03jan 14

Ça (re)commence mal

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Je dicte ce post comme une carte postale, après celles que j'ai déjà envoyées depuis le 15 décembre. C’était alors mon départ de France. Et mon entrée en campagne contre la multinationale pétrolière Chevron, qui a déclaré la guerre au gouvernement progressiste de l'Équateur. Puis je suis sorti de Quito pour aller à Bogota, en Colombie, pendant quatre jours. Mon intention était de compléter, par quelques rencontres, la connaissance politique d'un pays qui est un pion central dans la stratégie des Nord-américains dans le cône sud. À vrai dire, je voulais aussi avoir des contacts directs, qui me permettent de maîtriser davantage que j'ai eu l'occasion de le faire dans un passé récent, le thème de la violence armée dans le combat politique. Les hasards de mon époque et de mon engagement m'ont conduit à plusieurs reprises aux frontières de cette réalité et au cœur des débats qui l'entouraient. On s'étonnera peut-être de m'y voir revenir. Mais, à mes yeux, dans la tâche de reconstruction idéologique et stratégique qui nous occupe à cette heure, depuis l'effondrement de la social-démocratie après celui du communisme d'État, je crois que le devoir d'analyse du passé ne doit laisser de côté l'examen d'aucune stratégie. Aussi bien, la violence est de retour, sous bien des formes aiguës, et je ne crois pas un instant qu’elle soit promise à reculer dans les années qui viennent. De ce bref séjour, je ne raconte qu’une rencontre. C'est que la matière est encore bien brûlante et ses protagonistes très exposés. Je ne vous apprends rien en vous disant que j’ai aussi été un actif représentant du « Manifeste pour l’écosocialisme » au fil de mes rencontres, autant en Equateur qu’en Colombie. Ces petits pas individuels vont bientôt se rejoindre au plan mondial, si nos affaires vont aussi bien que nous l’apercevons en ce moment sur ce plan.

Bien sûr j'ai suivi, de loin, comme beaucoup dans cette période, la désolante actualité de mon pays saccagé par la cupidité de possédants ineptes et la servilité de gouvernants lamentables. J'ai balancé quelques Tweets qui m'ont permis de soulager, dans l'humour, la peine et la rage que m'inspirait ce que j'apprenais. Après la rigolade post coloniale au dîner du CRIF, il aura fallu supporter le commentaire hallucinant des mauvais chiffres du chômage par Michel Sapin, avant de devoir subir le léchage de babouches dans les Emirats par le président français, ou ce qu'il en reste. J'en étais là, et j'avais même surmonté, tout comme mes huîtres, les bâillements que m'avait inspirés l'écoute sur internet des psalmodies de François Hollande le 31 décembre ! Arrive alors l'annonce d'une nouvelle turpitude de ce gouvernement "de gôche". Les cinq militants syndicalistes de Roanne, qui avaient fini par gagner le procès qui leur était fait pour avoir refusé de donner leur ADN, ont appris que le Parquet, c'est-à-dire le gouvernement, faisait appel de la relaxe. Restons optimistes : le PS, qui a déjà refusé l'amnistie des syndicalistes et qui exige à présent leur condamnation, peut tomber plus bas. Jour après jour, chacun va découvrir l'impact de l'augmentation de la TVA sur son budget familial. Je forme le vœu que nous soyons capables d'engager la mobilisation civique pour faire annuler cette honteuse ponction antisociale. Et puisque c'est la saison des vœux, voici le plus important des miens : je souhaite au Parti socialiste et à ses listes, aux municipales comme aux européennes, la raclée électorale la plus terrible ! Il s'agit non seulement d'affirmer notre rôle d'alternative, mais aussi de provoquer dans ses rangs le choc nécessaire pour que la meilleure part de lui-même se libère de sa soumission actuelle.

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23déc 13

L’affaire Chevron

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Comme on le sait, je me trouve à présent en Équateur. La première difficulté de ce voyage politique aura été d’en fixer la date. Il me fallait trouver le moment où l'activité politique en France et en Europe est assez ralentie pour que je puisse m'en abstraire sans dommage pour l’action de notre mouvement. Mais il faut aussi arriver à temps ici, où le ralentissement de la trêve des confiseurs a également lieu. C'est ainsi que mon départ a été fixé au 15 décembre. Car, compte tenu des élections, il ne pouvait être question pour moi de reporter à la fin du premier semestre de l'année 2014 l'engagement que j'avais pris de m'impliquer dans la campagne du gouvernement de la révolution citoyenne en Équateur face à l'agression de la multinationale Chevron. Dans cette note, je raconte cette affaire et le combat qui doit être mené.

