06août 13
Sur la piste des chefs disparus
Retour de l’Equateur, mes valises à peine défaites, je cours après mon ami le webmestre en vacances pour lui transmettre mon post et la suite du feuilleton de la momie perdue et de l’expédition de La Condamine, dont le premier épisode est dans ma précédente édition. J’ai dû découper mon projet à ce sujet compte tenu de l’invraisemblable longueur de ce récit. Je réserve donc la suite du commentaire de l’expédition géodésique de la Condamine à mon prochain post car la connexion avec le présent politique mérite encore un peu de soin dans l’écriture. Ici quelques mots sur mon séjour au sommet de l’Alba à Guayaquil, puis la momie et ses pérégrinations.
Au retour on m’a donné à lire le sondage qui donne Manuel Valls vainqueur de Sarkozy au deuxième tour de 2017 face à Sarkozy. Génial. Hélas il n’y a rien sur 2022 ni 2026. Serais-je réélu après la Constituante? En fait ce sondage est arrivé jusqu’à moi en raison du fait que le journal « les Echos » qui le commente souligne ce point essentiel : en 2017, je serai lourdement battu par Sarkozy par 55 % contre 37 %. Certes cela ne fait pas 100 % mais c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas. Tout cela pour dire que ma curiosité a été piquée. J’ai donc regardé de plus près et découvert avec excitation que j’étais le deuxième personnage en sympathie à gauche après Martine Aubry. Et… devant Valls ! Ce détail n’étant indiqué nulle part, je le surligne pour préparer ma prochaine conversion au commentaire des sondages. En effet, depuis mon voyage au Malki Machaï, pays de la momie perdue, je comprends mieux l’intérêt politique des superstitions. Je l’ai trop négligé et vous pourriez me le reprocher. Voilà bien le résultat de mon entêtement à vouloir des débats argumenté que tout le monde comprenne c’est-à-dire en parlé cru et dru. Mais je trouve que le plus drôle dans cet épisode médiatique n’a pas été assez vu. Voilà pourtant le vrai sujet : où est passé Hollande dans cette affaire ? Tout le monde a l’air de trouver normal de s’en être débarrassé à cette date. Comment ? Pourquoi ? Et d’ailleurs de quelle date parlent vraiment les sondés ? On voit là qu’il n’y a pas que la momie d’Atahualpa qui ait disparue. Il y a aussi le fantôme de François Hollande. Dites merci à Manuel Valls ! C’est quand même un début qu’il nous a offert ! Mais si besoin rue de Solferino, depuis que je cours après Atahualpa je peux donner un coup de main qualifié pour retrouver le président disparu. Cherchez d’abord le pédalo ! Partez de la dernière facture de réparation après le scratch de « la Macédonie » ou des « remerciements aux chinois de Fukushima ».
Si vous ne comprenez pas pourquoi ils haïssent autant la grande révolution de 1789 et se donnent tant de mal pour la discréditer, souvenez-vous de la nuit du 4 aout et de l’abolition des privilèges ! Bon anniversaire, vous tous qui me lisez en héritiers du premier plan d’instruction générale du peuple adopté en ce temps-là.
30juil 13
A la recherche du temps et de la momie
Ce que je lis de l’avancée de la crise écologique au pôle nord m’atterre si je pense à l’indifférence des pouvoirs politiques a ce propos. Ce que je comprends du nouvel abus de l’Union Européenne à propos des semences autorisées en Europe dorénavant me consterne. Ce que j’entrevois de l’actualité dans notre pays depuis Quito en Equateur me révulse. Du moins ce ne sera pas sans réaction. Mais comment être partout à la fois ? Citoyens engagés, les militants du Parti de gauche sont sur le pont, drapeaux et musique en tête dans tous les combats de cet été sans trêve. Tous les partis n’en sont pas là et je suis donc très fier de ce dont je suis informé. Je crois que je participe à l’effort à ma manière ne serait-ce qu’en animant ce blog. A ce propos, je veux attirer votre attention sur un additif que j’ai apporté à ma précédente note. On y accède par un bouton qui se trouve dans le pavé gris à droite de l’écran. Il vous propose ma vision du rapport avec l’Amérique du sud. Cet effort de formalisation m’a paru indispensable au moment où la vague émancipatrice qui est née dans ce coin du monde entre en eaux troubles comme on le voit au Brésil et au Pérou. Plus que jamais : « ni rire, ni pleurer : comprendre ».
