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 Interviews

09avr 14

Interview parue dans Sud-Ouest le 9 avril 2014

Jean-Luc Mélenchon : « Valls ne pourra rien faire »

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Candidat aux européennes dans le Sud-Ouest, le co-président du Parti de Gauche appelle à un nouveau vote sanction contre Hollande.

Sud Ouest. Que pensez-vous de ces députés socialistes qui ont demandé à Manuel Valls un contrat de majorité, menacé de s’abstenir sans toutefois prendre le risque de mettre le gouvernement dans l’ornière ?

Jean-Luc Mélenchon. Ces députés montrent une certaine capacité d’écoute des électeurs et des militants socialistes excédés par la politique de François Hollande. Mais pourquoi n’ont-ils pas le courage d’aller au bout de leur pouvoir ? Ainsi en ne votant pas en fonction de leurs convictions, ils révèlent la logique de la Vème République : le monarque décide à leur place et ils acceptent servilement. Samedi prochain, nous organisons une marche nationale « Trop, c’est trop ». C’est aussi leur message, non ? Viendront-ils ou ne viendront-ils pas ?

Que dites-vous à ces députés socialistes : « rejoignez-moi et recomposons la gauche » ?

Je ne procède pas par ultimatum. J’interpelle leur réflexion et ce qu’il leur reste de cohérence. Ils ont en eux la solution positive : qu’ils prennent la tête du changement de politique puisqu’ils sont les plus nombreux au Parlement.. Est-ce que ça doit passer par leur départ du PS ? Ce n’est pas obligatoire. Mais qu’ils prennent l’initiative d’un mouvement autour d’eux pour faire naitre une nouvelle majorité de gauche. Dans ce cas là, je pense que les écologistes comme nous, saisirions l’occasion au vol. Nous les suivrions. Nous ne sommes pas sectaires. Même plus : je suis disposé à tout moment à m’effacer dès lors que ce que je défends est retenu : une rupture absolue avec les politiques d’austérité et un passage franc et clair à l’éco-socialisme. 

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03mar 14

Entretien paru dans la Dépêche du Midi du 1er Mars 2014

«Je veux dire aux Français qu’une autre politique est possible»

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Co-président du Parti de gauche et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012, l’eurodéputé Jean-Luc Mélenchon était hier à Montauban et sera aujourd’hui à Toulouse puis à Auch.

Comment vous impliquez-vous dans cette campagne des municipales ?

Je suis un jour sur deux en déplacement pour aider les listes autonomes d’alternative de gauche. J’estime que ma participation à cette campagne est vécue comme un coup de main et un signal adressé à tous ceux qui ont voté avec nous à la présidentielle pour les inviter à renouveler leur vote. C’est un moment où notre mouvement politique est en train de s’enraciner.

Pourtant, il y a des divergences de stratégies entre le PCF qui part souvent avec le PS sur des listes d’union et le Parti de gauche qui plaide pour des listes autonomes ?

Le paysage s’est stabilisé. Le PCF a fait des choix différents suivants les localités. On fait avec cette réalité ; on essaye de ne pas envenimer la divergence… Ce qui est stimulant et excitant dans cette campagne c’est présenter nos solutions. On est dans la réalité concrète (l’eau, les transports, etc.). Il y a beaucoup de discussions avec les citoyens et personne ne nous interroge sur les différences entre le PCF et nous. Pour les gens, il y a les listes du PS et celles de la gauche alternative, c’est simple.

Le scrutin est local mais il aura une lecture nationale. Ne pensez-vous pas que ces divergences vont avoir des conséquences sur l’avenir du Front de gauche ?

