Résultats pour le mot-clef «EADS»
17avr 13
La situation du pays se dégrade à grande vitesse. Toutes les hypothèses économiques qui justifiaient aux yeux de la nouvelle équipe gouvernementale sa capitulation sans condition devant la finance sont démenties. Le pays va entrer en récession selon le FMI et selon le Haut Conseil des Finances publiques. Par conséquent le chômage va encore augmenter et atteindre un niveau record depuis la fin de la guerre. Evidemment, les déficits vont se creuser, non seulement ceux de l’Etat mais surtout ceux des comptes sociaux qui reposent sur les cotisations sociales. Du coup de nouveaux trains de mesure de coupes budgétaires vont avoir lieu dans les comptes publics et sociaux. Et de nouveaux prélèvements vont être décidés en même temps que de nouvelles baisses de prestations. Evidemment, tout cela aggravera la situation pour l’année suivante, 2014. Tout un chacun va donc se trouver bientôt au pied du mur, ou bien subir en silence ou bien entrer dans l’action pour changer tout ça. Avec ou sans balai. Mais pourquoi pas avec pour faire, comme dit Lordon, la révolution des balais. Plutôt que d’abandonner notre pays au soi-disant « printemps français » de la réaction.
02avr 13
Alsace : pour la République une et indivisible !
Les comités du Parti de Gauche des départements alsaciens ont adressé un message d’alerte à tous leurs camarades du pays. Il s’agit de l’odieuse question soumise à référendum dimanche prochain. Je me fais un devoir de rendre public ce message sur ce blog.
Cette semaine commence à l’Assemblée nationale la discussion de l’accord "made in MEDEF". C’est un moment honteux de la vie de la gauche où l’on va voir les députés solfériniens (peut-on dire socialistes à ce sujet ?) refuser aux députés du Front de Gauche ce qui a toujours été le minimum des revendications du monde du travail face au capital depuis au moins un siècle. Les solfériniens aux côtés de députés de la droite traditionnelle vont être les caisses enregistreuses du MEDEF. Un tournant dans l’histoire de la gauche. En ce sens, ces jours-ci feront date. Et en fin de semaine, une nouvelle fois unis, droite et solfériniens vont militer pour la dissolution de deux départements et la reconstitution d’une province d’ancien régime nommé « collectivité territoriale unique d’Alsace ». Le projet libéral s’accomplit ainsi, jour après jour, contre l’unité des droits sociaux désormais dépendant d’une entreprise à l’autre, et bientôt d’une portion du territoire à l’autre. Semaine noire pour l’idéal social républicain.
Et qui fait cela ? Un gouvernement dont le chef, à l’Elysée, avouent eux même qu’ils n’ont rien vu venir et qu’ils ne savent désormais où aller.
Hollande et Pujadas : sidération bavarde
L’interview du chef de l’Etat aura été un moment spécialement sidérant. Le journaliste comme le président semblait revenir d’un long week-end sur Mars. Ce qui ne les a pas empêchés de parler ensemble une demi-heure de plus que prévu. Au point qu’en ressentant un ennui qui nous collait bientôt les paupières, on finissait par se demander si nous ne les dérangions pas. Tout ça pour nous annoncer la nouvelle doctrine politico-économique des « modernes » : « Le choc de la simplification administrative ». Dire que pendant ce temps on s’épuisait à mettre au point « le manifeste de l’Ecosocialisme » ! Mince encore une modernisation de retard. Mais il est vrai que le monsieur n’est plus socialiste. Il est « de tous les français » ! C’est si nul que même les enjoués de service au « Monde », au « Nouvel Obs. » et à « Libération » ont jeté l’éponge !