Quant à moi, je pensais prendre des vacances entrecoupées de politique. C’est l’inverse qui s’est produit : l’action politique a tout occupé, entrecoupée de pauses. J’en suis à quatre conférences et un meeting. A partir du 29 juillet, je participe pour la première fois au sommet de l’Alba et je n’en reviens sur Quito qu’après avoir prononcé ma cinquième conférence. Et encore ne dis-je rien de l’agenda des rencontres dont je me suis déjà fait l’écho, avec les présidents Correa et Moralès, puis le vice-président équatorien Jorge Glas, les ministres et les divers responsables auprès desquels je fais ma cueillette d’idées. Ce n’est pas dans nos médias que vous l’apprendrez. Ni mon voyage, ni mes rencontres présidentielles, ni le contexte survolté de l’Amérique du sud autour de l’offense au président bolivien Evo Moralès n’y sont évoqués, même pour me nuire. Royal baby, accidents et noyades pour tous ! Ouf ! Enfin le calme ! J’ai donc pu jouer librement du clavier. Le blog de cet été mêle donc sans soucis des haineux, le récit de voyage, l’histoire et la philosophie politique. Mais je ne le cache pas : j’ai bien l’intention que tout ceci aide à éclairer notre présent. Finalement mon blog va fonctionner comme un feuilleton. Sur les pas de La Condamine et à la recherche de la momie perdue. Deux faits lointains ? Je les crois riches de leçons pour le présent. Penser passe par bien des sentiers retirés.
Hors du milieu scientifique, peu de Français connaissent le nom de La Condamine. Ici pourtant, en Equateur, c'est un héros national. L’homme et l’expédition à laquelle il participait mesuraient le méridien pour connaitre la forme de notre planète. Mais le résultat obtenu ne fut pas seulement un succès pour l’académie des sciences. Ce fut un évènement politique dont l’onde de choc se propagea largement dans l’espace social, économique et politique. Une leçon qui fait réfléchir. L’autre chapitre de mon feuilleton me met aux prises avec une enquête pour retrouver la momie perdue d’Atahualpa, le dernier des « rois » Incas. A côté de ça, Da Vinci code est juste une amusette ! Ça commence en petites foulées dans ce post et je vous garantis que c’est aussi de la politique. D’une certaine façon.
24juil 13
Du chaud et du froid, des hauts et du bas
Pour la deuxième fois on tue l'un des nôtres en Tunisie
Déclaration de Jean-Luc Mélenchon le 25 Juillet 2013
Pour la deuxième fois c'est l'un des nôtres qu'on assassine en Tunisie.
Mohamed Brahmi a reçu 11 balles dans le corps. Le meurtre politique est avéré son intention terrorisante absolument évidente ! Mohamed Brahmi et les tunisiens du Front populaire sont les empêcheurs de penser en rond dans la comédie de l'opposition entre laïques obligatoirement silencieux sur les questions sociales pour ne pas diviser, et islamistes prétendument représentatifs de la religion musulmane des Tunisiens mais qui appellent sans réplique à « rassurer les investisseurs ». Notre camarade Mohamed Brahmi était un laïque, musulman pratiquant, engagé sans concession pour la lutte des droits sociaux et démocratiques des Tunisiens. Sa personne, son combat, son engagement partisan, son action de député, n'entraient pas dans le jeu de rôle prévu. En ce sens il incarnait bien ce que nous sommes là-bas et ici.
