05mar 14

La stratégie de l’outrage permanent

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Dorénavant, il me faut marcher quasi-quotidiennement sous l'outrage. J’évoque en début de post celui que me fait subir le postillonnant Cohn-Bendit. Puis, je parle de l'Ukraine, qui occupe le devant de l'écran. Peut-on parler de la situation autrement que comme pendant la Guerre froide ? Peut-on choisir la paix ? Peut-on regarder les Russes comme des partenaires plutôt que comme des ennemis héréditaires ? J'essaie. Les brutes, pendant ce temps, psalmodient. Après cela, je fais la dénonciation argumentée de la nouvelle escroquerie de Valls pour l’annonce des résultats des prochaines municipales. Ensuite, je vous fais la présentation du travail incroyable du programme européen des solfériniens. Vous y découvrirez comment ce qu’il propose sous le nom de smic européen conduirait à réduire le smic en France sous couleur d’en créer un au niveau européen. Et comment celui qu’ils ont prévu d’instituer n’en est pas un et ne règle aucun des problèmes du dumping social qui mine l’Europe. 

J’ai achevé d’écrire ces lignes à Bruxelles où je me trouvais pour participer à la seconde session de fondation du réseau européen écosocialiste. Cette fois-ci, dix-neuf pays sont représentés et le réseau est officiellement constitué avec un secrétariat technique et une déclaration de principe évolutive. Ainsi, parmi toutes les tâches qui nous accablent, nous avons continué à travailler sur le fond et pour la construction d’une organisation idéologiquement alternative. 

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25fév 14

De Nantes à Florange, le temps des dégoûts

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Ce matin-là, en roulant vers France Info à l‘arrière de la moto taxi, j’ai vu le jour à peine levé colorer, en rasant l’horizon, les monuments de la place de la Concorde et le fond du paysage. Le pyramidion de l’obélisque, le toit des Invalides et les chevaux du pont Alexandre III avaient pris la couleur de l’or rouge. La beauté des choses dilua l’amertume des mauvaises nouvelles du matin. Elles venaient de l’Amérique latine. Nous venions de perdre Quito aux élections municipales en Equateur et quelques autres villes d’importance. Du Venezuela aussi m’était arrivé un flot d’informations très contrariantes sur le déroulement de l’offensive putschiste de la droite contre le gouvernement. L’écœurante agressivité des médias, leurs méprisables truquages montrant des scènes de rue filmée en Syrie ou ailleurs pour les imputer au Venezuela, tout cela me faisait mesurer le niveau de l’adversité que nous affrontons. On venait de vivre en France le lamentable numéro des provocations dans les rues de Nantes. C’est assez pour savoir comment un système d’information docile peut détourner un débat de la question d’un grand projet inutile vers une injonction à tous de condamner ses opposants criminalisés. Notre camarade Françoise Verchère, conseillère générale du canton où Ayrault veut construire son aéroport, pointe les bizarreries de la situation qui font penser à une manipulation de la violence dans les rues de Nantes. Mais, lundi, l’occasion d’être écœuré avait déjà changé d’accroche avec l’adoption de la loi Florange, pauvre reste sans consistance du candidat Hollande.

Fort heureusement, madame Le Pen est allée au salon de l’agriculture. Elle y a dénoncé le grand marché transatlantique. Les médias habituels ont aussitôt relayé sa précieuse parole. Les mêmes n’avaient pas consacré une ligne aux motions que nous avons déposées et faites adopter aux conseils régionaux d’Île-de-France et de PACA. Les mêmes, bien sûr, n’ont pas poussé la curiosité jusqu’à se demander ce qu’a voté le FN. Les mêmes viendront ensuite nous lancer finement : « vous dites comme madame Le Pen : vous dénoncez le grand marché transatlantique ». « Le Monde » devrait donc bientôt s’intéresser à une question dont il obère l’existence depuis dix ans. Il faut comprendre : en difficulté financière et en panne de lectorat, « Le Monde » essaie de regagner des parts de marché à droite en consacrant de nombreux publi-reportages sur madame Le Pen. Encore une belle page ce mardi ! Pour ma part, je reviens sur la question car nous venons d’entrer dans une nouvelle phase de notre campagne contre ce nouveau traité.

Mais c’est aussi l’international, mon sujet, ce jour encore. Je n’évoque pas cette fois ci l’Amérique du sud mais l’Ukraine et la Tunisie où se joue, d’une façon ou d’une autre, le sort de nos sociétés !