Deux poids, deux mesures, sur France inter
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Patrick Cohen complaisant avec Le Pen, méprisant avec Mélenchon
par Matthieu Lépine
On reproche souvent à Jean-Luc Mélenchon ses propos très critiques concernant les journalistes. Pour certains cette défiance s’apparente davantage à de la paranoïa qu’à de la clairvoyance. Pourtant, l’inégalité de traitement médiatique entre le co-président du Parti de gauche et la plupart des autres personnalités politiques est flagrante. Il suffit de comparer son dernier passage à la matinale de France Inter avec celui de la présidente du Front national, Marine Le Pen, pour s’en convaincre…
D’abord voyons le journaliste. Etrangement il ne pose aucune question à partir de la gauche. Aucun des engagements du candidat Hollande vis-à-vis des salariés n’est interrogé. Aucune préoccupation concrète des salariés n’a la moindre place dans le questionnement. Exemple. La loi sur les licenciements boursiers ? Le droit de préemption des salariés dans l’entreprise ? Rien. Aucune question politique en cours non plus. Par exemple, sur le référendum en Alsace, sur le retour ou non à la circonscription unique aux Européennes, deux questions pourtant directement dans l’actualité au moment de l’entretien : rien. Sur le « modèle allemand », sur Chypre : rien non plus. Même manque complet de curiosité quand le président dit ostensiblement n’importe quoi. Exemple. Hollande affirme que le texte de l’accord "made in MEDEF" doit être voté tel quel, à la lettre. Aucune question sur le droit de veto ainsi donné au MEDEF. Puis il affirme que son résultat devra être évalué par les signataires. Ah bon ? Comment ? Et que se passe-t-il s’ils ne sont pas contents du vote ? On ne le saura pas. Rien ne lui sera demandé.
Voyons ensuite le président. Pourquoi ne nomme-t-il pas une fois son premier ministre ou l’un quelconque de ses ministres. Le journaliste ne s’en rend même pas compte. C’est qu’un fait est devenu évident. Le président est seul. Se sent-il lui-même si seul ? Evidemment oui. Tout le monde le sait, le sent, le devine. Cela veut dire qu’ayant éprouvé cette solitude, il voudra bientôt s’entourer. J’en fais le pronostic. Ses récréations actuelles ne suffiront pas longtemps à le distraire du sentiment que provoque en lui, par instinct, le sentiment du vide qu’il a laissé se creuser autour de lui. Ce vide ne le protège plus de l’habituelle et harcelante voracité des carriéristes et des intrigants. Le vide le menace. Parce que de l’impatience à la débandade il n’y a qu’un pas dans ces milieux d’affamés. Surtout quand il s’agit de partager un naufrage. C’est ce que prouve l’ambiance actuelle dans les cabinets ministériels. Pour des raisons liées à l’extrême droitisation du journal « L’Express », Christophe Barbier a choisi de harceler sur ce thème madame Taubira qui présente la double facilité à ses yeux d’être une femme, une indienne, en charge de la justice, et défenseuse d’un texte de loi sur le mariage des homosexuels. Voilà quatre caractéristiques qui stimulent toujours violemment l’imaginaire de la vieille France rassie. Un rédacteur en chef capable de titrer sur les immigrés voilés qui envahiraient les caisses d’allocations familiales, regarde aussi de haut les allogènes, se méfie du laxisme des juges, et entend que les gens hors normes religieuses ou sexuelles soient « discrets ». Mais la vérité est que le malaise des cabinets ministériels est général. En effet, qui veut tuer sa vie professionnelle et familiale vingt heures par jour pour la gloire d’avoir participé au « choc de compétitivité » qui va échouer ? Et maintenant qui veut le faire avec pour projet le « choc de simplification » de l’administration ! Le pantouflage va connaître une heure de pointe.