Bien sûr. Cela va nous porter un coup. On va même en recevoir deux : le premier sera que les Communistes partis avec le PS nous feront défaut ; et le 2e venant du ministre de l’Intérieur qui considère qu’un maire sortant PCF est étiqueté liste d’union de la gauche. Manuel Valls essaie d’effacer l’ampleur de la sanction que les Socialistes vont prendre mais aussi la nature des relations entre l’influence du Front de gauche et celle du PS.
Dans cette campagne, nous mettons la lumière sur des endroits qui nous paraissent significatifs car ils vont exprimer l’influence du Front de gauche. A Toulouse, à Rodez, nous avons des listes : on pourra nous juger sur pièces.
Mais si je me déplace à Toulouse, c’est aussi en raison de la manif du 1er mars «Ensemble pour une autre répartition des richesses pour gagner le progrès social». Je crois beaucoup que l’avenir pour nous est dans la combinaison de la rue et des urnes. A Toulouse, il se passe quelque chose : à l’initiative d’une organisation syndicale s’est constitué un front extrêmement large de contestation de la politique d’austérité.

Vous aviez dit que vous seriez prêt à remplacer Jean-Marc Ayrault. Avec le virage social-démocrate de François Hollande, cette perspective s’est éloignée ?

J’ai dit que nous saurions gouverner le pays. Nous ne sommes pas une gauche de protestation, de posture ; nous sommes une gauche de gouvernement. On a une ligne, un programme, des idées et personnellement je saurai comment faire. Mais clairement, ce ne serait pas pour faire la politique de l’offre, mais celle de la demande.
Depuis le début, je dis que la politique d’austérité aggravera le déficit de l’État et que toutes les mesures qui sont prises aggravent les difficultés sociales. Pas besoin d’être un aigle pour voir que c’est bien mon pronostic et mon diagnostic qui se vérifient : l’activité se ralentit, les recettes sont moindres, le déficit se creuse. Je veux dire aux Français qu’on peut faire autrement.

Vous n’attendez donc rien du prochain remaniement ?

Le président de la République n’est pas que le chef d’un parti, il peut s’intéresser à toute la gauche qui l’a porté au pouvoir mais il a fait le choix de la droite de la gauche. Le choix que fait François Hollande est un durcissement à droite de sa politique ; pas un jour ne passe sans le confirmer. On le voit bien avec l’embrigadement de toutes les composantes de la majorité gouvernementale à laquelle il procède avec son pacte de responsabilité. Je suis inquiet car dans le pays la misère se répand, la souffrance sociale est immense et les jeunes générations considèrent que ce système ne leur offre pas d’avenir.

Propos recueillis par Philippe Rioux


28nov 13

Interview parue dans Direct Matin du 28 novembre 2013

« Ceux qui feront les moutons, Hollande les tondra ! »

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Pourquoi organiser une marche pour la révolution fiscale dimanche prochain ?

Il faut crier notre refus de l’augmentation de la TVA, à partir du 1er janvier. Elle est destinée à financer le crédit d’impôt compétitivité. C’est un cadeau de vingt milliards fait aux actionnaires des entreprises ! Cent euros par personne, enfants compris. Quatre cent euros par an pour une famille de quatre personnes ! Ensuite nous manifestons il faut manifester pour peser sur la remise à plat du système fiscal qui est annoncée. Qui va payer demain ?

La hausse de la TVA était programmée depuis longtemps. Pourquoi vous mobiliser seulement maintenant ?

Les esprits ont muri. Maintenant, beaucoup comprennent que cette politique fiscale ne mène nulle part. Les gens n’en peuvent plus. Ils sont dans le rouge de plus en plus tôt dans le mois ! Si on ne fait rien, le gouvernement se sentira encouragé. Ceux qui feront les moutons, Hollande les tondra ! Il se dira : s’ils ne vont pas à la marche dimanche prochain, c’est qu’ils sont d’accord pour payer.

Les Bonnets rouges manifesteront de leur côté samedi. Pourquoi les critiquez-vous?