Amazonie 1

Au moment où je bouclais mes lignes j'ai découvert la sotte plaisanterie de François Hollande sur l'Algérie. Je la trouve extrêmement significative d'un état d'esprit. Elle exprime une forme d'arrogance que l'ambiance de la réunion a sans doute contribué à libérer. Car nous ne perdons pas de vue que le chef de l'État s'exprimait devant une association prétendument représentative d'une communauté qui ne s’y implique que très peu. Il participait en effet à une réception pour les 70 ans du CRIF, association qui est surtout connue pour son dîner annuel. Cet évènement mondain, haut lieu de toutes les vanités, est sans doute un des lieux les plus stupéfiants de notre pays. Les responsables gouvernementaux se bousculent pour y être invités, alors même que la laïcité de l'État devrait leur recommander exactement le contraire ! Une fois rendue sur place, ceux-ci se font admonester et tancer à propos de la bienveillance plus ou moins grande de leur gouvernement à l'égard de celui d'Israël, sujet qui, à mon avis, devrait être réservé aux dîners de l'ambassade de ce pays ! Enfin, cette association prétend délivrer, avec ses cartons d'invitation, des brevets de respectabilité. Les esprits faibles les savourent. Car, à l'inverse, elle prétend aussi  stigmatiser ostensiblement ceux qu'elle déclare « ne pas inviter ». Ainsi, l'an passé, l'association avait fait sonner tambours et trompettes pour faire savoir qu'elle « n'invitait pas le Parti Communiste ». Cette année, dans un amalgame encore plus insupportable compte tenu du contexte dégradé que nous connaissons, les mêmes ont décrété qu'ils n'invitaient pas, « le Front National naturellement pas plus que le Front de Gauche ». L'offense que contient cette assimilation autant que le communautarisme échevelé de la circonstance auraient dû conduire François Hollande à passer sa soirée ailleurs ou, au minimum, à ne pas se laisser entraîner par l'ambiance. C'est le contraire qui s'est produit, et je crois que cela fait sens. Bien sûr, le dommage passera. L’attention ira ailleurs, par distraction autant que par nécessité. Mais ces sortes de parole font un mal que des frivoles comme Hollande et sa cour ne mesurent pas ! Elles travaillent l’imaginaire collectif en flattant ses plus bas instincts, elles enkystent les préjugés les plus bornés, elles ont la fonction émolliente qu’ont dans leur domaine les prétendues « blagues » machistes ou racistes ! Pour trois qui rigolent, cent qui ont la nausée.

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19déc 13

A Lago Agrio, au puits numéro 4, opération "la main sale de Chevron"

Chevron : crime écologique contre l’humanité

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En plein coeur de la forêt amazonienne, la multinationale Chevron a créé mille piscines dans lesquelles elle a déversé du pétrole résiduel, de l'eau polluée aux métaux lourds et les produits chimiques de son exploitation. Ces piscines sont censées avoir été nettoyées. Il n'en est rien. Une mince couche de terre jetée a servi à masquer la situation. De plus, la plupart des piscines n'ont pas été déclarées et elles ont contaminé tout l'environnement proche et lointain par ruissellement.

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16déc 13

De Bogota

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Je suis de nouveau sur les grandes distances. Pour la deuxième fois de l’année, je suis en Amérique latine, au milieu de mes dix voyages internationaux de l’année. Je me rends en Equateur, à l’invitation du gouvernement de ce pays. C'est le début d’une campagne de longue haleine pour moi, comme on le verra. Il s’agit pour l’instant de participer à l’opération des témoignages internationaux contre la multinationale « Chevron » qui a souillé l’Amazonie, comme deux ou trois pétroliers en même temps l’auraient fait en s’échouant sur nos côtes. Laquelle multinationale fait à présent un procès à l’Etat Equatorien et met en jeu un de ces tribunaux d’arbitrage. Tribunaux privés qui sont l’avenir lamentable du droit international, en violation de la souveraineté des peuples et des lois que votent leurs députés. Ce sera bientôt à l’ordre du jour en Europe si le Grand Marché Transatlantique est créé, car les Etats-Unis et la Commission Européenne en sont partisans. De tout cela, je ne parle pas cette fois-ci, mais dans mes prochains posts, après que j’ai commencé mes pérégrinations. Mardi et mercredi, je serai en Amazonie.