Heureusement que le génome conformiste de l’interrogeant a protégé d’une question qui aurait pourtant eu une grande importance. François Hollande a déclaré qu’il n’avait pas prévu que la « crise » durerait et qu’elle s’aggraverait. Aveu majeur. Que croyait-il d’autre ? Quel genre d’idée se faisait-il de l’état du système économique mondial ? Comment a-t-il pu croire qu’il s’agissait d’un « dérèglement » provisoire ? Quelles étaient ses prémisses à ce sujet ? Cette question sur le pronostic qui a guidé ses décisions depuis son élection est fondamentale. Mais pour le journaliste, du moment que le mantra a été récité dans le bon ordre, son attention n’est pas piquée. Il passe au point suivant. Et du coup il oublie encore une question de fond. Quel est dorénavant le diagnostic du président ? Que pense–t-il de cette « crise » et de son extension à des zones de plus en plus large ? On ne le saura pas non plus. Pourtant ce n’est pas la même navigation à prévoir selon que c’est la tempête ou les eaux calmes. La simplification administrative ! Le nouvel horizon du socialisme « réaliste ». Le nouveau projet des « modernes ». Le logiciel de ceux qui ont compris que « quand le monde change, il faut changer » : la simplification administrative. A la préfecture de Corrèze on s’angoisse : « N’est-ce pas un peu déjà la révolution ? »
Alsace : pour la République une et indivisible !
Les comités du Parti de Gauche des départements alsaciens ont adressé un message d’alerte à tous leurs camarades du pays. Il s’agit de l’odieuse question soumise à référendum dimanche prochain. Je me fais un devoir de rendre public ce message sur ce blog.
Message aux comités PG de tous les départements.
Chers voisins dans la République,
Au nom du principe d'expérimentation régionale que la loi permet d'appliquer depuis 2010, les électeurs alsaciens vont devoir se prononcer dans une semaine sur la fusion immédiate des deux départements et de la région en une seule entité : la collectivité territoriale d'Alsace.
Qui ailleurs dans la République a pu débattre de cette question ? Les médias nationaux en ont-ils seulement informé l'ensemble des citoyens français ? Le référendum régional du dimanche 7 avril est pourtant un événement inédit qui devrait faire réagir les citoyens de l'ensemble du territoire de la République. Pour nous, il ne saurait y avoir qu'un seul territoire, un et indivisible, dont les partitions administratives ne remettent jamais en cause l'unité de la loi commune votée à l'Assemblée nationale.
Ici en Alsace, le Front de Gauche a compris à quel point ce projet était risqué non seulement institutionnellement, mais aussi dans ses conséquences sociales. Le choix d'une fusion est le premier pas d'une autonomisation législative qui tôt ou tard permettra une adaptation régionale du code du travail et du droit. Au nom d'une économie de moyens -à la fois contestable dans sa réalité et dans son principe- et d'une efficacité douteuse, la plupart des élus de la région, soutenus par le patronat, s’apprêtent à ouvrir la boîte de pandore de la division.
La mise en concurrence de territoires dans une compétition féroce où les plus riches triompheront, y compris au prix de renoncements sociaux, et où les plus pauvres n'auront d'autres choix que de s'engager dans la même voie, au prix de plus grands renoncements encore, n'est pas l'idée que nous nous faisons d'une communauté politique unie par l'intérêt général et l'égalité, qui pratique la péréquation des moyens à l'échelle nationale.
Si un débat démocratique sur une réorganisation administrative du territoire n'a pas à être pas tabou, c'est à la seule condition qu'il ait lieu de manière transparente à tout niveau des institutions légitimes de la République. Mais ce n'est pas la voie qui a été choisi, puisqu'un droit d'expérimentation conduit aujourd'hui une seule région, sans concertation avec les citoyens des autres régions, à s'engager dans une réforme visant à sa territorialisation.
Si ce projet aventureux devait aboutir, c'est-à-dire si le OUI l'emportait sur le NON le 7 avril en Alsace (avec au moins 25% des inscrits dans chacun des deux départements), alors la voie serait ouverte à d'autres conseils régionaux et généraux qui manifesteront bientôt leur volonté d'un même processus. Ce n'est alors rien de moins que les anciennes provinces qui renaîtraient de leurs cendres dans le cadre du projet néolibéral d'une Europe des régions.
