18mai 13
A Cannes, je festivale en rouge
Ce post répond à trois questions que vous ne m’avez pas posées. Pourquoi je vais au festival de Cannes ? Qu’a fait la famille Le Pen à l’Assemblée Nationale à propos de l’amnistie sociale et de la loi sur les licenciements boursiers ? Est-il vrai qu’une union nationale PS-FN-UMP a permis de repousser toutes nos propositions aussi bien sur la loi d’amnistie sociale que sur la loi contre les licenciements boursiers ?
Je n’écris pas aussi longuement que je l’ai cru d’abord car le séjour à Cannes n’est pas un temps de repos et il est déjà tard. Au Château des Mineurs où je réside, la soirée s’est prolongée avec les camarades et avec les usagers du site qui sont souvent des syndicalistes. Elle a été ponctuée de nombreux textos qui recensaient pour moi les « répliques » à la marche du 5 Mai qui se tiendront en régions. Un peu partout des initiatives s’organisent. Non seulement dans les capitales des grandes régions mais aussi, de manière plus diffuse, dans les coins et recoins du pays. Le mode de la marche est suivie là où on se sent en capacité de rassembler en masse. Toulouse, Amiens, Nantes vont de ce côté de l’action. Le site qui récapitule les informations sûres est ouvert. Faites un saut pour savoir à quelles initiatives vous pouvez vous rattacher. Je crois bien que parmi vous qui me lisez, après le discours de François Hollande, ceux qui ont des fourmis dans les jambes sont les plus nombreux.
14mai 13
La semaine honteuse de Hollande
Cette semaine est celle de toutes les hontes pour le gouvernement solférinien. Mardi il a fait voter l’ANI au Sénat avec la complicité active de la droite qui s’est abstenue et du centre qui a voté favorablement. L’union nationale autour des demandes du MEDEF, en quelque sorte. Pour la première fois dans l’histoire, un gouvernement qui se réclame de la gauche fait reculer les droits fondamentaux des travailleurs. Un jour très triste. Un mardi noir. Il faudra noter et publier la liste des « sénateurs maires » qui ont participé à cette infamie pour leur rendre la monnaie de leur pièce l’an prochain. Même exercice à prévoir à propos de l’amnistie. Jeudi, les solfériniens font voter contre l’amnistie sociale et contre la loi sur les licenciements boursiers. Grosse affaire mal emmanchée que nous allons rendre aussi coûteuse que possible aux solfériniens. Je reviens sur cette affaire d’amnistie sociale. Encore un jour de honte. Mercredi, Hollande va confirmer sa capitulation à Bruxelles devant la Commission. Nous aurions obtenu « un sursis » pour appliquer la politique absurde de l’austérité ! Un « sursis » comme on le dirait d’une peine de prison ! La France dans cette posture ! C’est à pleurer.
Tel est le sort auquel nous condamne le monsieur qui veut être le « bon élève de la classe Europe » comme il a osé le dire pour décrire l’attitude de notre grand pays devant les pitoyables fantoches de la Commission européenne. Il viendra sans doute pérorer ensuite sur cet exploit en se gardant de dire quelle ardoise reste à payer en « échange » de ce « sursis ». Il voudra faire croire que la nouvelle mise à mal des retraites et la nouvelle dévastation du droit du travail déjà baptisée « réforme structurelle sur l’emploi » sont ses propres trouvailles, pour notre bien évidemment. Le lendemain jeudi il mangera sa première poignée de terre si ses amis lui tracent le holà à l’Assemblée nationale sur l’amnistie sociale. Mais aussitôt après un nouveau reniement aura lieu avec le vote négatif des députés solfériniens contre la loi sur l’interdiction des licenciements boursiers. Bref une semaine où, pour faire passer des mesures de droite, François Hollande va encore diviser comme jamais les forces politiques de la gauche et démoraliser comme jamais non plus les forces sociales. Tout en écœurant les citoyens qui croyaient avoir voté utile pour se débarrasser du potage Sarkozy et qui doivent à présent en manger à tous les repas. Et avec le sourire, s’il vous plait !
11mai 13
Après que la poussière est retombée
J’ai laissé les jours passer avant de revenir à ce clavier. Le temps que la poussière retombe. Il faut parfois ce délai pour mieux assimiler un événement après son éruption. Car l’analyse de ce qui s’est passé ce 5 mai dans la rue est un enjeu. Pas question de s’abandonner à la tyrannie du « clou qui chasse l’autre » tel qu’elle règne dans le spectacle de la politique construit par certains médias. J’ai vu que François Delapierre écrivait l’essentiel du bilan politique. Son beau post, si clair a été publié ici même et vous lui avez fait bon accueil. Je publie à présent une petite observation de la marche du 5 mai, vu du sol subjectif des êtres qui l’ont composée.