Ici, je retiens seulement ce qui me revient au cœur au moment d’écrire. J’ai commencé la semaine par le procès de Béthune, que j’ai engagé contre Marine Le Pen à propos du faux tract à mon nom qu’elle a fait distribuer pendant notre affrontement dans la législative du Pas de Calais en 2012. Puis j'étais au Parlement européen, où ce procès m’a fait rater quelques grands dossiers, mais où j’ai eu fort à faire. D’abord parce que j’ai participé a une réunion publique, à l’Université de Strasbourg, sur le sens du texte « Horizon 2020 » de l’Union européenne à propos de la recherche. Ensuite, dans le travail parlementaire. En témoigne mon blog Europe, auquel je vous renvoie, comme je voudrai que vous le fassiez pour suivre ce qui se passe à ce niveau de réalité, si obscur pour tant de Français. Il y a six ans que je tiens ce blog avec mes collaborateurs. Des centaines de votes sont ainsi expliqués et les fiches argumentées sont mises à disposition pour une très grande proportion de textes. Pour cette session, mes visiteurs pourront assister à un fait doublement rare : ma prise de parole effective. C’est-à-dire orale et non écrite (puisque je me défoule à l’écrit de tout ce que je ne peux faire à l’oral). Rare d’abord parce que je n’ai (presque) jamais la parole. Cela non seulement du fait du peu de temps dont dispose mon groupe, mais aussi du fait que pour ce qui revient aux Français, il faut encore partager entre nous, opération qui n’est pas toujours simple, même quand tout le monde y met de la bonne volonté. Rare ensuite parce que je fais un discours… d’une minute ! Ce qui n’est pas mon « format », comme on le sait…

L’évènement européen de la semaine, c’est la capitulation du SPD devant Merkel. L’onde de choc de cet évènement n’a pas fini de traverser le continent. L’évènement, sinon, c’est l’alunissage des Chinois. 37 ans que les humains n’avaient pas été capables de réaliser cette opération. Bravo la Chine !

Ici, je vais venir sur trois évènements, donc. La contre-révolution libérale en région Bretagne avec Jean-Marc Ayrault, le procès de Béthune, le congrès du Parti de la Gauche Européenne.

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08déc 13

Je fais le job à Saint-Girons

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Jeudi, de Blagnac, j’ai pris la route vers Saint-Girons dans l’Ariège. De là je suis revenu le lendemain à Toulouse pour le lancement de la liste du Front de Gauche que conduit Jean Christophe Selin. L’après-midi, j’étais l’invité des étudiants de l’école d’étude supérieure de commerce de Toulouse et plus de sept cent jeunes me tinrent en haleine selon le chiffre donné par l’école alors que j’en annonçais cent de moins ! Je musarde donc ici dans mes impressions de séjour. Chemin faisant, on me fit bien des confidences sur les prochaines européennes, pensant m’intéresser à y revenir comme candidat, puisque chacun sait bien que je ne le suis nulle part à cette heure. J’ai dit en route ce que je pensais de l’intervention en Centrafrique. Puis du départ de Mandela et de la journée d’hypocrisie qui entoura les adieux.

La prostate d'un candidat socialiste, le père naturel d'une députée, les manipulations d’un photographe de balcon… jusqu'où ira la malveillance voyeuriste du système médiatique, jusqu'où ira le goût de créer du sensationnel à n'importe quel prix ? Cette volonté d'humilier l'action politique signale une aggravation de la dérive qui entraîne la caste des médiacrates vers un sensationnalisme de plus en plus malsain, implicitement porteur d’une vision de la société et de la politique plus proche de l’extrême droite que de la République. C’est sans doute un effet du discrédit radical qui atteint ce rouage de l’ordre établi condamné par l'évolution des techniques et le mépris du public. Celui-ci achète de moins en moins les journaux et classe les médiacrates plus bas encore que les hommes politiques. Cela veut dire que le mépris du public vient de loin, des profondeurs du pays, d’une lente évaluation personnalisée de leur rôle. Un sondage du CEVIPOF, que je découvre dans un éditorial de « La Dépêche » le confirme. Il affirme que 77% des sondés n’ont aucune confiance dans les médias. Il s’agit évidemment de l’information politique et sociale. Il ne reste donc que 23 % de gens pour y croire ! Nous atteignons là un seuil incompressible du mépris. 23 % c’est seulement deux points de mieux que François Hollande, quatre points de plus que Ayrault. La cause est entendue semble-t-il. Mais j’y reviens cependant à propos de la manipulation dont nous avons fait l’objet à propos de notre marche du 1er décembre pour la révolution fiscale. Car à la fin de la séquence, ce fut bel et bien le sketch de l’arroseur arrosé. Les trafiquants d’images n’étaient pas ceux que l’on croyait. S’il en est ainsi, ce n’est ni par complot ni par consigne. Juste un mélange de la désinvolture professionnelle, d’un système qui veut du spectacle en permanence et d’une complaisance de principe pour la parole officielle et les désirs qu’elle exprime implicitement.  

Et comme j’en suis au décryptage de l’information spectacle, je viens sur le flot de ricanements à propos du classement PISA contre l’éducation nationale républicaine. Celui-ci a évidemment fait les délices des déclinistes de tous poils. Au cas précis, l’appât du gain qu’engendre l’idée d’ouvrir davantage encore le marché du savoir et l’action des lobbies du secteur stimule aussi beaucoup les enthousiasmes à décrier l’école publique. Et sur le fond, il y a surtout cette vieille joie malsaine des élites libérales dès qu’elle dispose d’une information qui peut aider à flétrir notre pays et ses performances. Cette propension a bien sur une fonction de découragement qui est très politique.

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