[...]
Congrès, écosocialisme et municipales
Le Congrès du Parti de Gauche ne se résume naturellement pas à la dispute contre la grotesque accusation d’antisémitisme lancée contre moi par Harlem Désir et son plagiaire Jacques Attali. Ni au résumé à un mot, bien adapté, « salopard » dans une intervention de trente minutes et un débat de trois jours ! J’ai commencé à évoquer ce point dans mon précédent post. Notre congrès a été très dense politiquement et idéologiquement. Les difficultés que contenaient nos prises de position sur le fond ont été visibles. Mais elles ont été maîtrisées. Par exemple, l’adoption des thèses sur l’écosocialisme n’était pas une formalité. Rappelons l’opposition qu’avait exprimée à ce sujet Marc Dolez au point d’en faire un des motifs de sa séparation d’avec notre parti. Mais ce n’était pas tout. Ici je parle aussi des municipales.
De toute façon, l’adoption d’un texte prévu aussi pour l’international et immédiatement traduit déjà en dix langues n’est pas un exercice facile. Le débat sur « l’après Chypre » posant de façon nouvelle celle de l’euro n’était pas simple non plus. Ce fut le travail de toute la journée du samedi consacrée au débat sur notre texte d’orientation. Après un très long travail des organisations de base du parti, puis de la « Commission des débats », sur une masse de trois mille amendements, la résolution a pu être adoptée à la quasi-unanimité : 665 voix sur 670 suffrages exprimés ! Ce qui n’est pas rien compte tenu du nombre des thèmes nouveaux que les militants devaient évaluer, discuter et valider ou non. Dans la mesure où cela demandait un effort intellectuel et un minimum de connaissances dans divers domaines, aucun grand média n'a parlé de ce texte. Tant mieux car cela n’aurait été que pour caricaturer et embrouiller. Pour autant nous devons maintenant commencer notre travail de diffusion. Le document est intitulé : Osons. Il est décisif par bien des aspects. Dans la lignée de la campagne présidentielle, il appelle à la "révolution citoyenne" pour "renverser l'oligarchie". Mais il va plus loin.
Le Parti de Gauche a adopté la doctrine de l'écosocialisme. Il l’a fait d’abord dans son texte d’orientation et ensuite en adoptant le Manifeste de l’Ecosocialisme. Ce vote en deux temps a sa raison. L’orientation appartient en propre au PG et à ses militants. Le « Manifeste » est un bien commun dont la rédaction ne nous appartient pas en propre. Car ce « Manifeste » est le texte sur lequel ont débouché les premières assises ouvertes pour l'Ecosocialisme organisées en décembre dernier. Venons au fond. Cette doctrine fait la synthèse entre une écologie radicale et un socialisme débarrassé du productivisme. Voici comment ce point de vue est résumé. "L’Ecosocialisme est une refondation de l’écologie politique qui serait impuissante sans stratégie de dépassement du capitalisme. C’est aussi une refondation du socialisme débarrassé du productivisme. Il part d’une limite du capitalisme que le mouvement socialiste originel n’avait fait qu’entrevoir et dont la prise de conscience constitue aujourd’hui le point d’appui le plus fort pour proposer le dépassement du capitalisme, désormais mondialisé. La logique de l’accumulation capitaliste menace à un horizon de plus en plus proche les conditions propices à la vie humaine sur Terre". Mais l'Ecosocialisme n'est pas une théorie abstraite. Il part des problèmes concrets et cherche à les résoudre par des actes concrets. Pour cela, nous nous sommes accordés sur quelques principes clairs. En voici quelques uns : "L’Ecosocialisme proclame la supériorité de la valeur d’usage sur la valeur d’échange. La transition globale qu’il propose consiste en effet à privilégier les biens répondant aux besoins réels des personnes, utiles et durables, compatibles avec la préservation de l’écosystème, produits par un haut niveau de qualification et dans un processus respectueux du travailleur plutôt que des marchandises inutiles et jetables mais « compétitives » et lucratives."
