02juil 14

La vie hors de Sarkozy et du foot!

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Dans ce post je proteste contre la sanction imposée par l'empire nord-américain à la banque française BNP. Elle vient de lui être infligée sans que la France de François Hollande ne résiste une seconde. J'ai interrogé la Commission européenne sur le sujet car le cas n'a rien de juridique : il est entièrement et exclusivement géopolitique. Du coup, bien d'autres banques européennes sont sur la sellette. Mais pour la présidence française, ce n'est pas un souci. Aujourd'hui encore, le gouvernement a permis la fusion de l'entreprise qui produit les chars Leclerc avec son homologue allemande. Après Alcatel, Alstom, EADS, on voit bien comment l'« irealpolitik » et l'angélisme atlantiste des solfériniens confine à la haute trahison. L'indépendance nationale, gage de la liberté des décisions des citoyens français, est hélas le thème honni des libéraux et des gauchistes qui s'accordent pour en faire une variante du chauvinisme. Les déclinistes de la "grande presse", pas toujours désintéressés, sont très attentifs aux lobbies qui vivent de ces sortes d'abandons. Ils viennent en général fermer la marche du cortège funèbre. Il ne faut plus fermer les yeux ou continuer à agir comme s'il n'y avait pas d'urgence. J'ai la ferme intention de faire entrer ce débat à gauche. Je commence aujourd'hui avec ce post. 

Les princes qui menaient la Fronde sont rentrés au Palais. Bien enflés de vent médiatique, il n'en n'est pourtant plus resté qu'un seul pour s'abstenir sur cent qui plastronnaient ! Drôle d'époque ! J'ai voté contre la guerre du golfe de François Mitterrand, que j'aimais et respectais, parce que je la désapprouvais, contre le statut de la banque centrale européenne, contre le passage à l'euro. J'étais socialiste. J'ai été suspendu, blâmé et rappelé à l'ordre pour cela. En suis-je mort ? Est-on de gauche pour autre chose que pour agir selon sa conscience ? Voter contre un budget rectificatif d'austérité présenté par un président que personne n'aime et un Premier ministre que la plupart déteste est donc si difficile ? Non. Il y a autre chose. Quoi ?   

J'ai retrouvé l'hémicycle de Strasbourg. Les torrents de préchis-préchas libéraux ont immédiatement repris dès que la parole a été donnée. Avant ça, le décor de la grande coalition avait été solidement remis en place. Les sociaux-démocrates et la droite, l'UMP et le PS, se sont remis en couple pour faire la pluie et le beau temps. Martin Schulz, le grand héros de la lutte socialiste en France et en Europe, a retrouvé son fauteuil de président avec une écrasante majorité des « socialistes » et de la droite. La seule brèche dans le mur de béton de la dictamolle européenne aura été le discours de Pablo Iglesias, notre camarade espagnol de "Podemos" à qui nous avions confié le soin d'être notre candidat pour la présidence du Parlement.

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26juin 14

La vie à tâtons

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Le début de semaine a été bien déprimant dans ce qu’il est convenu d’appeler « la gauche parlementaire ». Les socialistes désolés, les verts insurgés, et les diverses variétés de ces étranges « frondeurs », opposants médiatiques bien intéressants, ont été mis au pied du mur. Il s’agissait du vote de la réforme ferroviaire. Pschitt ! Ils se sont tout simplement évanouis dans le décor à l’heure de choisir entre le mouvement social et l’obéissance à Manuel Valls. Tous ont voté contre les cheminots et pour la privatisation du rail. Tous, sauf un au PS ! Tous, sans exception, chez les Verts. Banal pour le PS. Ils votent pour cette privatisation au Parlement européen. C’est la ligne social-libérale caractéristique. Mais les Verts ? Ils ont voté contre le paquet ferroviaire au Parlement européen ! On comprend pourquoi. La libéralisation du rail c’est le recul de l’investissement dans le secteur des transports collectifs, le gâchis des couts de concurrence, gestions et publicité plus dividendes à verser aux actionnaires. L’anti écologie par excellence ! Alors pourquoi les députés Verts à Paris ont-ils voté à l’inverse de leurs collègues à Strasbourg ? C’est clairement un gage de complicité donné au gouvernement et un signal droitier qui va à rebours des messages d’opposition que donnent les instances locales et nationale de leur parti.  