Mon délai pour revenir au clavier est d’abord celui d’une récupération physique élémentaire. Vous l’aviez deviné. Depuis la proposition de cette marche citoyenne le 5 mai, il y a cinq semaines, j’ai accompli un marathon médiatico-politique épuisant. Il ne s’est pas achevé avant le matin du 6 mai. Les mouches ayant changé d’âne, je peux donner mes impressions plus discrètement. La machine à diaboliser qui m’accompagne dorénavant en temps ordinaire et cherche dans chacun de mes mots une occasion de hurler à la mort, m’oubliera peut-être un instant. Et puis ce post est long. Il ne s’accorde aucune facilité. Il choisit donc son public hors des dîners en ville et des bars mondains où se fabrique le bavardage politicien médiatique.
Bien sûr c’est la fin de la première année du quinquennat de François Hollande. Bien sûr c’est le début d’un second temps de sa présidence qui sera sans doute encore plus destructeur socialement que le précédent. Mais ces anniversaires sont aussi ceux des étapes de notre action. La marche du 5 mai est un point de départ pour ouvrir l’année numéro deux du quinquennat. Je vise ici l’organisation des « répliques » populaires en région de la marche nationale que nous ferons dans le premier week-end de juin, comme nos camarades espagnols et portugais. Je vise aussi les assises politiques du 16 juin. Et je pense au lien qui unit les deux. Je veux y revenir avant de reprendre le cycle des post au long cours qui m’amènent ici en votre compagnie, toute l’année. Que mes lecteurs excusent le ton abstrait de mes lignes. Il signale la raideur des doigts revenus sur le clavier après une trop courte pause.
06mai 13
Sans précédent, mais pas sans suite
En politique comme en optique, l’image que l’on se fait du réel dépend de l’œil qui le regarde. Ne parle-t-on pas d’un œil exercé ? La révolution commence donc dans notre regard. N’épousons en rien la vision bornée des médiacrates. La marche du 5 mai n’est pas un « bon coup ». Elle n’est pas seulement la preuve du sens stratégique de ses initiateurs. Même si pour passer le balai, je veux bien reconnaître que nous ne sommes pas manchots. Le 5 mai est d’abord un fait politique immense qu’il faut tâcher de comprendre. Jamais sous un gouvernement PS le pays n’a connu une telle mobilisation à gauche. Jamais. Cette marée citoyenne est inédite par son ampleur : 180 000 personnes (dont 30 000 avec des balais selon le ministère de l’Intérieur). Elle est aussi inédite par son objet. Des projets de loi contestés ont déjà rencontré l’hostilité de foules importantes. Mais cette fois le mot d’ordre était beaucoup plus général : changer de politique et même d’institutions. Inédite enfin par son caractère populaire. Calendrier scolaire oblige, dans la rue se pressait surtout la foule de ceux qui ne partent pas en vacances. C’est dire aussi que l’énergie disponible va bien au-delà des présents. Pour nous, deux tâches en découlent. Bien évaluer cette force. Travailler à la projeter plus loin encore.
02mai 13
Il fera bon et beau peuple dimanche
Ici je donne des raisons supplémentaires de venir marcher dimanche. C’est-à-dire que je vous raconte les derniers cadeaux faits à la finance et les dernières muselières posées par les solfériniens sur la bouche de ceux qui veulent bien se laisser faire. Mais ces lignes sont une sorte « d’ordre du jour » adressé à tous ceux qui préparent avec détermination et méthode la mobilisation du 5 mai. D’abord je voudrais vous féliciter pour avoir tenu le choc. La brièveté du délai de convocation, la gêne de la période de vacances, les bisbilles locales parfois bien pénibles, rien ne vous a fait négliger votre devoir, rien n’a éteint votre engagement. Vous êtes sortis des tranchées avec efficacité. Tractages, boîtages, porte à porte même, tout a été couvert autant que possible. J’ai bien aimé la petite vidéo de nos camarades de Lozère, racontant la campagne d’un colleur d’affiche militant dans les interminables kilomètres d’une zone rurale du pays. Au final, le niveau de mobilisation des transports depuis les régions vers Paris est supérieur à ce qu’il était pour le 30 septembre dernier. Comme d’habitude la SNCF n’a fait aucune facilité. Son PDG, qui vante les low cost, continue d’exprimer son appartenance de caste anti-populaire et son hostilité viscérale contre nous, comme pendant la présidentielle. Pourquoi se gênerait-il ? S’il agissait autrement, Jean-Marc Ayrault et François Hollande pourraient le traiter aussi mal qu’ils traitent tout le monde à gauche. Etre de droite et hostile au Front de Gauche est une bonne recommandation aujourd’hui pour le pouvoir actuel. Naturellement vous ne tiendrez aucun compte de ces oukases. Prenez le train si cela vous est nécessaire pour venir le 5 mai.