Cette nouvelle formulation de la doctrine progressiste, et le mot lui-même « Ecosocialisme » est déjà partagée par plusieurs organisations du Front de Gauche. Nous allons poursuivre le débat à ciel ouvert avec l'ensemble des écologistes mais aussi les forces sociales et syndicales qui seraient intéressées. Nous le faisons en France mais aussi à échelle régionale et mondiale. Cette extension du débat avait commencé sur place, avec la réunion du PGE, le parti de la gauche européenne, qui s’est tenue le vendredi matin. Elle s’est confirmée dans les échanges avec les quatre-vingt délégations étrangères présentes au congrès. Et nous nous sommes immédiatement mis au travail au FSM de Tunis en tenant une réunion avec plus de dix partis maghrébins sur la base de ces thèses. J’avais commencé, vous vous en souvenez, par une tournée de conférences dans les trois capitales maghrébine il y a deux mois. Le document commence à circuler dans le monde et déjà les demandes de rencontres et de débats affluent.
Notre Congrès a aussi très largement adopté la référence à un "protectionnisme solidaire". Le débat a porté sur le fond mais aussi sur le mot lui-même. Jusqu'ici, notre programme proposait des mesures contre le libre-échange comme les "visas sociaux et écologiques aux frontières" mais nous n'utilisions pas le mot "protectionnisme". Il fallait que le débat ait lieu pour que chacun s'en empare et qu'il entre dans notre vocabulaire commun. Ce fut fait et bien fait. Le texte précise bien pourquoi "le libre-échange compromet gravement notre souveraineté" en organisant "un nivellement par le bas des normes sociales et environnementales et mettant les peuples en compétition". Notre résolution dit que notre protectionnisme est "le compagnon logique" de la conversion écologique de l'économie, de la relocalisation des productions et de la "souveraineté alimentaire". Il explique bien aussi en quoi il est un outil pour lutter contre le dumping social, les délocalisations et la désindustrialisation de notre pays. Enfin, il indique que pour nous, ce "protectionnisme" est "solidaire" car il s'inscrit dans la voie d'"échanges commerciaux internationaux sur la base de la coopération et de la complémentarité" plutôt que sur la concurrence.
Le Congrès a aussi débattu de notre relation à l'euro. Bien qu'il ait été écrit il y a plusieurs semaines, le passage du texte sur ce sujet et le débat qu'il a suscité ont pris une autre dimension compte-tenu de l'affaire chypriote. Notre congrès a rappelé avec force notre stratégie. Elle est tranchée : il s'agit de mettre en place un rapport de force pour obtenir de changer l'euro. Notre résolution le dit nettement : "Il n'y a aucune raison d'aborder cette confrontation avec frilosité : l'Europe ne peut pas fonctionner sans la France". Elle envisage plusieurs moyens de pression comme la suspension du paiement de la contribution française au budget de l'UE ou le retrait de la garantie de la France au Mécanisme européen de stabilité. Dans les deux cas, la machine européenne se bloquerait.
L'extraordinaire menace de la BCE contre Chypre a bousculé notre congrès. Elle m'a obligé à revenir sur cette question dans mon interview à Sud-Ouest. Voila ce que j'ai déclaré : "L'euro est devenu le garrot avec lequel on étrangle les peuples. Dire que nous voulons sortir de l'euro reviendrait à capituler et à clamer la victoire de Mme Merkel. Mais, s'il faut choisir entre la souveraineté des Français et l'euro allemand, nous n'aurons pas peur de choisir la souveraineté". En disant cela, j'étais parfaitement en accord avec l'amendement voté par le Congrès samedi qui rappelait qu'"un gouvernement du Front de Gauche refuserait d’appliquer l’euro fort de la BCE et qu’il serait prêt à prendre des décisions unilatérales en ce sens, par exemple en mobilisant la Banque de France". Nous espérons ne pas avoir à en arriver là. Mais nous sommes des gens sérieux et décidés à diriger ce pays. Donc nous devons envisager toutes les hypothèses. Car nous ne renoncerons pas à appliquer notre programme une fois au pouvoir.