Arrive la suite. Le budget de l’Etat pour cette année est remis en chantier. Cela s’appelle un « collectif budgétaire » ou bien un « budget rectificatif ». Le débat a commencé mardi 24 juin. Le vote sur l’ensemble de ce budget rectificatif de l’Etat aura lieu mardi prochain premier juillet. Puis l’Assemblée examinera pendant une semaine le budget rectificatif de la Sécurité sociale. Au total, ces deux textes essentiels engagent des dizaines de milliards circulant dans l’économie comme le sang dans l’organisme du pays. Un organisme aujourd’hui anémié au-delà du raisonnable. Pourtant, Manuel Valls prévoit une nouvelle saignée à hauteur de quatre milliards d’euros par rapport à ce qui était déjà prévu pour cette année. On se souvient que c’est surtout sur ce sujet que plusieurs voix s’étaient élevée parmi les députés PS et à Europe Ecologie pour contester cette logique d’austérité. Qu’en restera-t-il ? Le moment se prépare bien mal. Déjà, le nombre de signataires des amendements contestataires ne permet pas de retrouver grand monde de la liste des frondeurs… Mauvais augure. Que se passera-t-il ? A mon avis ? Rien. Ils ne feront rien de ce qui compte. Ce qui compterait serait qu’ils votent contre. Mais voter contre un budget, c’est franchir le Rubicon. Et ceux que je vois installés au bord du Rubicon ne semblent y venir que pour laver leur linge sale. Rien de plus. Voter contre, ce serait avoir une volonté. Voter contre, ce serait se préparer à former une autre majorité, ce serait penser l’avenir du pays autrement. Ce serait avoir de la créativité et de l’ambition pour le futur. Mais l’ambiance de ce quinquennat de pantoufles percées n’a-t-elle pas déjà étouffé tous les caractères ? Hors des intrigues de palais, que savent encore faire tant de ces hommes et ces femmes arrivés dans cet hémicycle pleins d’idéaux ?

Dans ce post je parle bien sûr de ce vote budgétaire. Et aussi de la fin du feuilleton Alstom. Mais avant cela je traite de la rencontre du Front de gauche avec EELV. Je le fais parce que c’est une rencontre exceptionnelle. D’abord parce que pour la première fois de son histoire le Front se présentait en tant que tel, avec toutes ses composantes, pour une rencontre bilatérale. Ensuite parce que la discussion longue, argumentée et amicale n’a pas permis d’aller au-delà du point où sont encalminés les Verts aujourd’hui. Le point d’inertie.

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18juin 14

Chaud, le moment chaud !

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Je préfère en rire. Que je me donne cinq jours d’absence de France, puis que je renonce aux fatigues des émissions matinales à la radio et à la télé me vaut un papier dans le « Figaro » sur mon « retrait de la scène politique ». La « scène »… c’est bien dit. On évoque même avec délicatesse ma déprime de 2002 pour suggérer que je suis peut-être de nouveau malade. Quelle élégance ! Mais surtout, quelle comédie ! Les mêmes ne s’émouvaient guère de notre manipulatrice disparition de la scène médiatique pendant les élections municipales et européennes !

Certes, ce n’est pas là le fait marquant de la vie médiatique. La haine aveuglée des médias contre les cheminots et leurs grèves est un révulsif autrement plus notable ! Bien sûr, c’est un classique. On y revient à chaque grève et à chaque diminution des droits de grève dans le service public. Dans le contexte d’un pays à 25 % d’extrême droite, la propagande médiatique anti-syndicale est une contribution directe à la propagande de celle-ci. L’usage obsessionnel des mots « prise en otage » résume l’incitation malsaine à la criminalisation de l’action syndicale qui est recherchée à cette occasion. Les professionnels du vocabulaire cherchent délibérément à provoquer la confusion entre syndicalistes et terroristes, conflit social et guerre. Que les cheminots fassent grève pour défendre l’intérêt général n’a pas effleuré un seul article, un seul reportage. Qu’ils en soient lourdement de leur poche juste avant les vacances ne veut rien dire pour un médiacrate gavé. Que la libéralisation du rail soit une calamité et un échec partout où elle a été appliquée n’est pas le débat pour eux. La seule question qui vaille ce serait la grève, pas ses causes. « Faut-il interdire la grève ? », demande même le Figaro. Question aussi choquante pour les libertés publiques que si les cheminots demandaient : « Faut-il interdire le Figaro ? ». Je m’amuse d’observer jusqu’où va l’esprit de caste chez ces croisés. Ainsi de l’argument glauque des malheureux candidats au bac qui seraient ainsi empêchés. Cela ne concernerait éventuellement, le cas échéant, que 7 % du total. Mais il y a plus intéressant à noter. Le savez-vous : le bac pro avait commencé depuis une semaine sans que les beaux esprits s’émeuvent du sort des jeunes gens concernés. Révélateur, non ?