Les Bonnets rouges sont c’est un mouvement au service du patronat local et de l’agriculture productiviste. Leur mobilisation sert l’intérêt particulier de ceux qui font déjà le malheur des départements bretons. Je condamne leur violence. Brûler et saccager, est inadmissible. Ca discrédite l’action de rue ! J’appelle à ne pas le faire.

Comment transformer ces grognes sectorielles en révolte pour l’intérêt général ?

Il y faut de l’éducation populaire et cette manifestation… Quand la situation va mal, la tendance est au chacun pour soi. Ce que nous proposons, c’est l’inverse. C’est tous pour un, en quelques sorte. Nous n’aurons qu’un drapeau, ce ne sera pas celui d’une province, mais celui de l’intérêt général. Il faut se sortir de la crise tous ensemble, par la solidarité et le partage

Que pensez-vous de la «remise à plat fiscale» proposée par Jean-Marc Ayrault ?

Nous allons faire l’effort de le prendre au sérieux et de croire qu’il a vraiment l’intention de la faire. Mais je mets le Premier ministre en garde. Si c’est pour faire un tour de passe-passe de communication, comme d’habitude, il lui en cuira. Les français ne sont pas des imbéciles si facile à gruger ! Il est donc important d’aller manifester. Le gouvernement ne doit pas réserver sa tendresse au patronat ! Il doit respecter les familles : elles n’en peuvent plus !

Si vous étiez chargé de la réforme fiscale, quel serait votre priorité numéro un ?

L’impôt doit être général : tout le monde doit payer. Ensuite il doit être progressif. Entreprises ou de particulier : qui gagne le plus paye le plus ! Au lieu de cinq tranches d’impôt, il en faut quatorze pour soulager la classe moyenne. Rien que ça, c’est déjà la révolution !

Face à l’impopularité du gouvernement, pourquoi est-ce si difficile pour le Front de gauche d’exister ?

Le moment est plus dur qu’il ne l’a jamais été. Mais j’ai toujours dit que ce serait, un, la saison des tempêtes, deux, l’heure des caractères. Pour ça, il faut des gens qui tiennent bon, qui gardent leur cap. Si la manifestation du 1er décembre inspire confiance c’est que les gens l’identifient à quelqu’un, à un Front de gauche qui ne cédera pas. C’est notre grande force. Peut-être la seule.

D’après le Premier ministre grec, le pays commence à voir « le bout du tunnel », est-ce que cela ne veut pas dire que, quelque part, tous les plans d’austérité qui lui ont été imposés ont permis à la situation de s’améliorer ?

C’est un fumiste. Ce propos est très politicien. Il fait une tache déshonorante : la production de son pays s’est écroulée de 20% depuis qu’il applique dans son pays les ordres de madame Merkel. Grecs, espagnols, portugais souffrent comme jamais ! Accès aux soins, espérance de vie en bonne santé, tout ce qui fait la vie quotidienne va mal. C’est un vrai recul de civilisation dans ces pays.

Comment expliquer que le FN soit donné si haut dans les intentions de vote pour les élections européennes et comment le combattre ?

Les partis centraux, le PS et l’UMP, non seulement sont incapables de dominer la crise mais persistent dans des méthodes qui martyrisent nos peuples. Les citoyens Français sont donc au pied du mur. Ils ont à choisir de quelle manière sortir de la crise. Soit ils pensent que le problème c’est le banquier soit ils pensent que c’est l’immigré. Le Front de Gauche ou le Front national ? Le Pen, c’est le diable de confort du système qui le sort à chaque élection pour faire peur à tout le monde. Le champion de cette technique est le parti socialiste. Le rêve de François Hollande c’est un deuxième tour entre lui et Madame Le Pen. Moi, je ne mène pas des combats en fonction de la probabilité de les gagner. Je les mène parce qu’ils sont justes.