C'est l'autre aspect de notre congrès. Il a confirmé notre objectif politique : la conquête du pouvoir. Et la stratégie pour y parvenir : celle de l'autonomie conquérante pour rassembler une majorité alternative, populaire et politique. Le texte précise que les élections municipales et surtout européennes s'inscrivent dans cet objectif. Le but est de passer devant le PS pour réorganiser la gauche autour de notre programme, de nos valeurs. A l'occasion de ce congrès, le PG a ainsi annoncé une première liste de 60 villes grandes et moyennes où il présentera des listes autonomes. Ces listes autonomes se feront dans le cadre du Front de Gauche partout où ce sera possible, dans d'autres cadres là où ce sera nécessaire. C'est ce que dit le communiqué diffusé par le Parti de Gauche à la clôture du congrès : "Le 3ème congrès du Parti de Gauche a confirmé la stratégie d’autonomie rassembleuse et conquérante. Elle s’exprimera dans les deux échéances électorales de 2014, municipales et européennes. C’est pourquoi le Parti de gauche travaille dès maintenant à la concrétisation de cette stratégie lors du scrutin municipal partout où c’est possible en France. Dans les semaines à venir, dans toutes les grandes villes pour commencer, le PG va localement prendre contact avec ses partenaires du Front de Gauche et tous ceux qui, à gauche, refusent la politique d’austérité du gouvernement, pour avancer sur ces listes. D’ores et déjà, en comptant sur ses forces et ceux de ses partenaires qui se sont déjà montrés disponibles pour cela, il a établi une première liste de 60 villes qui répondront à cette ambition. Parmi elles les dix plus grandes villes française et déjà 17 des 21 capitales régionales".
Fallait-il ou non rendre publique cette liste à la connaissance des médias ? Nous avons conclu que oui. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas être assimilés à l’orientation inverse, d’union autour du PS. Nous n’acceptons pas que cette confusion nous soit imposée. Cette publication a été rendue nécessaire par l’ouverture de négociations entre le PCF et le PS à propos des municipales, au niveau national et souvent aussi au niveau local. Les dirigeants solfériniens en ont fait état au niveau national. Au niveau local il en va souvent de même. Dans certaines villes nous avons appris par la presse que des listes seraient en cours de négociations. Dans un département au moins, c’est même le texte d’orientation du Front de Gauche qui a été rejeté par un vote du congrès départemental du PCF en même temps qu’était annoncée une liste commune avec les solfériniens. C’est en Haute-Garonne et dans la ville de Toulouse. Naturellement nous respectons le droit du PCF de faire l’union autour du PS. Ce n’est pas notre analyse de la nécessité du moment. Ni notre lecture du document d’orientation du Front de Gauche. Mais qu’y pouvons-nous ? Nous n’approuvons pas davantage la formulation d’un vocabulaire et d’initiatives avancées sans aucune discussion entre partenaires du Front de gauche comme « coopératives citoyennes », « place au peuple » et ainsi de suite dans le cadre des municipales. Il existe un fort soupçon dans nos rangs que toutes ces formules ne soit pas autre chose qu’une passerelle pour habiller un accord déjà conclu ou à venir avec les solfériniens. Ou bien parfois, à l’inverse, juste un moyen de pression avant accord. Bref nous ne voulons ni être instrumentalisés ni impliqués par une négociation secrète, dont nous supportons les inconvénients. La seule manière de la mettre à sa place relative, et limitée à un partenaire, est de faire savoir que les négociations en cours ne nous engagent d’aucune manière, ni nous, ni le Front de Gauche auquel nous appartenons. Dès lors, la publication d’une série de villes où nous savons qu’il y aura une liste autonome est destinée à éviter le brouillage résultant des tractations en cours. Le choix de notre congrès est l’autonomie. Nous sommes prêts à discuter des exceptions. Nous ne sommes ni buttés, ni sectaires, ni incapables de comprendre une situation locale. Mais nous ne sommes pas d’accord pour nous faire infliger l’union autour du PS comme règle et l’autonomie comme exception. Nous soutenons que c’est l’inverse qui doit être la norme. Cette attitude est-elle contraire à la cohésion du Front de Gauche ? Non, bien sûr. La lecture du texte d’orientation suffit à le savoir. La meilleure preuve est que la liste que nous publions est faite de communes où il est déjà acquis entre tous les membres du Front de Gauche qu’une liste autonome sera constituée et parfois même que sa tête de liste préférée serait communiste.
