Textes politiques, tribunes
25nov 11
Message de Jean-Luc Mélenchon au 45e congrès du Syndicat de la Magistrature
Cher-e-s ami-e-s, Cher-e-s camarades,
Je vous remercie de votre invitation. Je ne peux être parmi vous aujourd'hui car j’ai pris de longue date un engagement en Bretagne. Mais soyez assurés que les animateurs du Front de Gauche analyseront avec soin les conclusions de vos travaux.
La résolution dont vous discutez appelle à une "révolution judiciaire". Le Front de Gauche souhaite une révolution citoyenne. Elle ne laissera pas de côté nos tribunaux, croyez-le bien. Nous avons donc bien plus qu'un mot en commun. Mais déjà, ce mot. Quel mot ! Une "révolution" ! L’ordre établi n’est plus conforme, selon nous, aux exigences de justice d’un peuple émancipé.
04nov 11
Le mythe du modèle allemand
Le « modèle allemand » est la nouvelle coqueluche. Nicolas Sarkozy s'enthousiasme : « Tout mon travail, c'est de rapprocher la France d'un système qui marche, celui de l'Allemagne. » Une fascination partagée par l'entourage de François Hollande. Test : les investisseurs font-ils davantage confiance à l'Allemagne qu'à la France ? Non. La France est largement devant l'Allemagne pour les investissements directs étrangers : plus de 1 milliard de dollars en France contre 674 millions en Allemagne, selon les statistiques publiées par la Cnuced. Les Allemands sont-ils meilleurs que nous en matière de dette ? Non. En 2010, l'Allemagne avait une dette de 83,2 % du PIB contre 81,7 % pour la France, selon Eurostat. L'Allemagne est donc tout autant que la France en dehors de la limite des 60 % du PIB exigée par le Pacte de stabilité. La croissance allemande est-elle meilleure que chez nous ? Non plus. Sur la dernière décennie, elle a été inférieure à celle de la zone euro et moindre qu'en France. D'ailleurs, le « modèle allemand » n'a pas protégé ce pays de la crise : avec une chute de 4,9 % du PIB, il a subi en 2009 une récession deux fois plus importante qu'en France. L'embellie en 2010 est donc un rattrapage. Au final, par rapport à 2008, l'Allemagne marque encore un retard de croissance plus grand qu'en France.
26oct 11
Cher François Hollande, chère Eva Joly, chère Nathalie Arthaud, cher Philippe Poutou,
La question du recours à l’énergie nucléaire divise la gauche. Cette situation paralyse la réflexion et l’action sur l’enjeu majeur de notre temps pour l’humanité. Car elle fait perdre de vue l’objectif commun : sortir des énergies carbonées. Notre génération a le devoir de ne pas se laisser enfermer dans l’impasse actuelle. La catastrophe écologique qui s’avance est sans doute la manifestation la plus terrible de l’aberration à laquelle conduit le mode de développement dominant. Les scientifiques s’accordent pour dire que les énergies carbonées aggravent le changement climatique dans des conditions qui ne tarderont pas à devenir immaîtrisables. Mais nous connaissons aussi les risques et les servitudes liés à l’utilisation de l’énergie nucléaire. Nul parmi nous ne les nie. Nous pouvons tous également anticiper la raréfaction puis l’épuisement des ressources en énergies fossiles. Hélas, rien n’est fait pour parer au problème. Alors même que ces processus menacent les conditions de la vie humaine sur Terre, le capital financier qui dicte aujourd’hui sa marche au monde ne se préoccupe que de ses profits à court terme. Il pousse même parfois le cynisme jusqu’à se prévaloir d’un « capitalisme vert » qui amnistierait le productivisme de ses tares.
27juin 11
Dialogue social : la loi doit primer sur le contrat
Pour réhabiliter le dialogue social, François Hollande veut l'inscrire dans la Constitution. Son idée revient à instituer l'État corporatif. Car il propose de doter les " partenaires sociaux ", autrement dit les patrons et les représentants des salariés, " d'une véritable autonomie normative ". Avec des conséquences très lourdes : " Le gouvernement et le Parlement seraient juridiquement liés par le contenu de conventions signées entre partenaires sociaux. " Les conclusions d'une négociation privée de gré à gré entre patronat et syndicats pourraient s'imposer à tous avec force de loi.
11mai 10
Un partage ruineux entre capital et travail
En réplique à une tribune du banquier Jean Peyrelevade publiée dans le Monde du 28 avril, voici la tribune de Jean-Luc Mélenchon publiée dans le Monde du 11 mai 2010.
Déficit des retraites ou crise de l’euro : tout revient à la question de la prédation croissante que la finance opère au détriment du travail sur la richesse produite. L’appauvrissement des Etats, comme des particuliers, et les dettes qui en résultent n’ont pas d’autre origine ! C’est cette réalité que Jean Peyrelevade couvre d’opprobre : «Démagogie», «mensonge», «réalité travestie» (Le Monde du 28 avril).
Le constat est pourtant établi avant même le déclenchement de la crise. Dans un entretien au Financial Times (septembre 2007), Alan Greenspan, l’ex-président Réserve fédérale américaine, observait lui aussi cette « caractéristique très étrange » du capitalisme contemporain : « La part des salaires dans le revenu national aux Etats-Unis et dans d’autres pays développés atteint un niveau exceptionnellement bas selon les normes historiques.» Lire la suite »