ? Je n'ai pas encore trouvé la réponse… Dans un TGV, le café coûte 2,40€. Je ne suis pas un routinier du TGV mais ce prix ne m'étonne même pas. Depuis que j'habite sur Paris, tout me semble plus cher…
Je vais où maintenant ? Tiens, j'aperçois des têtes qui me disent quelque chose. Ah oui, ce sont les journalistes qui suivent la campagne. Bon, je reste avec Sophia Chikirou et Éric Coquerel, nous allons attendre Jean-Luc Mélenchon. Depuis hier, il est en session au parlement européen à Strasbourg. Une heure à attendre. Bon sang qu'il fait froid !
En face de la gare – 15h45
On se réchauffe à l'intérieur d'un bistrot. Je change mes habitudes, cette fois-ci je bois un chocolat chaud. J'entame une discussion avec de jeunes journalistes. Échanges de nos courtes -pour l'instant- expériences médiatiques. "Ah tu faisais tes études à Tours ?" me dit l'une d'entre-elles. "J'ai du t'interviewer pendant la lutte du CPE". En effet, je lui répond. A cet instant, je me rend compte que je retrouve avec cette campagne présidentielle la même effervescence qu'en 2006 et le CPE… Prometteur ! Bon, Jean-Luc, on t'attend !
Metz – 16h20
Jean-Luc Mélenchon arrive. Direct devant la gare pour LCI, puis BFM. Les journalistes forment une troupe étrange, armés de cameras et de longues perches. Dans le froid lorrain, quelques badauds se regroupent autour. "Ah c'est Melenchon, je l'ai vu à la télé l'autre jour, sacré mec !" Allez hop, je monte dans le car spécialement affrété, direction le Palais des Sports. Sur la route, j'aperçois le stade de football de Saint-Symphorien. Nous arrivons sur les lieux du meeting…
Palais des sports de Metz – 17h
Je cours dans tous les sens. Où est passé le candidat du Front de Gauche ? Ah ça y est, je le rejoins dans la salle. Jean-Luc Mélenchon rencontre le collectif pour l'emploi de la ligne Thionville-Philadelphie. Il se voit remettre un t-shirt de soutien, il est gêné quand il apprend que ce sont les membres de ce collectif qui se sont cotisés pour lui offrir. Je suis impressionné par son humilité, malgré les responsabilités qui pèsent sur ses épaules.
Palais des sports Metz – 17h35
Rencontre avec les représentants de OGBL, première force syndicale luxembourgeoise. Je prends conscience du problème, rarement abordé, des travailleurs frontaliers. Beaucoup de Lorrains vont travailler au Luxembourg, étant donné le fort taux de chômage ici.
Palais des sports Metz – 18h20
Moment de calme, mais on continue à travailler ! Jean-Luc Mélenchon prépare son intervention de ce soir, avec ses collaborateurs. L'actualité est brûlante… Et puis dans quelques minutes, interview en direct sur France 3. On n'est pas fatigué !
Palais des sports Metz – 18h50
Le service d'ordre est sur le qui-vive. Il faut accueillir les participants du meeting, gérer les journalistes… Ouf, j'ai un badge "organisation", précieux sésame au moment où j'écris ces quelques lignes. Maintenant, je vais dans les coulisses, Oskar Lafontaine ne devrait pas tarder.
Palais des sports Metz – 19h
Conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon. Tranquillement, le candidat répond aux questions des journalistes. Eh oui ! c'est pas toujours le clash entre-eux.
Palais des sports Metz – 19h25
Arrivée d'Oskar Lafontaine.
La poignée de main est fraternelle.
Nous croyons à la retraite à 60 ans. Oskar : "c'est dommage que les socialistes français veulent faire la même politique que Schröder en Allemagne". Eh oui, on voit déjà les dégâts de la reforme Harz IV…
Une journaliste : "vous donnez un interview dans Gala cette semaine, c'est surprenant". Jean-Luc Mélenchon : "comme ça on voit que je suis pas un bolchevik avec un couteau entre les dents."
On lui demande s'il publiera des photos de sa famille pendant la campagne et mettre en scène sa vie privée. "Jamais !"
Les journalistes en redemandent, mais Sophia Chikirou interrompt les délices : "excusez-nous, mais le meeting va bientôt commencer, il faut que les cameras puissent s'installer". Vite l'ascenseur, on se dépêche !