EADS pillé ! Ayrault et Montebourg regardent ailleurs !
Retour sur le feuilleton EADS. J’ai déjà traité le thème à plusieurs reprises sur ce blog. La nouvelle direction du groupe aéronautique a été installée par l'assemblée générale extraordinaire du 27 mars. Faute d’un gouvernement qui indique une volonté clairement exprimée, la France est en train de laisser franchir une nouvelle étape de la financiarisation du géant européen de l'aéronautique qu’elle a créé.
En septembre 2012 déjà, il était question d’une fusion entre le géant franco-allemand et le britannique BAE, héritier de British Aerospace. On avait craint les conséquences stratégiques désastreuses du tropisme libéral de Thomas Enders, le remplaçant allemand de Louis Gallois. Finalement, cette fusion ne s’est pas faite. C’est l’Allemagne qui a stoppé le processus. Pour un motif que les Français n’avaient même pas imaginé formuler : parce qu’elle redoutait une perte de souveraineté industrielle et stratégique. Mais le pire était à venir. Depuis décembre 2012, avec l’aval du gouvernement Ayrault, la finance n'a cessé de conforter son emprise sur EADS. Cette attaque se matérialise par « un accord de gouvernance ». Il fait suite à la sortie d’actionnaires privés du capital d’EADS. Cet accord entérine un recul des parts des Etats français, allemand et espagnol. Dès lors ceux-ci sont empêchés dorénavant de bloquer les décisions stratégiques qui pourraient leur nuire. De cette façon, EADS est un peu plus mis dans la main de la finance internationale. Cette mascarade à un prix. Elle oblige EADS à racheter une partie de ses propres actions aux actionnaires privés. Ceux-là même qui s’enfuient. Au premier rang desquels on trouve Arnaud Lagardère. Et il lui faut encore vendre le reste au plus offrant sur les marchés financiers. A l’annonce de cet accord absurde, l’action valait 25 euros. A peine 3 mois plus tard, elle vaut 40 euros ! EADS ayant annoncé longtemps à l’avance le rachat des actions, il était évident que le cours monterait et que l’opération de rachat qui était alors estimée à 3,3 milliards d’euros serait largement plus coûteuse. Résultat : le rachat d’actions pourrait coûter deux fois plus cher que prévu. Un gigantesque gaspillage financier au détriment de la stratégie industrielle pour l'aéronautique. Et à la table de ce gaspillage, l’assemblée générale des actionnaires tenue le 27 mars a décidé que Lagardère serait prioritaire sur les autres actionnaires pour accéder au programme de rachat d’actions. Avec la bénédiction du gouvernement français actionnaire, EADS a donc décidé d’accorder un privilège de rachat à l’oligarque Lagardère. Une sorte de prime à ceux qui fuient le navire.