Cette bataille sociale du rail en France n’est pas la seule. Le pays fourmille d’initiatives et de conflits partout sur le territoire. Celui des intermittents est exemplaire d’une profonde et légitime exaspération sociale. Cette situation entre en résonance avec un contexte de conflits, plus amples encore, qui touchent tout le sud martyrisé du vieux continent. En Europe, la pente des évènements entraîne tous les protagonistes vers un point de rupture dont l’enjeu va croissant. Après les maxi manifestations républicaines d’Espagne, la maxi manifestation de la CGT au Portugal demandant la démission du gouvernement et des élections générales. Clairement, dans l’Europe du sud, la rébellion tient la corde. Et les nôtres l’incarnent. Il n’en va pas de même en France et dans l’Europe d’outre-Rhin, où domine la pulsion d’extrême droite comme réponse aux saccages irresponsables des libéraux. C’est ce qu’analysait le conseil national du Parti de gauche ce week-end en même temps que se tenait celui d’EELV et du PCF. Je dis un mot de réflexion générale sur ce que ces réunions nous apportent selon moi.

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07juin 14

De l’Histoire au présent

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Des circonstances personnelles me tiennent éloigné de France pour quelques jours. J’écris entre mes devoirs. N’étaient-ce les rendez-vous que j’ai dû annuler, j’en serais tout à fait content. Car comme on le sait, la distance n’est rien désormais. On suit tout de près, même de loin. Mais la distance kilométrique suggère son équivalent intime : mettre à distance. L’exercice tient davantage de la philosophie pratique (que valent les autres ?) que de l’art de voyager. N’empêche : d’où je suis, je vois la mer et ça aide. Les côtiers et les insulaires savent de quel remède il s’agit. Regarder les vagues moutonner, c’est les faire entrer dans l’esprit et, de là, dans tout le corps. Il peut en résulter une plage aussi lisse que fraîche. Il est vrai qu’à présent on voit les déchets suivre le fil de l’eau jusqu’au sable. Notre civilisation est celle des déchets massifs. Il faut bien que ça finisse quelque part, et mieux vaut cela que les gires sans gestion qui défigurent les océans. Je laisse donc les ordures médiatiques accumulées en six mois de campagne revenir aux lisières de l’esprit qui les avaient écartés par hygiène mentale. Je suis comme brûlé, et il m’en cuit de retrouver ces sortes de remugles. Mais il faut traiter.

Cette fois-ci je n’écris que peu. De toutes les farces que je vois de loin, toutes ne m’émeuvent pas de même. D’aucunes sont bénignes, comme ces célébrations reconstruites du débarquement en Normandie. Si notre tour vient, on passera davantage de temps à célébrer celui de Provence où s’illustrèrent les maghrébins, et on célébrera ceux qui s’enrôlèrent avec Leclerc ou la Résistance plutôt que de se trouver des bonnes raisons à faire les lâches qui « ne peuvent pas partir tout de suite ». Et on mentira moins sur la chaude amitié de ceux qui tentèrent de nous imposer une administration d’occupation, pactisèrent avec Pétain et sa bande jusqu’à la dernière minute et tentèrent même d’éliminer De Gaulle au profit de marionnettes comme le général Giraud ou cet amiral collabo Darlan, fort heureusement expédié au diable par les gaullistes d’Algérie. Mais puisqu’il s’agit d’Histoire et de sa pertinence à construire les représentations et rites du présent, comment nommer la sidération qui m’a saisi comme tant de gens en découvrant le carnaval de François Hollande et de sa petite équipe qui gesticule dans des habits trop grands ! La carte de France comme un légo pour technocrate ! L’estomac se soulève. On transpire, on reste sans voix. Tout ce qui peut être fait pour empêcher cette vivisection de notre pays doit être mis en branle-bas de combat.

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30mai 14

Pendant que la poussière retombe

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Ces quelques lignes sont destinées à rassurer les amis qui s’inquiètent de mon silence. Je suis très honoré de leur inquiétude. Je leur dis ce que l’expérience de la lutte apprend : après le choc, il faut donner son temps à la poussière pour retomber. En ce moment je participe activement au processus de discussions collectives qui occupent notre calendrier au Parti de gauche. On analyse ensemble. Avec soin, en dépit de l’immense fatigue qui nous accable tous. Et dans le retour en boomerang de tous les problèmes de nos vies personnelles si malmenées dans cette interminable campagne. Tant que nous n’aurons pas conclu, tous ensemble, tant que je n’aurais pas fini de recharger l’éponge à idées auprès de mes camarades, je ne m’en sens guère pour allonger le torrent commentateur actuel. Je n’ajouterai pas donc ma contribution au flot de ce que je lis et lirai encore à propos du score du Front National. Ce genre politologique a tendance à tourner en rond depuis vingt ans autour des mêmes compilations d’analyses sociologiques et de notations psychologisantes. J’y trouve souvent une sorte de déterminisme mécaniste finalement moins utile qu’il y paraît. En objectivant les causes, on finit par oublier les effets et par nier les dynamiques qu’ils contiennent. A la fin, je pourrai même m’intéresser davantage à ceux qui produisent ces commentaires qu’à l’objet qu’ils pensent traiter. Car, après tout, n’est-ce pas là l’énigme la plus troublante ? Tant de profondes pensées en trente ans. Si peu de résultats !

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