Propos recueillis par Chloé Démoulin


14nov 13

Interview publiée sur Mediapart le 10 novembre 2013

Jean-Luc Mélenchon: « Il ne faut pas se tromper de colère »

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De l'art de susciter la polémique. En traitant de « nigauds » les manifestants de Quimper, Jean-Luc Mélenchon a violemment opposé les « bonnets rouges » aux partis et syndicats qui ont défilé le même jour à Carhaix. Au risque de se couper d'un mouvement social qui cristallise une partie de la colère des électeurs, y compris de gauche. Vendredi, il a proposé une marche pour la « révolution fiscale » le 1er décembre. « Il y a un grand danger à répondre à l'appel des évêques, de l'UMP, du Front national ou encore des Identitaires, pour abattre une taxe de l'État » , persiste l'ancien sénateur, qui revendique de « créer de la conflictualité » . Entretien.

Vous venez de proposer l'organisation d'une marche le 1er décembre pour la révolution fiscale. Pourquoi ?

C'est une question de cohérence. Les Français ont porté au pouvoir en mai 2012 un gouvernement de gauche. Ils pouvaient donc s'attendre à ce que soit mise en oeuvre une politique de gauche. Il en existe certes de nombreuses variétés, mais elles ont toutes, habituellement, un dénominateur commun : elles visent à promouvoir une politique de la demande, dont la logique est la satisfaction plus ou moins étendue des besoins de la société, et non une politique de l'offre, dont la logique est de produire n'importe quoi, n'importe comment sur le plus grand marché possible.

Or le chef de l'État a décidé une bifurcation majeure en optant pour une politique de l'offre qui aggrave une redistribution à l'envers sans précédent, au détriment du travail et à l'avantage du capital. Ici, ce sont 20 milliards d'euros supplémentaires qui vont être apportés au capital sous la forme de crédit d'impôt (le crédit d'impôt compétitivité, CICE – ndlr) ; et en contrepartie, ce sont 20 milliards d'euros qui vont être ponctionnés dans la poche des Français, soit 10 milliards sous forme de coupes dans les crédits publics, 3 milliards sous forme de fiscalité écologique et 7 milliards sous forme de hausse de la TVA. Dans le cas précis de la TVA, pour les Français, cela équivaut grosso modo à une ponction d'un peu plus de 100 euros par tête de pipe.

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14nov 13

Interview parue dans Paris Match le 7 novembre 2013

« Les footballeurs jouissent déjà de privilèges inouïs »

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Le leader du parti de Gauche dénonce le poids de la fiscalité sur les classes moyennes et populaires.

Que dites-vous aux clubs de football, qui grognent contre la taxe à 75% ?

C'était un impôt, c'est devenu une taxe. Hollande a inventé tout ça pour me faire pièce pendant la campagne. Avec le système fiscal que j’avais proposé, soit 14 tranches d’impôt sur le revenu, il n’y aurait pas eu de revenu supérieur à 300000 euros dans notre pays.

Mais si vous étiez-vous en responsabilité, que feriez-vous ?

Je signale que les footballeurs jouissent déjà de privilèges inouïs, comme le fait de ne pas payer de cotisations sur leur droit à l’image, alors qu’ils coûtent très cher à la sécurité sociale. Si j’étais à la tête du pays, ceux qui ne paient pas leurs impôts en France n’aurait de toute façon pas le droit de jouer en équipe nationale.  Mais les vrais soucis des gens, ce ne sont pas les footballeurs, c’est ce qu’ils payent eux : les classes moyennes supportent désormais l’essentiel de l’effort fiscal !

C’est assez inhabituel de vous entendre dénoncer le poids de la fiscalité…

On discrédite l’impôt quand on l’utilise aussi mal que le pouvoir actuel. L’impôt juste, c’est "celui qui gagne le plus paye le plus". Ce n’est pas le cas dans notre pays, où les riches se font une spécialité de l’optimisation fiscale. L’impôt sera d’ailleurs la cause de la déflagration politique qui va se produire dans notre pays, comme pour toutes les révolutions qu’il a connues par le passé.

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