Interviews
03mai 13
« Un an après la preuve est faite que Hollande est bien un « Hollandréou » »
Il y a un peu moins d’un an tu étais aux côtés de Pierre Laurent et d’Alexis Tsipras pour une conférence de presse mémorable, ici à Paris, à laquelle j’ai eu la chance de contribuer en tant qu’interprète. Lors de cette conférence Tsipras a repris le terme d’ « Hollandréou » que tu avais utilisé pendant la campagne présidentielle, au grand dam des médias grecs qui y avaient vu une -marque d’irrespect vis-à-vis du président fraîchement élu. Un an après, au vu du bilan de ce début de mandat de Hollande, penses-tu que ce terme était justifié ?
Commençons déjà par refuser aux commentateurs des médias le rôle de gardien des bonnes manières. Sur le fond maintenant, un après la preuve est faite que Hollande est bien un « Hollandréou ». Qu’est-ce qui a caractérisé en effet Papandréou ? Un programme électoral plutôt social-démocrate de gauche, ensuite un gouvernement néolibéral féroce, qui ne tient compte dans la mise en œuvre de sa politique d’aucun fait, d’aucune opposition et qui avance à la manière d’un illuminé. C’est ce qu’a fait Papandréou, qui est allé au désastre et a organisé le dépeçage de sa patrie, avant d’avoir, suite à un nème plan d’austérité, un ultime sursaut de dignité en demandant un référendum. En 48 heures, il a été congédié par les maîtres de l’Union Européenne, auxquels il ne résiste pas davantage qu’il n’avait résisté au départ aux marchés financiers et à la troïka.
03mai 13
« Le 5 mai, pour un Front du peuple des plus larges »
Pour Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, le Front de gauche, qui a les outils programmatiques et la méthode politique, doit ouvrir une perspective à gauche.
François Hollande est au plus bas dans les sondages. Comment l'expliquez-vous ?
Ce qui est déterminant, c'est la volte-face du chef l'État qui l'a amené à épouser les objectifs du Medef et à refuser quelque contrepartie que ce soit aux salariés. Cette réalité fausse tout le champ politique quand celui qui est censé représenter le changement fait le contraire. Il ne suffit pas d'avoir des opinions favorables dans le patronat pour provoquer l'adhésion des Français.
03mai 13
« Les Français sont désemparés »
INTERVIEW – Sa manifestation du 5 mai, les relations de la France avec l'Allemagne, la VI République, sa présence à la tête du gouvernement… autant de sujets évoqués avec Jean-Luc Mélenchon, l'Invité des Indés-Metro-LCI.
La manifestation à laquelle vous appelez dimanche est-elle contre la politique économique et sociale du gouvernement ?
Oui, mais c'est un tout. Nous voulons un changement de régime, une République parlementaire où l’action populaire est possible, une VIe République. Mais nous avons également deux autres mots d'ordre contre la finance et l'austérité. Nous ne sommes pas en train de tirer sur l'ambulance Ayrault. Nous pensons qu'il faut un profond changement politique.
03mai 13
« Le 5 mai, la gauche est dans la rue »
Quel bilan général tirez-vous de la première année de François Hollande à l'Élysée ?
Jean-Luc Mélenchon : C'est un bilan calamiteux. Peu d'entre nous auraient imaginé que les choses iraient si vite si mal. Au plan économique, le monde salarial n'a rien gagné, le patronat a été copieusement servi, et les trafiquants financiers ont été moelleusement protégés, y compris au moment de l'affaire Cahuzac puisque le président de la République a décidé de rendre suspects tous les parlementaires et les ministres plutôt que de publier les listes de fraudeur réels dont il dispose. Enfin, le rapport de force s'est considérablement dégradé : la résignation s’est étendue et les Solfériniens ont mis une énergie particulière à diviser la gauche. Dans cette situation, deux voies s’offrent à nous. La première, c'est celle que nous enjoignent de suivre les Solfériniens : nous aligner sur l’ANI, la politique de l'offre, les 20 milliards de cadeaux aux entreprises, et le refus de l'amnistie sociale. C’est-à-dire capituler sans condition devant leur politique. L’autre voie, que nous avons choisie, celle de l’autonomie et de l'indépendance, consiste à reconstruire le rapport de force entre la gauche, la droite et le Medef. Cette responsabilité-là, personne d'autre que nous ne l'assume.
03mai 13
« les volte-face sont telles que la gauche est en ébullition ! »
Jean-Luc Mélenchon sera à Lille ce vendredi avant de marcher à Paris dimanche pour la VIe République.
Vous espérez 100000 personnes dimanche. La faible mobilisation du 1er mai ne vous inquiète pas ?
Il est sûr que le gouvernement a réussi à diviser profondément la gauche sociale et la gauche politique, ce qui ne joue pas en notre faveur. En revanche, il y a beaucoup de gens à gauche qui sont indignés par les volte face du gouvernement, notamment sur l’amnistie sociale ou sur les licenciements boursiers, et par le fait que les rues ont été occupées ces dernières semaines par les opposants au mariage pour tous. Il y donc l’envie de montrer qu’il y a une gauche politique dans ce pays et qu’elle ne se réduit pas aux avatars Ayrault et Hollande.