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19fév 14

Jour de dictamolle

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La dictamolle, ce n’est pas la dictature. La dictature est rustique. Elle surveille, réprime et nécessite une vigilance de chaque instant. En dictature, il y a des morts. La dictamolle est bien plus efficace. Sa formule générale d’action est « cause toujours tu m’intéresses ». Rien ne sert à rien, tout veut dire n’importe quoi et même son contraire. La dictamolle est une situation d’autoritarisme insaisissable. Tout simplement parce que le dictamou vit dans la demie-teinte, mi-chair mi-poisson. Tel le caméléon, il se confond avec le paysage qu’il occupe ; il tient tout le monde hors de portée sous un feuillage de mots truqués, d’humour de muscadin, de blagues et de jeux de communication. La dictamolle de Hollande est un exemple de ce que l’on peut faire dans ce registre extrêmement exigeant en matière de cynisme post-électoral et d’absence d’affect face aux souffrances qu’on déclenche. Mais cette semaine, le dictamou a commis une erreur. Il s’est laissé trop aller dans le paysage qu’il occupait. Et c’est ça qui le rendait trop visible. Bisouter des patrons très discutables, admirer bouche bée le président démocrate qui a espionné son pays : tsssss ! tsssss !

L‘insatiable Pierre Gattaz, celui que Hollande nous demande d’applaudir, veut réduire « le stress » des patrons. Quelle impudence que ces mots quand on sait ce qu’est devenue la vie pour les salariés dans tellement d’entreprises ! Et quand on sait quelle pluie de bienfaits Hollande a déjà fait couler sur la caste cupide et insatiable dont Pierre Gattaz est le pleurnicheur en chef. J’écris donc ici sur ce qu’est vraiment le MEDEF. Devant Danielle Simonnet qui le mouchait à Paris sur sa prétendue représentativité, il faisait moins le faraud que sur les épaules de François Hollande ! Il s’est sauvé par une porte dérobée. Le MEDEF est un groupuscule bien placé. Faire comme s’il représentait « le patronat » est un contre-sens. Faire comme s’il représentait « l’entreprise » est une imposture. Je le démontre. 

Tenir tête, haut et clair, comme l’a fait Danielle Simonnet à Paris : voilà le chemin à prendre. Trop c’est trop ! C’est le sens de la marche du « ras-le-bol de gauche » dont nous avons proposé le principe ensemble, NPA et PG, avec la proposition de la date du 12 avril prochain. Je ne parle pas ici seulement d’un état d’esprit à reconstruire. Je parle ici de l’entrée dans une nouvelle phase du quinquennat après les deux élections municipales et européennes. Car la déroute du gouvernement ne sera pas seulement un incident de parcours électoral. Le contexte n’est plus celui des alternances à la papa, connues dans le passé. L’ambiance aujourd’hui est d’abord celle d’une combinaison à haut risque. D’un côté, la panique des classes moyennes étranglées et déclassées sur fond de marée montante de la misère générale. De l’autre, la mobilisation exaltée d’une droite de la société unie autour de ses thèmes et objectifs les plus durs. Et, pour finir, l’effondrement de l’autorité du président en exercice. Deux pour cent de « très satisfaits », c’est du jamais vu. Un chiffre en deçà de la marge d’erreur. Les institutions ne sont plus une garantie suffisante face à une conjonction aussi détonante. Pas question de compter les points en attendant le désastre. Je reviens donc sur l’appel à la marche du « ras le bol de gauche ».

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14fév 14

François l’Américain

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François Hollande est un atlantiste de très longue date. Sa visite d’Etat aux Etats-Unis est pour lui une apothéose personnelle. Sur le plan politique, elle vaut certificat de bonne conduite délivré par l’Empire. Assorti d’un adoubement pour bons et loyaux services par le parti démocrate américain. A bouche que veux-tu avec Obama, Hollande s’est aussi livré a d’écœurantes scènes de fraternisation avec des patrons français et américains parmi les plus discutables, évadés fiscaux, délocalisateurs et sangsues de la défiscalisation. Tout cela a consterné les gens simples qui en ont été rendus témoins devant leur télé. Mais le plus méprisable de ces jours sans gloire restera son ralliement public sans condition au projet du Grand Marché Transatlantique. Est-il normal qu’un sujet aussi important, jamais évoqué par le chef de l’Etat en France ou devant les Français, soit abordé dans ces conditions ? Sous une signature conjointe avec le président de la partie contraire dans la négociation ? Et sur un mode aussi peu respectueux de l’intelligence de ses compatriotes ?