Palais des sports Metz – 20h10
Je suis dans les coulisses. J'entends dire qu'il y aurait déjà 2500 personnes. Le directeur de la salle commencerait à se poser des questions sur le respect des normes de sécurité, si la foule continue de grossir. Quand Marine Le Pen était venue à Metz pour son soi-disant meeting ouvrier, ils n'étaient même pas un millier. Les médias le relèveront-ils ? Je file dans la salle du meeting. Mince, le responsable de la sécurité va vraiment s'inquiéter ;) Le « peuple » a pris place.
Palais des sports Metz – 20h15
Quelqu'un m'interroge : "mon frère voudrait suivre le meeting en direct sur internet…" Je me renseigne… Et zut, ça ne marche pas toujours comme prévu, "il y a eu un pépin" m'explique un membre de l'équipe technique. Bon tant pis, je retrouve la personne qui m'avait questionné : "ton frère pourra revoir la video dès demain sur internet, desolé".
Palais des sports Metz – 20h20
Oskar Lafontaine et Jean-Luc Melenchon montent sur scène, sous les vivas. C'est la première fois que je me retrouve derrière une scène de meeting. Je me dis que face à 2500 personnes, il faut assurer. Pas de soucis pour Oskar. Et dans un très bon français, s'il-vous-plait !
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Palais des sports Metz – 20h35
"Nous sommes au service d'une grande cause, celle du socialisme. Nous combattons Angela Merkel, non pas parce qu'elle est allemande mais parce qu'elle est libérale. Vive l'internationalisme !" Jean-Luc Mélenchon a pris la parole. "le rouge est de retour". Dans la salle, je ne suis pas le seul à être conquis. Je m'enflamme si je dis qu'il se crée un lien particulier entre le candidat du Front de Gauche et les Français ?
Palais des sports Metz – 21h30
Un discours de Jean-Luc Mélenchon, c'est comme au concert de son chanteur ou de son groupe favori, on est pris aux tripes. Ça démarre fort, ça finit en fanfare. J'ai regardé les visages des participants de ce meeting : absorbés par cette musique révolutionnaire. Lorsqu'il parle des conditions des travailleurs, beaucoup de monde acquiesce. Pour autant, ce ne sont pas de simples spectateurs. Ils ne sont pas là comme on est assis dans son canapé. Ils écoutent, ils rigolent et répondent aux blagues que peut lancer le candidat. Oui, il fait son show. Mais chaque phrase, même les plus humoristiques sont chargés de sens. Profondément politique.
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Palais des sports Metz – 21h55
Le meeting est terminé. On chante l'Internationale puis la Marseillaise. « Il y a du rouge dans le drapeau français ». Et dans beaucoup d'esprits des gens qui sortent maintenant de la salle. Comment Jean-Luc Mélenchon fait pour tenir ce rythme de dingue ? Je crois avoir compris : cette foule, cette espérance nouvelle qui se lève, cette envie de changer la donne.
Bon, c'est pas tout mais pour garder la patate, il faut aussi manger. Un petit verre pour la route, Jean-Luc ?
Parking du palais des sports Metz – 22h50
On est dans le car, en partance pour l'hôtel. Après l'effort, le réconfort. La pression se relâche. Un dîner bien tardif, vu l'heure, nous attend. Jean-Luc est déjà parti se reposer. Je ferai de même dans quelques heures. Fatigué mais prêt à revivre l'expérience. A bientôt !
Gare de Metz – 19 janvier – 8h56
Voila, ce déplacement lorrain touche à sa fin. Je monte dans le TGV qui nous ramène à Paris. Bon, un retard de 30 minutes à l'arrivée est annoncé. Pas grave, on se reposera un peu plus longtemps comme ça. Je suis fatigué et la nuit fût courte. Avec les camarades, on s'échange les différents titres de presse. "Pourquoi ce journaliste ne donne-t-il pas le vrai nombre de participants au meeting ?" Le directeur de la salle avait annoncé plus de 2500 personnes, pourtant dans un article de la PQR, un journaliste parle de moins de 2000… Ah, la fameuse objectivité journalistique !
Tiens, je vais lire Gala, il parait qu'il y a une super interview cette semaine…
Au revoir Metz, Paname je reviens !
Le récit est de Paul Degruelle