Le changement de « gouvernance » acté en décembre 2012 a donné lieu le 6 février 2013 à la publication par EADS de la liste des personnalités proposées pour le renouvellement de son conseil d’administration. Cette liste a été validée par l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires du 27 mars. Elle est extrêmement inacceptable. Côté français, on est sûrs que les intérêts industriels du pays ne seront pas défendus. La direction exécutive a choisi de donner des gages aux marchés financiers en proposant des traitres patentés, des banquiers ignares en matière industrielle et des incompétents notoires pour siéger à son conseil d’administration. Jean-Claude Trichet, qui ne connaît rien à l’aéronautique ni à l’industrie mais qui a le grand mérite de ramper devant Mme Merkel, est confirmé comme administrateur. Rappelons que c’est cet obsédé de l’euro fort qui s’était attiré les foudres de Louis Gallois, alors PDG d’Airbus, quand il était président de la BCE. L’équation était la suivante : à chaque fois que l’euro monte de 10 centimes, Airbus perd 1 milliard. Sans rancune, EADS fait de lui un de ses dirigeants. Le banquier Michel Pébereau est aussi de la partie. Cet homme a participé à toutes les orgies libérales depuis les années 1990. Dirigeant de la BNP dont il avait conduit la privatisation et la fusion avec Paribas, il a produit en 2005 un rapport aux allures de manifeste pour l’austérité dans lequel il dénonçait la « préférence française pour la dépense publique ».
Pour le reste, le nouveau conseil d’administration d’EADS reconduit Lakshmi Mittal, le grand industriel qui ne tient pas ses engagements et qui saigne aux quatre veines l’industrie de notre pays en organisant sciemment la hausse des cours de l'acier, dont pâtit d'ailleurs EADS. Doit aussi être reconduit « Sir » John Parker, dont le groupe minier britannique Anglo American spolie et maltraite les populations des pays dans lesquels il fait ses profits. Doit enfin entrer au conseil d'administration l’allemand Manfred Bischoff qui a caché aux Français les problèmes de production des usines allemandes pour l’A380 quand il était président du conseil d’EADS.
La question de la présidence non-exécutive d’EADS aura donc servi de leurre pour masquer le pillage. Pendant que les propositions de l’Etat et des dirigeants d’EADS se neutralisaient sur la question de la succession d’Arnaud Lagardère, l’abandon de l’influence de la France dans cette entreprise hautement stratégique au profit des marchés financiers était acté par la constitution du nouveau conseil d’administration. C’est finalement Denis Ranque qui fait figure de favori pour présider le conseil d’administration. Comme Lauvergeon, ce membre du Corps des Mines connaît au moins l'industrie. Mais quoi qu’en disent le gouvernement français et les dirigeants d’EADS, cette hypothèse consensuelle pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la stratégie du groupe. PDG de Thalès de 2000 à 2009, Denis Ranque s’est principalement intéressé aux activités de défense et de sécurité, au point qu’il a fermement recentré le groupe sur ces deux activités. Cela a eu pour conséquence la vente, sous sa direction, des filiales Service informatique, Navigation et Positionnement GPS, ingénierie et Conseil, électronique et composants industriels civils. Il a initié chez Thalès la logique de filialisation qu’a poursuivie Luc Vigneron. Cette logique conduit à brader des pépites de l’industrie française sur des secteurs que le monde entier nous envie. J’avais d’ailleurs rencontré fin août dernier à Grenoble les salariés de Trixell, en lutte contre le désengagement de Thalès du secteur de l’imagerie médicale. Il faut espérer que Denis Ranque ne continuera pas chez EADS ce qu’il avait commencé chez Thalès.
Ce gaspillage et cet abandon stratégique aux marchés financiers est un crève-cœur. Il se fait alors même qu’EADS aurait tant à gagner et à offrir s’il engageait les grands projets d'intérêt général dont la charge lui revient naturellement : l’investissement dans la recherche sur les nouveaux carburants, le développement de l’avion du futur, la transition écologique du transport aérien. Mais ça c’est un autre monde. Celui de l’industrie et de l’exploit technique. Rien à voir avec le monde mental des agents de la machine à cash qu’est la bande de financiers qui vient de s’abattre sur l’entreprise. Montebourg, lui, est aux abonnés absents.