J'étais en hiver lorsque je me trouvais à Lima. Je suis revenu en été en arrivant à Quito. Mais comme c'est ici l'Équateur, selon le lieu où l’on va dans le pays on se trouve tantôt en été tantôt en hiver. Ici les saisons sont aussi des lieux. Et ces lieux sont tantôt fort hauts puisque c’est la montagne andine et d’autrefois aussi bas que possible puisque la côte est là, sur l’océan Pacifique. J'ai par principe un maigre paquetage, mais j'ai trouvé le moyen de faire face aux deux situations, ajoutant cependant à mon maillot de bain une sorte de châle d’alpaca qui m’apporte sitôt que je le mets, en plus des réconforts d’une douce chaleur, les senteurs mièvres d’une bergerie. Mon séjour en Équateur est bien plus intense politiquement que celui au Pérou. Il est vrai que j'avais à faire ici, ce qui n'était pas le cas là-bas. Avec trois conférences en espagnol, un meeting et deux séances de travail sur le forum mondial de la Révolution citoyenne, dois-je parler de vacances studieuses ou d’études vacancières ? L'essentiel de ce post est consacré au contexte des conférences auxquelles j'ai participé ici. J’y ajoute des premières impressions de mon entrée dans le chaudron politique régional avec le meeting de soutien à Evo Moralès qui s’est tenu ce mardi 23 juillet. Le matériel des notes que j’accumule me fait obligation de couper mon récit en plusieurs épisodes. Je laisse donc pour cette fois ci tout ce qui se rapporte à mon immersion dans la discussion sur la cosmogonie des indigènes. Croyez que je ne me suis pas contenté de discussion. J’ai aussi arpenté ici et là le pays, sur les pas de notre compatriote La Condamine. C'est ici une star dans le pays qui lui doit son nom. Je suis allé au point touristique du degré zéro de latitude et j’y ai fait les photos d’usage, à cheval sur la ligne équatoriale. Puis on en vint aux choses sérieuses et on m’amena sur la montagne en face, là où La Condamine avait lui-même positionné ce point. Sur ce mont pelé, on trouve un bloc doré au point de La Condamine et, à quelques mètres de là, le lieu où les indigènes pré-incaïque avaient eux-mêmes situé la chose. Verdict du GPS : les indigènes avaient le bon endroit, pile poil, et La Condamine le rate de peu.
Mais, mieux que tout, j’ai aussi eu l’honneur d’être une des rarissimes personnes qui ait pu se rendre à Malki Machaï, un recoin du pays où l’on pense avoir trouvé la dernière demeure de l’inca Hatahualpa. J’ai voulu y aller après avoir lu un article de « Sciences et vie » au retour d’une des sessions à Strasbourg. Encore un de ces détours compliqué de mon existence où tout finit par se tenir dans un récit unique que je m’amuse à croire assez magique. Le prix de cette visite est d'avoir dû faire dix heures de voiture dont un bon paquet sur des pistes défoncées, mais dans un paysage inouï qui entrait spontanément en dialogue avec mes paysages oniriques les mieux ancrés. De tout cela et de bien d’autres choses, point de nouvelles pour cette fois-ci. Notez aussi, si vous avez pour moi des fidélités de lectures cet été, que j’aurais à dire encore bien des choses politiques sur ce séjour ici. En effet, le calendrier de mes interlocuteurs et les circonstances m'ont permis à la fois de franchir l'étape prévue concernant la préparation du forum mondial de la révolution citoyenne mais aussi de participer à un événement politique de grande importance : le sommet des chefs d'État de l'Alba et la tenue du forum des réseaux sociaux des pays membres de cette alliance politique. Du fait de l'agression qu'a représentée l'interdiction de survol d'une partie de l'Europe à l'encontre du président Evo Morales, l'ambiance est assez chaudement politisée. On pardonne moins à la France qu’à d’autres, car on l’aime davantage. Ici François Hollande a ruiné des mois de travail de sa propre administration et des années de prestige français. Je tâche de faire du mieux que je peux pour rappeler qu’il n’est que lui et que nous autres nous sommes là aussi, nous qui sommes la France comme on l’aime ici.
Victor Hugo répondant aux révolutionnaires mexicains après l’invasion française organisée par Napoléon III leur disait « ce n’est pas la France qui vous fait la guerre c’est l’empire, c’est Napoléon le petit ». Ce n’est pas la France qui insulte l’Amérique du sud c’est seulement Solferino et François le petit.
Pour ce qui est de ce blog, rendez-vous dans une semaine.
Les illustrations de ce billet proviennent d'une exposition de photographies à l'Alliance française de Cuenca. Elle sont l'oeuvre du photographe français Mathieu Rousseau.