La réplique, nous venons de la lui donner au Conseil régional ile de France. A l’initiative de notre groupe, l’assemblée a adopté une motion déclarant la région Île-de-France « zone hors Grand Marché Transatlantique ». Et l’assemblée a donné mandat à Jean-Paul Huchon, de retour du voyage officiel, d’exiger l’arrêt des négociations. Le PS, incapable de se mettre d’accord, grâce à la résistance de sa gauche, s’est effondré devant la coalition d’arguments que nous avons formé avec les Verts et le groupe du PCF. En effet, cette fois-ci, le PCF d’Île-de-France a résisté aux injonctions du PS. Un petit signe encourageant dans une semaine si pitoyable de démonstration de subordination. On vient de le voir avec un retour sur l’affaire du logo du Front de gauche à Paris et dans les grandes villes. Hélas, alors qu’on croyait en avoir fini, nous y sommes replongés. Le PS a imposé au PCF parisien de rompre l’accord, pourtant a minima, passé avec ses partenaires sur ce sujet deux jours avant. Et il a imposé à Pierre Laurent lui-même un meeting avec Anne Hidalgo dans le vingtième arrondissement où il n’y a aucun danger pour la gauche qui s’y trouve ultra majoritaire. Mais c’est l’arrondissement de la tête de liste du Front de gauche, Danielle Simonnet. Qui paie commande. Résultat : la confusion est à son comble. Nos électeurs, à juste raison, se demandent à quelle sauce seront préparées les élections européennes et si nous allons devoir y supporter de nouveaux arrangements avec les socialistes et leur Europe. Comment aller les rassurer et les entraîner, flanqués des co-listiers de Jean-Marc Ayrault, Anne Hidalgo et de combien de ministres et de députés qui soutiennent la politique de droite du gouvernement en France et en Europe ?

Ici je vous fais une revue de détail de l’humiliante prestation présidentielle et de ce qu’elle annonce pour le pays. Puis je raconte un peu de mon stimulant séjour en Haute-Vienne, Creuse et Dordogne. Et j’évoque le retour épuisant à la « crise du logo ».

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10fév 14

Marchons, marchons !

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Ayrault et Hollande pensaient qu’en déplaçant les motifs de conflictualité sur le terrain « sociétal », ils se feraient une santé de gauche. Ainsi auraient été masquées les forfaitures de la politique économique, sociale et sécuritaire. Une seule politique économique serait possible mais il resterait une différence de taille entre droite et gauche sur le terrain des droits civils. De la sorte, nous aurions dû nous taire sur la TVA et le « pacte de responsabilité » pour motif de solidarité face aux réactionnaires. C’est cette grosse embrouille étouffante que les Valls et consorts ont voulu nous vendre en agitant lourdement les fantômes de 1934 après les manifestations de droite et d’extrême droite. Mais le son de leur voix faisait bien entendre qu’il s’agissait moins d’une crainte que d’un espoir purement politicien. Harlem Désir en est même venu à proposer un temps une « marche de la fraternité » ! A cette occasion bien sûr, le PS aurait été amnistié de ses turpitudes le temps d’un simulacre d’indignation républicaine unanime. Grosse ficelle. Certes, il est temps de construire une nouvelle démonstration de force à gauche. A présent, beaucoup de monde, parmi les nôtres, semble convaincu qu’il faut agir spectaculairement. Nous avons entendu et lu Olivier Besancenot. Et de même Clémentine Autain ensuite.

Tout cela est très positif. Nous qui ne sommes pas parvenus à convaincre à propos de la marche nationale contre la TVA pour le 8 février, nous sommes entièrement disponibles pour lancer à notre tour un appel à l’action et à la révolte. Mais la condition de la réussite de cette action, c’est la clarté de l’objectif. On ne peut affronter les partisans de l’inégalité des droits civils qu’en faisant bloc sous les mots d’ordre de l’égalité sociale. On ne peut affronter les conséquences de la politique du gouvernement en faisant semblant de ne pas connaître les responsables ni de les nommer. Cette action de masse doit être une mobilisation d’opposition de gauche. Il faut marcher, oui, une fois de plus ! Mais il faut que ce soit un succès de nombre et de prise de conscience populaire. Le nombre pour obtenir au moins un résultat : faire la preuve de notre force non seulement aux yeux du pouvoir solférinien, qui aimerait tant en avoir fini avec cette force indépendante qui lui tient tête, mais davantage encore aux yeux du grand nombre qui doute de lui. Je viens sur le sujet et je relaie les opportunités que le terrain nous propose.

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