Ces photos et bien d’autres sont présentées à l’Alliance Française de Cuenca en Equateur dans le cadre d’une exposition réalisée avec l’appui de la fondation municipale Bienal de Cuenca. Les danseurs sont Sandra Gomez, Carla Altamirano, Franko et Johnny Cabrera. Cette exposition est le résultat d’un beau et long travail mené avec l’équipe de l’Alliance française. Il a consisté à investir certains lieux de Cuenca pour en exprimer, en situation, « l’esprit ». J’ai décidé de publier quelques clichés repiqués avec l’accord de l’Alliance. Ce qui a été fait par celle-ci, par les danseurs et par le photographe, constitue une œuvre d’art collective d’une incroyable force et constitue désormais une composante importante du patrimoine local.
17juil 13
A Lima avant Quito
Cette deuxième carte postale du mois de juillet prend l’allure d’une interminable lettre. Elle vous arrive de Lima au Pérou. Depuis que je m'y trouve je n'y ai vu qu’un ciel gris. Le bleu et le soleil n’ont jamais percé. Un petit crachin glacé est venu parfois donner l'impression que l'humidité mortelle de l'air se purgeait d'elle-même. En fait, ici, je me trouve dans l’hémisphère sud et c’est donc l'hiver. Les témoignages de l'an passé prétendaient qu'il n'y avait pas vraiment d’hiver ici. Erreur complète. On devine donc combien j'ai hâte de revenir en été. Ce sera chose faite quand je serai en Équateur, au moment où ces lignes seront publiées. De plus je ne suis pas certain de parvenir à m'accoutumer à ces petits tremblements de terre qui sans cesse agitent le sol de la capitale péruvienne. Encore moins depuis ce qu’on m’a dit. Les scientifiques prévoient, sans pouvoir dire si c'est pour demain ou pour dans cent ans, un événement qui atteindra le niveau huit sur l'échelle de Richter !
À présent, je raconte ma rencontre avec le président de ce pays, Ollanta Humala. Cela s'est passé samedi 13 juillet au palais présidentiel Plaza Mayor. Notre entretien a duré une heure et quart. Il m'a commenté les grands axes de la politique qu'il met en œuvre, analysé l'événement qu’a été l'interception de l'avion du président bolivien et la réponse qu’y ont apporté les pays de l'UNASUR dont il exerce la présidence. Du coup je n'avais plus envie de me faire démolir le moral en écoutant François Hollande le 14 juillet. Selon ce qu’on m’en a dit, je crois que j'ai bien fait. A la fin de cette très longue note je fais quand même un écart pour parler d’un beau livre et d’une histoire de Français dans ces parages. Une histoire bouleversante. Ma prochaine carte postale viendra de l'Équateur où je me trouverai déjà quand cette note sera publiée. Elle sera davantage historique car je suis aussi sur les traces des hommes et des femmes des lumières et de la grande révolution de 1789, ici dans le nouveau monde. Et par-dessus tout je dirai où nous en sommes de la construction du Forum Mondial de la révolution citoyenne qui se prépare en lien direct avec les équatoriens.
12juil 13
Première carte postale
Ce post fonctionne comme une carte postale politique. Je suis sur les routes, en quelque sorte, et je passe un instant sur mon clavier. Je propose un petit coup d’œil sur quelques évènements récents. Depuis l’Egypte en passant par l’Amérique du sud, avec une pause pour dire son fait à la pitoyable équipe des solfériniens. Elle s’est, en effet, encore distinguée par son atlantisme compulsif dans le dernier épisode de l’affaire Snowden. En fait, il s’agit de bien assimiler à quel point le monde est globalisé et de faire des efforts concrets pour assumer les responsabilités de notre temps.
Merci à «Arrêt sur Images» qui rend accessible à tous la vidéo du débat que le site a organisé entre Jacques Sapir et moi à propos de l'Euro. L'émission est longue, autant vous en prévenir, puisqu'elle dure deux heures. Elle est aussi assez technique nous dit-on. Mais ce fut un bonheur pour moi d'y participer. Je souhaite qu'il en soit de même pour ceux qui auront la patience de s'y intéresser.